Chapitre 47

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Ana est enchantée de son week-end. Elle avait beau redouter la venue du petit ami de Nat, la présentation officielle et surtout la nuit que les jeunes tourtereaux allaient passer ensemble, finalement, ça a été. Le jeune Lucas est arrivé à dix-neuf le samedi, avec dans la main une boîte en carton contenant des éclairs. Ça a plu à Ana, qu'il ne vienne pas les mains vides, et elle préfère les pâtisseries aux fleurs, ça fait moins lèche-bottes, et de toute façon, les fleurs c'est joli trois jours, puis ça fane, ça pourri, il faut les jeter et laver le vase. Les éclairs, on les mange, et puis c'est tout.

Elle avait préparé des lasagnes, classique, et les deux adolescents se sont régalés. Lucas est un jeune homme simple et poli, plutôt beau garçon, grand et blond comme les blés, assez vite à l'aise sans devenir familier, ça aussi, ça a plu à Ana. Natacha était charmante, heureuse que la rencontre se passe aussi bien, et des efforts de sa maman. Ana a bien eu un pincement au cœur quand les deux jeunes sont allés s'enfermer dans la chambre de Nat après avoir débarrassé la table. Elle aurait bien proposé une soirée télé, ou un jeu de société, mais elle sait que les deux adolescents ont juste envie de se retrouver seuls. Alors, elle s'est servi juste un petit verre de vin, et a mis la télé, sa série du moment, « Good Girls », une histoire de mères de famille bien sous tous rapports qui frayent avec un gang.

Lorsqu'elle est allée se coucher, les deux jeunes n'avaient pas reparu, elle a mis des boules Quiès par mesure de précaution.

Ils se sont levés vers neuf heures trente, Ana était déjà habillée et maquillée, pas envie de partager l'intimité du réveil avec le jeune homme, aussi charmant soit-il. Dans son pyjama, sans gel dans les cheveux, il faisait plus jeune encore que la veille.

Ce sont des enfants, s'est dit Ana, pour la centième fois, sans jamais comprendre pourquoi ils sont si pressés de jouer aux adultes. Puis, à Lucas, qui trempait les lèvres dans son chocolat chaud :

— Tes parents ne sont pas mal à l'aise qu'à ton âge tu dormes chez ta copine ?

— Maman ! s'est offusquée Natacha.

— Je peux poser des questions, non ? Vous n'avez quand même que quatorze ans.

— Je... je ne leur ai pas dit, a répondu Lucas en se mordant les lèvres devant les bras croisés et les sourcils froncés d'Ana. Ils croient que je dors chez mon copain Ethan.

— Hum... ça ne me plaît pas beaucoup. Écoute Lucas, tu seras le bienvenu ici de temps en temps, pas tous les week-end, hein, ajoute-t-elle avec un regard vers sa fille, mais ça ne me gêne pas que tu passes la nuit-là à l'occasion. Mais la prochaine fois, je veux que tu dises la vérité à tes parents. S'ils ne sont pas d'accord, il est hors de question que je t'héberge.

— D'accord, madame, a répondu le jeune homme, la tête basse.

— Nat, ne me regarde pas avec cet air furieux. Je veux bien être cool, mais là on parle de respect et de mensonge. Quand tu m'as parlé de Lucas, souviens-toi de ce que je t'ai dit à propos de l'honnêteté. Je pense que le mieux serait d'organiser un dîner tous ensemble. Lucas, vois ça avec tes parents, dans deux semaines, ça pourrait être idéal.

***

Lucas est rentré chez lui en fin de matinée, ses parents l'attendaient pour le repas dominical. Les ados se sont embrassés longuement, sans pudeur, dans l'entrée. Incroyable, a pensé Ana. Jamais elle n'aurait fait ça devant ses parents. Le reste de la journée s'est déroulé sans heurt. Natacha, de bonne humeur et bien décidée à convaincre sa mère de renouveler l'expérience, était tout sucre et miel, et la maman, de son côté, bien heureuse de l'influence de Lucas sur sa fille.

Colin Maillard et chat perchéWhere stories live. Discover now