Partie cinquante quatre

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Ce n'est pas parce qu'une expérience ce termine qu'elle ne méritait pas d'être vécue.

~~~ Point de vue de Jared. ~~~

Brandon est un putain de perfectionniste dans un corps de lâche. Il me mitraille du bout de son objectif en cherchant la position parfaite qui appâterait nos potentiels clients. Je sais qu'il est chiant mais il est capable de vendre tout ce qu'il veut comme un camelot dans une foire. Voilà son domaine pendant que moi je suis simplement celui qui donne envie en me badigeonnant d'huile et en me tapant plus de six heure de sport dans la semaine.

— On est pas dans un clip de Rap Français, rentre-moi ce putain de gras, Collins ! 

Je pense à ma petite française qui ne rigolerait pas du tout en entendant ses derniers mots mais qui pourtant m'amuse. Je donne un violent coup de pieds dans son appareil qui retombe brutalement, juste pour le principe.

— On fait une pause, ce con ne veut pas comprendre qu'on est à deux doigts de se faire un max d'argent.

Des mecs pouffent de rire derrière son dos avant de prendre tout le matos et de foutre le camp. Ils ont bien compris qu'ils ne pourraient pas fumer s'ils restent encore là sans rien faire.

— Tu as pris du bide depuis la semaine dernière, non ? Me redemande-t-il en me tenant une petite brique de jus de pomme. Faut faire attention, mec. Ton corps c'est notre passeport pour faire du fric.

— Arrête de te foutre de ma gueule, j'ai envie d'une bière.

Il cache la petite bouteille en verre derrière son dos en refusant de m'en donner une.

— Je veux minimum dix bons clichés et après tu as le droit à une ta bouteille, c'est bon ?

Je râle mais accepte ma sentence en reprenant ma position originale, cheveux dans la gueule a cause du vent et sable toute les deux secondes dans la bouche. Putain de temps de merde, ça me dégoûte.

— Je peux avoir un autographe, Jared ?

Je baisse les yeux en remarquant une petite femme qui sourit joyeusement en me donnant une feuille blanche. Brandon se tape nerveusement la tête en jurant comme un con devant tout le monde.

— MAIS TU ES QUI TOI ENCORE ?

A contre-cœur je fais ce qu'elle me demande en sachant son impact mais c'est bientôt une dizaine de personne qui nous rejoignent en demandant un autographe dans des endroits improbables. Le ventre, le visage et même une d'entre-elle sur les seins. Soit gentille, ne dit jamais ça à June ma cocotte.

— Bon tu me donne ma bière maintenant ? Demandai-je en souriant avec insolence à mon photographe.

— Va te faire foutre, je me casse !

Et il le fait vraiment, il s'en va en me laissant comme un con sur cette plage où mon garde du corps rapplique en m'ouvrant la portière.

— Casse-toi Max, je rentre à pieds.

— Ne dit pas n'importe quoi.. Soupire-t-il en m'incitant à rentrer dans la voiture. Allez arrête de faire le con.

Personne ne veux me comprendre mais être populaire n'empêche pas que j'ai souvent envie d'être tranquille. Je ne me retrouve que très rarement sans personne qui me suit à la trace sauf à la maison où elle regorge de garde du corps dans chaque axe de la propriété.

— Je suis plus un gamin, lâche-moi putain.

Il soupire en me lâchant enfin la grappe mais quand je crois être enfin en paix, une voiture reste en retrait en roulant plus doucement que la moyenne. Je contourne une rue puis rentre machinalement dans une impasse en sautant au-dessus d'un muret qui mène directement en centre-ville. Avant qu'il ne me retrouve a cette heure de pointe autant dire que j'ai le temps de me boire trois ou quatre bière en terrasse.

Regarde devant toi du con.

Je fais ce que Max me demande en message et constate un type qui regarde dans ma direction depuis l'entrée d'un centre commercial. Putain, pourquoi est-ce qu'il est toujours au courant de tout en avance celui-là ? Je me tape un sprint en passant sous le nez de ce con qui me pourchasse. Il ne me reste plus qu'un seule option et c'est comme ça que je cours à en perdre haleine en coupant dans Central-Parks.

— Reviens ici, Jared ! Me hurle le type désespéré derrière moi. C'est pas le moment de faire le con !

Je donne des coups à certains passants qui râle en s'imaginant certainement que je suis un putain d'adolescent poursuivi par les flics et me cache comme je peux dans des hautes herbes. J'entends ses pas jusqu'à ce que le silence revienne enfin dans mon terrain de jeux préféré.

— Pss.. toi là-bas..

Je tombe nez à nez avec un type légèrement trop crade à mon goût qui se gratte une barbe de plusieurs semaines. Dégoûtant, j'imagine déjà ce qu'on trouve dedans au vue de sa taille.

— J'ai besoin d'une cigarette.

— Mon paquet est vide. Dis-je simplement en continuant mon chemin.

Le sale en question sort de sa cachette et me retient soudainement d'un mouvement à peine perceptible de la main. Ah non mec, commence pas à prendre la confiance quand même. Je me recule mais un de ses deux amis fouille dans une de mes poches pendant que l'autre me retient.

— Enlève ta main de cette poche.

— Allez mec, on sait tous qui tu es ici.. Ne nous fait pas croire que tu n'as rien.

Je ne veux pas me battre avec un alcoolique qui a besoin d'une clope mais là c'est clairement une invitation qu'il me donne. Je le repousse volontairement en arrière et il se casse la gueule violemment en se tapant la tête contre le tronc d'un arbre. Bon voilà, je crois que nous avons fait connaissance maintenant.

— La vache ton nez.. Répète son pote en me coinçant contre un muret. Oh toi tu es mort, mon gars.

Les coups qui pleuvent et qui s'ensuivent ne se ressemble absolument pas. Celui dans mon ventre est le plus douloureux que j'en retombe presque trop facilement contre la terre encore humide. Je tente de mettre un coup de poing puis un deuxième mais ils sont trois donc autant dire que je suis en position de faiblesse.

My only one Where stories live. Discover now