Chapitre cent douze

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Point de vue de Jared.

Je chancelle à la rencontre de son poing qui s'enfonce brutalement dans ma joue une deuxième fois. Le problème avec Marvin c'est qu'il est imprévisible comme garçon. Tu peux être son ami, son frère ou même son père, une fois qu'il est en colère il ne distingue plus rien. Je mange cette poudreuse dégoûtante une fois seulement parce que je suis en train de reprendre l'avantage à cette bagarre à la con. Plus de voiture, plus de Randy et plus de cigarette, là c'est certain on est dans la merde.

— Salut les nazes, je suis toujours là.

Mon poing s'arrête automatiquement avant ma cible en entendant la voix de Randy derrière nous. Je me retourne en regardant le petit copain de ma fille qui sourit comme un con.

— Putain il y a son fantôme..

Marvin encore allongé dans la neige s'appuie sur ses coudes en reculant.

— Il est pas mort, tu es con ou quoi ? Râlai-je en me redressant.

— Il a dévalé la pente noire, comment il pourrait être encore vivant ?

Randy retire son ski en levant les yeux au ciel avec agacement. Putain apparement nous ne sommes pas de bons meurtriers comme dans nos plans de l'après-midi. J'ai honte en faisant mine d'être content qu'il soit là, si ce con raconte à Ella et à June nos envies de le perdre dans la forêt, je suis un homme mort.

— Je suis content que tu sois là Randy. Dis-je en donnant un petit coup de coude hypocrite. Marvin a souvent des idées à la con, c'était juste une blague.

— Oui j'imagine, ça serait bête que June apprenne ce malheureux incident.

Marvin me regarde du coin de l'œil avant de se mettre derrière moi comme office de barrière. Il ne veut pas prendre de risque, on ne sait pas de quoi ce gosse de seize ans est capable. Bizarrement à la façon dont il nous regarde, je comprends facilement qu'il tente du chantage.

— On a plus de caisse et nous sommes à presque vingt kilomètres du chalet. Soupirai-je en montrant d'un doigt notre voiture complètement cassée.

— Il faut se mettre en route, il va bientôt faire nuit.

Je ne compte plus les heures de marche qui nous restent à faire avant de rejoindre le chalet. J'ai les pieds certainement violet des températures extérieures et je ne sens même plus ma lèvre a cause de la poigne de mon meilleur pote qui reste bizarrement très silencieux. Il fait déjà nuit et nous ne savons pas vraiment où nous sommes dans cette gigantesque forêt. Des bribes de souvenirs me reviennent en tête, cette nuit-là pendant notre road-trip avec June, elle avait trouvé notre chienne Holly. Je crois que ma femme n'a jamais vraiment fait le deuil de cette boule de poils mais elle a été heureuse avec nous, c'est le principal.

— Je crois que tu as besoin de points de sutures.

Randy pointe du doigt ma bouche.

— Du fil à couture et le problème est réglé.

Ma blague fonctionne, son visage change soudainement de couleurs. Je ne le cerne pas facilement ce gamin, il me ressemble beaucoup à son âge.

— Tout doux gamin, il rigole avec toi. Ricane Marvin en s'allumant notre dernière cigarette. Il va falloir te faire à notre famille si tu veux ta place.

— Je prends tout.

Les yeux rivés dans la poudreuse, je le regarde perplexe en ne comprenant pas vraiment où il veut en venir.

— Explique toi.

— Je vois ma mère qu'une fois de temps en temps en psychiatrie. Soupire-t-il en attrapant la cigarette de Marvin. Votre famille est cool.

— Et ton père, il est où ?

J'ai appris à aimé vraiment depuis la naissance de notre fille. Elle venait de naître et June avait besoin que je sois pleinement investie pour se remettre de sa chute et depuis ce jour-là ma vie a totalement changé en mieux.

— Je ne le connais pas, il est partit à ma naissance.

Mon coeur devient douloureux en entendant ses mots. Randy n'a pas de famille parce que son père est un lâche et sa mère une folle en psychiatrie. Où vit-il tout le reste du temps quand il n'est pas avec nous ?

— Où est-ce que tu vis ? Demande machinalement Marvin à ma place.

Je suis incapable de faire un pas de plus en attendant qu'il daigne nous dire la vérité. Je culpabilise soudainement d'être a ce point égoïste.

— Je travail à mi-temps dans une station service. J'habite chez ma grand-mère dans un studio à Brooklyn.

— Donc tu ne vas plus en cours ?

— Non, il faut que je m'occupe d'elle.

Je suis en train de prendre doucement conscience de la chance que nous avons de vivre aussi confortablement. Anciennement populaire grâce à Massey's industrie et mes shooting photos, pas une fois je me suis retrouvé dans un situation aussi critique. Randy s'occupe de sa grand-mère à tout juste dix sept ans et assume tout financièrement avec un job à mi-temps dans une station service.

— J'ai peut-être quelque chose pour toi.

— Non merci, on a peut-être pas de fric mais on est heureux. Me dit-il soudainement en balayant l'air d'un revers de la main. Vous ne connaissez que l'argent, il n'y a que ça qui compte dans vos vies.

Marvin et moi nous regardons silencieux en sachant qu'il a raison. Chalet, belle voiture, superbe villa dans New-York. Le luxe est notre mode vie quoi que nous puissions en dire.

— J'ai construit ma propre famille, maintenant je suis certainement le plus heureux du monde et pas grâce à mon argent.

— Ouais il a raison Randy, on a une belle vie, l'argent aide bien mais c'est surtout grâce à nos choix qu'on a tout ça.

Le silence revient et nous retrouvons après presque cinq heure de marche notre chalet. En passant la porte, June me saute dans les bras en s'agrippant à ma nuque de soulagement.

— Putain mais vous êtes vraiment trop cons..

Les nerfs lâchent, ses larmes coulent de plus belle en attrapant la main de Marvin pour qu'il nous rejoigne dans un câlin collectif. Ella court rejoindre Randy qui demeure silencieux devant la porte en nous regardant timidement. Le garçon redevient celui qu'il est habituellement sans rien paraître mais cette fois-ci, je ne compte pas le laisser tomber.

— Enfin a la maison..

My only one Wo Geschichten leben. Entdecke jetzt