Partie trois

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Les chapitres s'achèvent mais cela ne veut pas dire qu'ils s'effacent.

J'attrape une coupe de champagne après plus d'une heure à la recherche de ma frangine dans le Manhattan club. Je voudrais que quelqu'un m'attende quelque part, n'importe où tant que je ne suis pas seule dans cette pièce immense avec des personnes qui me marche constamment dessus comme une vulgaire serpillière. Je me faufile dans cette vague de monde en trouvant un tabouret encore disponible. Je ne comprends pas ce qui pousse tout le monde à rejoindre l'entrée de la discothèque.

— Il y a quelque chose d'important ?

Je fixe une jeune femme blonde qui sort un mouchoir de sa poche en se tamponnant le dessous des yeux.

— Français ? Me demande-t-elle en masquant un petit rire sous sa tonne de rouge à lèvre. Désolée chérie, je ne connais absolument rien à la langue.

Ah oui j'avais presque oublié.

— Qu'est-ce qu'il se passe ?

Mon accent est encore introuvable même avec mon application au prix exorbitant pour apprendre plus facilement la langue anglaise. Elle me sourit, je vois qu'elle a de la peine.

— Jared Collins est dans le parking, il va faire des autographes apparement.

— Je ne connais pas..

A la manière d'un extraterrestre, elle me regarde presque choquée en me donnant une deuxième coupe de champagne alors que je n'ai même pas terminé la première.

— Le mannequin, merde.. ça ne te dit vraiment rien ? Me demande-t-elle déçue. Admire le spectacle alors.

Je fixe l'embrasure de la porte en me demandant la raison la plus probable d'un attroupement comme celui-là. Un mannequin ? Et alors ? Je comprends soudainement mieux ce qui se passe dans la tête de ses groupies après que la vedette en question franchisse les lieux comme une de ses stars hollywoodiennes.

— Regarde le bien ma belle, ce garçon est une espèce en voie de disparition.. Me dit-elle en sautant de son  tabouret. Tu viens ?

Je reconnais automatiquement celui qui couvrait mon magazine de la veille avec cette superbe photographie. Il est encore mieux sous nos yeux, ce qui est franchement rare. D'habitude ça passe toujours mieux avec du Photoshop mais là, il vaut vraiment un bon coup d'œil. Des grands yeux verts sous des cils infinis et cette mâchoire carré qui ne demande qu'à être embrassé.

— Allo, tu viens avec moi ?

La jolie blonde agite une main sous mes yeux en me sortant net de mon rêve.

— Non, merci.

Je ne suis pas une groupie et je n'oublie pas son insolence dans les nombreux interviews. Il est peut-être incroyablement charmant, vivre avec une cuillère en argent dans la bouche, c'est pas ce qui m'attire.

— Ah bah te revoilà, tu m'as presque fait attendre !

Angelina passe son bras sous le mien en se dandinant comme une vielle alcoolique qui cherche de la chaire fraîche.

— Ça fait plus d'une heure que je te cherche, alors ne retourne pas la situation.

Ça devrait être interdit de boire autant. Elle pue le whisky ou je ne sais quoi comme boisson que j'ai un soudain haut-le-cœur.

— Oh c'est bon, arrête d'être aussi terre à terre. Elle me donne un verre en rajoutant quelques glaçons dans le liquide brunâtre. Alors, tu veux qu'on s'approche du beau mâle ?

— Non sans façon, il est vraiment ridicule.

Elle ne me laisse pas vraiment le choix en me poussant brutalement jusqu'à la file d'attente interminable. De ses hauts talons, madame qui se croit tout permis, bouscule maladroitement une bonne petite dizaine de femmes en rappelant à tout le monde qu'elle est prioritaire.

— On rentre à la maison, s'il te plaît..

Je parle à voix basse en tirant plus fortement son avant-bras mais j'imagine que nous n'avons plus le temps de faire machine arrière.

— Tu crois que j'ai du temps à perdre avec toi ? Demande soudainement une voix grave à l'horizon. Récupère cette photo ou laisse ta place à quelqu'un d'autre.

Je me noie dans ses propos en cherchant ce qu'ils veulent dire. Apparement c'est tout comme une menace si j'en juge aux petits gloussements derrière. De plus près, ses yeux verts son hypnotisant mais cette nonchalance.. merde, elle me tape sur le système. Comment peut-il être sexy et paraître si con en même temps ?

— J'aime pas faire des économies de papiers, amusez-vous, il va rejoindre la poubelle.

Jusqu'à aujourd'hui, je ne pensais pas être si audacieuse. J'ai tendance à être en retrait, je n'aime pas qu'on me cherche mais peut-être que je commence à comprendre que me faire une place dans cette branche me coûtera très chère. Je dois faire des connaissances, bonne ou mauvaise.

— Récupère celle-là plutôt, si tu t'ennuies ça te servira, blondie.

Je ne vois pas bien ce qu'il sort de son jean délavé et plutôt moulant mais à la façon dont une petite fossette le trahit, j'imagine facilement une mauvaise blague.

J'arrache presque la feuille qu'il me donne en matant une belle paire de.. fesses ? Je cligne plusieurs fois des cils, bouche grande ouverte en sentant le rouge a mes joues.

— Plutôt me faire le petit vieux en face plutôt que de faire joujou avec votre photo. Ils vous trouvent quoi ? Demandai-je en pointant la foule derrière-moi. Vous ressemblez à un con avec vos grands airs.

Je ne me reconnais absolument pas en disant ça.

— Je te propose quelque chose.. on discute de ça juste après dans ma loge ? A moins que ton courage ne soit que de passage.

Mon assurance s'envole aussi rapidement que le verre de trop que je viens de boire. Je cherche des yeux ma frangine mais elle demeure aux abonnés absents. Coïncidence ? Non, ça s'appelle juste de la poisse. Comme une idiote, je ne trouve rien a redire en fourrant son sublime cul dans la poche de ma veste.

Je rentre à la maison, à demain.

J'envoie un texto à cette traite en m'imaginant déjà cette somme astronomique pour un petit trajet d'une demie-heure en taxi.

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