My only one

Partie trente et un

Et celui qui a dit « ils vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants » mériterait un bon coup de pied au cul.

~~~ Point de vue de Jared. ~~~

Deux jours qui m'ont semblaient être le commencement d'une nouvelle vie, June m'aide beaucoup dans ce combat entre la réalité et mes démons qui prennent insensiblement la fuite depuis notre voyage dans le Maine. J'aime nos moments comme celui-ci, juste nous deux encore plus vivants que jamais à croire que le monde nous appartient enfin.

— J'ai un coup de fil à prendre, je te laisse deux minutes. Me sourit-elle timidement en me faisant signe de la main. Je t'explique tout ça après.

— Je vais t'attendre dehors.

Il n'y a rien de faux entre nous, c'est peut-être pour ça que je laisse les choses se faire doucement. J'imagine sincèrement que June est à mille lieux de connaître celui que je suis vraiment. Le type sans artifices, celui qui n'est pas arrogant en permanence mais surtout celui qui rigole même aux blagues les plus bidons.

— Merde c'est à qui ce briquet encore..

Le vent se déchaîne de plus en plus fort dans des grandes bourrasques. Ma cigarette ne s'allume toujours pas et commence nettement à me mettre en rogne.

— Besoin d'un coup de main ?

Le temps s'arrête soudainement en regardant cette femme sous mes yeux. Blonde, magnifique, tout ce que je voulais depuis ses derniers mois. Je ferme les paupières, me pince du plus fort possible mais elle est toujours immobile en me tendant son briquet.

— Non, sans façon.

Je m'abreuve de son parfum, de son corps dans cette robe beaucoup trop fleurie qui me donne le tournis. Je n'arrive pas à croire qu'elle soit là comme une putain de plante verte après tout ce temps.

— Est-ce que c'est possible qu'on discute ? Me demande-t-elle en soupirant timidement. Si tu savais à quel point je me sens coupable..

Je ferme une nouvelle fois les yeux et les jours défilent à tout vitesse dans mon crâne. Notre rencontre, notre première fois mais surtout ses sentiments qui m'ont tout pris jusqu'à ma dignité.

— Tu veux qu'on parle mais à quel sujet ? De la façon dont tu m'as lâché comme une merde avec une lettre où de ton absence depuis bientôt cinq ans ?

Ma colère devient plus importante à chaque battement de cils de sa part. Je ne maîtrise plus rien ni ce que je ressens dans ce putain de corps de lâche. Pourquoi est-ce que mon coeur semble être en train de prendre lâchement la fuite ?

— Il me faudrait beaucoup plus de temps pour des explications..

— Ah oui ? En tout cas moi je n'ai qu'une chose à te dire, va bien te faire foutre toi et tes explications.

Je connais mieux cette femme que n'importe qui d'autre. Elle pense que je tombe dans le panneau parce que oui c'est la première fois que je peux admettre que c'est douloureux. Je me revois à tout juste dix-sept ans, vivre mes premières expériences avec elle entre deux shooting, prendre du bon temps parce qu'elle a été ce que j'avais de plus chère. Elle a été mon putain de remède.

— J'avais besoin de ce diplôme, Jared.. Je n'avais pas vraiment le choix.

Ses doigts se promènent sur ma joue brûlante mais je ne compte pas reprendre nos mauvaises habitudes. Elle manque de se prendre les pieds dans un parterre de fleurs en se rattrapant du mieux qu'elle peut alors que je la repousse.

— Ne me repousse pas.. s'il te plaît ça compte beaucoup trop à mes yeux.

— Non mais tu t'entends ? Fulminai-je en m'arrachant presque les cheveux. Après plus de deux ans à t'attendre, j'ai lâché l'affaire depuis longtemps.

Je cherche June des yeux mais apparement elle a envie de prendre tout son temps aujourd'hui.

— Alors c'est à cause de cette fille que tu m'as oublié ?

Ma tête tourne en me pinçant les yeux comme un idiot. J'ai juste besoin qu'on se casse d'ici le plus rapidement possible avant tout débordement, c'est si difficile que ça ?

— N'oublie pas tout ce que nous avons tout appris ensemble, Jared.. toi comme moi savons pertinemment qu'elle n'est pas faite pour être avec quelqu'un comme toi.

— Dommage que tu sois aussi conne, Nina. Dis-je en m'impatientant. Tu vois cette femme dans ce restaurant ? C'est elle qui est en train de tout m'apprendre.

Nina à un petit sourire aux coins des lèvres en regardant dans sa direction. Je ne comprends pas vraiment ce qu'il y a de drôle mais cette garce continue de sourire en se rapprochant un peu plus de mon visage.

— Oh je vois.. et du coup vous avez une relation de libertinage ? Me chuchote-t-elle en souriant toujours de cette même manière qui m'agace.

— Qu'est-ce que tu racontes encore ?

Je regarde dans sa direction en me rendant compte que June n'est pas toute seule à ce moment-là. Elle parle avec un homme dans le restaurant et se met à rire soudainement alors qu'il tente un rapprochement en lui offrant un verre.

— Est-ce qu'elle t'apprend à contrôler ta jalousie aussi ?

Une première fois qu'elle rigole sincèrement depuis qu'elle a appris ce secret de famille il y a plus d'une semaine. Mon cœur s'emballe sous les yeux de Nina qui sourit toujours en coin en se marrant silencieusement.

— Mon pauvre cœur.. c'est la deuxième fois que tu as le cœur en miette. Tu vois, le principal c'est de se dire que tu en as déjà un, non ?

Je respire seulement après quelques secondes parce que je ne veux pas qu'elle pense que ça m'atteint mais c'est le cas. Je ne sais pas ce qu'il m'arrive mais ce simple fait de me dire que c'est ce quelqu'un d'autre qui la fait rire est davantage plus douloureux encore. Mes lèvres rencontrent subitement les siennes au moment où June sort du restaurant avec un deuxième verre à la main.

— Merci de ton aide, barre-toi maintenant tu ne me sers plus à rien.

Le visage de June passe d'un sourire à de la surprise. Elle s'arrête soudainement dans sa marche silencieuse avec simplement ses larmes qu'elle tente de faire disparaître en courant comme une détraquée jusqu'à une voiture de taxi.