Partie cinquante deux

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Aucune épreuve n'a jamais été surmontée en versant des larmes.

~~~ Point de vue de June. ~~~

Je retrouve Massey's Industrie le lundi matin dans cette jupe patineuse lavande et mon fidèle haut préférée en forme de cache cœur. Est-ce que maintenant je peux dire que je suis devenue une vraie femme ? Apparement faire sa première fois est un gros cap et change totalement notre conception et vision des choses. En ce qui me concerne, je n'en remarque pas. Je suis toujours, Juno mais en version heureuse cette fois-ci.

— Accorde-moi une minute, June.

Oubliez ce que je viens de vous dire, ma folie est soudainement redescendue.

— Impossible, j'ai trop de boulot.

Je meurs d'envie de mettre la tête de ma frangine dans la fenêtre juste à ses arrières. Ça ne serait jamais aussi douloureux que tous ses mensonges mais c'est déjà ça. Ça ne fait pas loin de dix jours que je ne prends plus de nouvelles et que je refuse les nombreux appels de ma mère.

— S'il te plaît, il faut absolument que je te parle. Couine-t-elle dans ses lavements de cerveaux habituels. Ça fait trop longtemps que ça dure.

— Qu'est-ce que tu veux ? Me dire que maman est au plus bas, si c'est ce que tu voulais me dire alors ça ne compte pas.

Je suis en colère, tout ça me semble être injuste. Angelina n'a pas le droit de revenir à la charge après tous ses mensonges. Pas le droit de me dire que maman est triste parce que c'est moi la principale personne atteinte dans tout ça.

— Je suis désolée que ça te blesse autant.. On voulait juste ne jamais te faire vivre cette souffrance.

— Ah oui ? Dommage, c'est encore pire que ce que tu crois.

Je ne contrôle plus cette colère sourde dans ma poitrine. Mon coeur s'explose encore dans un nuage de poussière en me rappelant le visage de mon père il y a quinze ans de ça. Il a été l'homme de ma vie, ma lumière, mon âme soeur. Aujourd'hui, nous ne sommes plus rien aux yeux de l'autre, juste deux putains d'inconnus.

— Il y a un problème ? Nous demande Andrew qui se grille toujours une cigarette à cette heure-ci.

— Problème de famille, tu connais ça j'imagine.

Angelina renvoie la balle en souriant de cette manière fausse qui pourrait bien me rendre folle. Je ne la supporte plus, c'est de plus en plus difficile à vivre.

— Si tu ne veux pas un avertissement, contente-toi de faire ton travail. Parle soudainement une voix derrière mon dos.

— Tient donc, voilà le loup de la meute.

— Est-ce que tu sais ce que je fais des agneaux dans ton genre ? Demande-t-il hargneusement en mimant un couteau  de son pouce contre sa propre gorge. J'en fais un putain de blouson avant de foutre ton cadavre dans une poubelle.

Je tente de le faire taire en donnant une petite pression sur son avant-bras mais aujourd'hui il semble d'une humeur de chien. Ça ne change pas trop de d'habitude, mais là Angelina risque gros.

— Oh c'est tellement mignon.. Sourit-elle ironiquement avec presque des cœurs dans les yeux. C'est vraiment ça que tu veux, June ? Un putain de pot de colle qui ne te donne plus le droit à ta liberté ?

Je pose une main sur la bouche de mon bad boy bientôt rouge de colère en le suppliant de ne rien dire. Elle a bien besoin d'être remise à sa place mais à ce moment-là tout le monde nous regarde du coin de l'œil et ça devient vraiment gênant.

— S'il te plaît, Jared..

Andrew qui ne loupe pas une miette du spectacle donne un pile importante de papiers à cette garce en soupirant.

— Il a raison, ne mêle pas vie privée et ton job, c'est compris ?

— Tu te fous de moi Andrew ? Demande-t-elle ahurie de ce qu'il vient de faire. Je travail ici depuis longtemps tu devrais me connaître depuis tout ce temps.

— Justement, tu es une employée.

La tête qu'elle tire à ses derniers mots est la plus belle victoire à mes yeux. Mon rebelle à la chevelure en bataille sourit légèrement sous mes doigts en faisant mine de me mordre doucement.

— Dans mon bureau, Mademoiselle Decker. Chuchote-t-il de son expression impassible. J'ai besoin de votre avis sur les couleurs des prochains rideaux.

Il donne une petite tape dans le dos de son frère qui lève les yeux haut dans le ciel avant de rejoindre la sortie. Je talonne timidement mon patron en m'empourprant comme une idiote devant tout ceux qui me regardent. J'imagine qu'ils se doutent certainement de cette relation ambiguë que nous entretenons et qui suscite certainement la jalousie.

— Votre comportement est inacceptable. Dit-il gravement devant une petite dizaine de personne qui nous matent depuis la salle de pause ouverte. Dépêchez-vous.

— Courage.. Me dit soudainement une fille compatissante. Il n'est vraiment pas du matin.

Je fais mine d'être totalement apeurée en incarnant mon rôle à la perfection. Jared claque violemment la porte derrière lui en fermant les petits rideaux qui nous cachent des regards indiscrets. Je reste debout au centre de la pièce mais il me pousse sur son fauteuil en relevant mon visage d'un pouce.

— Vous avez besoin d'aide pour vos rideaux ? Murmurai-je en tentant de faire taire les picotements incessants dans mon ventre. Je suis plutôt douée dans ce domaine.

— J'ai un autre programme en tête.

J'enroule cette cravate sombre et beaucoup trop sexy qu'il porte entre mes doigts en attirant son visage plus proche encore du mien. Une main dans ma nuque, il retient mon visage en arrière tandis que son pouce m'effleure doucement la gorge.

— Ah oui ? Demandai-je en me mordant la lèvre sous ses yeux. Je peux faire quelque chose pour vous ?

Je jure qu'il n'y a rien de plus divin que de lire l'envie dans ses grands yeux verts quand il me regarde. Je me sens toute petite comme à la merci de cet homme qui pourrait bien me rendre folle amoureuse juste en claquant des doigts.

— Faites-moi oublier que je suis en colère Mademoiselle Decker, je vous en supplie.

— A une condition..

Je tire davantage sur sa cravate en rapprochant nos visages l'un de l'autre. Nos respirations s'emboîtent en ne faisant plus qu'une comme si nous avons besoin de cet oxygène en commun pour vivre plus sereinement.

— Faites-moi oublier que je peux vivre sans vous.

My only one Where stories live. Discover now