Partie quatre vingt sept

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Le bonheur est parfois caché dans l'inconnu.

~~~ Point de vue de June. ~~~
Vendredi six novembre.

J'ai envie de croire que tout est possible tant que nous sommes ensemble, mais la boule qui s'intensifie dans mon ventre est encore plus douloureuse que la nouvelle musique qui annonce notre entrée.

— Je t'aime, June.

Je jette un coup d'œil à l'homme incroyablement séduisant à mes côtés en estimant la chance que j'ai d'être avec lui dans un moment aussi intense de mon existence.

— Jusqu'à ce que la mort nous séparent.

Je presse légèrement sa main dans la mienne une dernière fois en m'écartant machinalement de la proximité que nous entretenons avant que les rideaux s'ouvrent devant cette foule en délire.

Trois..

J'inspire un bon coup en replaçant le haut du sous-vêtements correctement.

Deux..

Je me conditionne silencieusement à vivre quelque chose d'intense sous les feux des projecteurs.

Un..

Je regarde une dernière fois Jared qui me sourit amoureusement en me faisant comprendre qu'il n'y a rien à craindre. Les rideaux s'ouvrent lentement en me laissant une vue imprenable sur les premières rangées de personnes qui semblent être en pleine confusion. Je marche silencieusement jusqu'au bout du podium, la tête vide de tous sentiments.

Nous recevons quelques acclamations des plus tendres, d'autres arquent machinalement un sourcil en se demandant qu'est-ce nous sommes en train de faire, mais quand je m'immobilise avec Jared en retirant la veste qui couvre mon corps de l'affreuse cicatrice, je ne remarque plus rien appart la signification de cette preuve qu'il me fait.

— Je ne t'abandonne plus.

Il murmure cette phrase anodine, mais qui reste la plus preuve qu'il pourrait me faire. Mon sourire est rayonnant en m'immobilisant en sa compagnie sous les flashs incessants des photographes. Je suis dans un autre monde en oubliant presque que je suis en sous-vêtements devant plus de trois cents personnes qui nous acclament dans un brouhaha plus qu'incessant.

Il n'y a pas de perfection, soyons nous-mêmes.

Le slogan en tête d'affiche sur la gigantesque toile blanche en arrière-plan apporte la finalité au défilé et nous regagnons ensemble les coulisses où Marvin nous saute dans les bras en dévoilant le score de notre passage sur l'écran de son téléphone portable.

— On est officiellement en tête des ventes depuis votre prestation !

Je ne suis plus amène de reprendre une respiration convenable en regardant Andrew à l'autre bout de la pièce qui remonte ses lunettes sur son nez. Il est inexpressif tout autant que son frère qui patiente en attendant au moins quelque chose de mieux que ça.

— Je suis à la limite de la crise cardiaque, mais je dois admettre que ton culot est payant.

Il esquisse un bref sourire en ouvrant ses bras à l'intention de Jared qui reste immobile en lui retournant un sourire amusé.

— Je suis peut-être le cerveau de la famille finalement..

L'accolade amicale entre eux me rassure d'une certaine façon parce que je suis contre les conflits surtout quand le responsable n'est d'autre que mon copain. Après un nombre incalculable de remerciements de la part de toute l'équipe, je reprends doucement forme humaine sans maquillage et sans sous-vêtements rouge en dentelle en rejoignant la voiture de Jared dans le parking, mais une femme m'interpelle en croisant les bras contre sa poitrine.

— June ?

Je me retourne en croisant le regard franc et autoritaire d'Angelina.

— Oui, il y a un problème ? Je demande en répétant le même geste en croisant mes bras contre ma poitrine.

— Félicitation, je suis admirative de votre travail mais tu crois que c'est pas légèrement dégradant d'être affiché comme ça ? C'est pas un reproche, mais je me demande si il n'est pas néfaste à ta vie..

J'ai encore certains bref souvenirs de notre relation conflictuelle, mais elle touche un point sensible en s'attaquant à ma relation amoureuse. Pourquoi serait-elle jalouse après tout ?

— Je te remercie, bonne soirée.

Je ne relève pas sa dernière remarque en ouvrant le véhicule.

— Il te manipule, quand est-ce que tu vas en prendre conscience ?

— Jamais, d'ailleurs comment va Julian ? Je m'attaque à un point sensible en restant inflexible. Est-ce qu'il est au courant que tu le trompes avec ton voisin ?

Il y a quelques semaines en rendant visite à ma mère qui vit chez Angelina, j'ai remarqué que le voisin du lotissement souriait toujours comme un idiot en lui donnant des petits rendez-vous à l'écart des regards indiscrets.

— Comment tu peux dire ça ?

— Parce que c'est la vérité, arrête de faire semblant.

Une voix grave se fait attendre à l'autre bout du parking presque vide. L'homme à la chevelure auburn en bataille la contourne légèrement en m'étreignant en plaçant ses mains d'une part et d'autre de mon ventre. Maintenant qu'il se trouve dans mon dos, je me sens bien plus courageuse.

— Je ne te parle pas à toi, Jared. Elle s'offusque en le fusillant. C'est une conversation entre June et moi alors je te conseille de prendre congé.

— On t'envoie le carton d'invitation de notre mariage à une adresse particulière ? Lui demande t-il en m'embrassant furtivement la nuque dans un énième signe de provocation.

— Pardon ?

Elle s'immobilise en serrant les poings le long de son corps comme elle le fait habituellement quand quelque chose ne lui convient pas. Je n'arrive pas à croire qu'elle soit aussi mauvaise, alors qu'elle ne devrait qu'être heureuse de mon bonheur.

— J'ai demandé la main à ta sœur, surprise elle a dit oui.

L'ironie dans le ton grave de sa voix est perceptible à des kilomètres à la ronde, mais il ne me laisse pas le temps d'attendre une quelconque réaction de sa part qu'il m'entraîne jusqu'à la voiture.

— Tu crois qu'elle va s'en remettre ? Je demande en sortant finalement du silence.

— Elle n'a pas le choix.

My only one Where stories live. Discover now