Chapitre 11

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Voilà plus de deux semaines qu'Ana n'a pas vu Mehdi, depuis le fameux jeudi soir. Quand Nat est à la maison, c'est hors de question. Ce n'est pas l'homme le problème, Ana est sûre que sa fille serait heureuse de la savoir avec quelqu'un. Non, le problème, c'est toujours le même, c'est le jeune homme.

Le vendredi, elle est rentrée tard de son repas de fin d'année, et le samedi, elle s'est rendue à la fête d'anniversaire d'une de ses amies et vu son taux l'alcoolémie, elle est restée dormir là-bas. Ce dimanche soir, c'est sa dernière soirée seule avant le retour de Nat, qui ne retournera pas chez son père avant le mois d'août, elle hésite un peu à la sacrifier, mais en même temps, elle sait que si elle ne saisit pas cette occasion, elle ne reverra pas son amant pendant plus d'un mois. Elle attend toujours la dernière minute, comme pour vérifier qu'il est à sa disposition. Pour l'instant, il ne lui a jamais fait faux bond. Quand elle le contacte, il est toujours là dans l'heure.

De Ana : Libre ce soir ? Dernière soirée possible avant au moins six semaines.

De M. : Je termine de mangé et cé bon. Sa te dis d'allé boire 1 verre ?

De Ana : Non. Chez moi quand tu veux.

De M. : T sur ? On sor jamais... ya une rhumerie ka ouver + loin ds ta rue, se serait sympa.

De Ana : Je ne veux pas boire, je veux m'envoyer en l'air.

Ana hésite un peu avant d'appuyer sur la flèche verte, ces mots crus, cette brutalité, ça ne lui ressemble pas, mais elle veut clore la discussion, et elle connaît assez le jeune homme pour imaginer le genre de réaction que va immédiatement provoquer la lecture de son message. Le pauvre, il est probablement en train de dîner avec ses parents. Tant pis pour lui, il n'a qu'à pas utiliser son téléphone à table.

En l'attendant, elle se sert un verre de rosé, et puis va se rafraîchir dans la salle de bains, enfile sous sa robe un ensemble de lingerie plus élégant que les sous-vêtements de coton qu'elle portait aujourd'hui. Il ne se passe même pas une demi-heure avant qu'elle n'entende tambouriner de manière insistante à la porte.

— Tu as fait vite... sourit Ana en ouvrant.

Mais Mehdi ne sourit pas. Les yeux noirs incandescents, il s'avance dans l'appartement, faisant reculer la jeune femme, jusqu'à l'acculer à la console de l'entrée. D'un coup de pied, il claque la porte derrière lui. Il porte un maillot de foot et un short, Ana a horreur de ça et il le sait, mais elle comprend qu'il n'a simplement pas pris le temps de se changer. D'un geste impérieux, il prend possession de sa bouche pour un baiser violent, passionné, en même temps qu'il relève sa robe sur ses hanches, baisse leur dessous et se protège, puis, soulevant Ana, il la dépose sur la petite commode où il la prend, brusquement, sans tendresse, ce qu'elle veut après tout. Il jouit bien trop vite pour qu'Ana n'ait le temps de ressentir le moindre prémisse d'orgasme mais ce n'est pas grave, elle a eu ce qu'elle voulait. C'est la première fois qu'elle fait l'amour si sauvagement. Avant Mehdi, il n'y avait eu que Xavier et des rapports policés, missionnaires bien propres, c'est... intéressant de changer un peu. Susciter un désir si violent de la part de ce beau garçon qui peut se taper toutes les nanas qu'il veut vaut bien n'importe quel orgasme, et alors qu'il reprend son souffle, haletant contre son épaule, elle se surprend à le serrer contre elle, à déposer de petits baisers dans son cou.

— Pardon, souffle-t-il d'une voix erratique. Pardon, je ne sais pas ce qui m'a pris, tu m'as rendu fou avec ton message, mais je n'aurais pas dû...

— Mehdi, c'était parfait, assure Ana en plantant ses yeux dans les billes noires de son amant.

Elle le repousse gentiment, puis saute de la console, redescend sa robe pour couvrir sa nudité et se retourne pour se recoiffer dans le miroir de l'entrée. Brûlante, puis douce et la seconde suivante à la limite de l'indifférence. Combien de femmes en elle ? Mehdi suit ses gestes, un peu désorienté, avant de se débarrasser de sa capote et de remonter fissa son short toujours sur ses chevilles.

Colin Maillard et chat perchéМесто, где живут истории. Откройте их для себя