Partie sept

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La vie, ce n'est pas ce que l'on a vécu mais ce dont ont se souvient.

~~~ Point de vue de June. ~~~

Le coeur battant à tout rompre dans ma poitrine, je me demande simplement si je ne devrais pas prendre un nouveau portable plutôt que de lui rendre visite. Je fais sens inverse une petite dizaine de fois puis me rappelle toujours que je suis forte et que je vais y survivre. Je marche depuis longtemps maintenant, j'ai les jambes en coton mais je vois enfin le bout du chemin. Une maison incroyable digne des plus beaux films hollywoodiens. Une architecture contemporaine construite au centre d'un jardin où le bleu turquoise de la piscine scintille sous les derniers rayons du soleil.

— Bonsoir, est-ce que Jared Collins est là ?

Un homme assez corpulent, habillé en sombre me regarde de haut en bas en me barrant l'accès à la maison.

— Je ne suis pas une groupie.

Pourquoi me regarde-t-il de cette manière ? J'ai une fiente d'oiseaux sur la tronche où il fait ça avec tout le monde ?

— J'ai besoin de son autorisation avant toute chose. Me dit-il soudainement en tapotant son oreillette d'un doigt. Ne bougez pas, s'il vous plaît.

Je poireaute comme une idiote en attendant patiemment qu'il transmette mon message. D'où je me situe, je suis subjuguée devant cette vue panoramique sur les hauteurs de Manhattan. Les palmiers forment une farandole jusqu'à perte de vue comme s'il y avait une autre vie plus calme derrière cette attraction connu de tous dans cette ville.

— Il y a une femme qui est devant la porte. Elle affirme que ce n'est pas une groupie. Minaude-t-il en continuant son investigation. Ok, je suis devant de toute façon.

Agent 007 me libère enfin le passage après ce qui m'a semblé être une petite éternité. J'ai envie de lui rire à la figure puis je me souviens de la raison de ma visite dans la maison du diable. A première vue, elle me semble trop calme, trop peu vivante à mon goût si on oublie la superbe cheminée en pierre dans un coin du salon.

— Jared ?

Ma voix ne devient qu'un faible murmure en marchant timidement dans la pièce principale. Apparement, il trouve son petit manège drôle à en croire son silence.

— J'ai plus six ans.. Dis-je en m'accrochant comme à une bouée de sauvetage à la rambarde des escaliers.  J'aimerais reprendre ce qui m'appartient.

Un frisson me remonte dans la colonne en remarquant une ombre dans mon dos.

— Ma chambre est de l'autre côté.

Je sursaute bêtement en me tournant mais en me raccrochant à une porte qui me semblait être close, je tombe à la renverse en m'affalant contre le parquet. Je n'avais jamais ressentie des douleurs aussi puissantes dans l'arrière train.

— Putain mais vous êtes vraiment con ! Hurlai-je encore sonnée de ma chute. Vous ne pouvez pas attendre à la porte comme tout le monde ?

— Je ne suis pas comme tout le monde justement.

De cette nonchalance fidèle à lui-même, il me regarde un court instant depuis la chambranle de la porte, sourire satisfait aux lèvres. J'accepte la main tendue qu'il m'offre en grimaçant. Putain de fourmilière dans le ventre, c'est tout sauf le moment de faire des manières. Il me relâche aussi rapidement qu'il m'a offert son aide en se reculant comme si ce simple contact venait de lui brûler la main.

— Elle est au courant que tu es là ? Me demande-t-il en fourrageant dans ses cheveux en bataille.

— Non, il ne vaut mieux pas qu'elle le sache.

Je marque sûrement un point au vue de son silence. Tant mieux cette histoire commence à être vraiment gênante.

— Il faut que je rentre, vous pouvez me le rendre ?

— Ouais, je peux faire ça.

Il récupère mon portable dans la poche de son jean sombre et mon cœur donne des coups violents dans ma poitrine en regardant l'heure dessus. Déjà une heure et demie que je suis partie, je suis foutue.

Si tu reçois correctement mon message c'est que tu es chez lui. Figure toi que j'arrive de ce pas, à tout de suite petite sœur.

Je relis une deuxième fois le message d'Angelina en descendant les escaliers deux par deux. Une main puissante entoure mon avant-bras en m'arrêtant dans ma course.

— Tu vas me dire le problème oui ou merde ?

Je me sens minuscule sous ses yeux, j'ai beau faire un effort surhumain, rien ne me vient en tête de plus concret que cette bouche parfaite qui ne demande qu'à être embrassée encore et encore. Je comprends mieux ce que me disait cette femme en boîte de nuit. Ce garçon est une espèce en voie de disparition, il est une œuvre d'art à lui-même.

— Elle est bientôt là, il faut que je parte.

Le bruit d'un coup violent derrière la porte tremble dans tout le salon. Elle ne vient pas pour faire dans la dentelle surtout en connaissant son caractère.

— Putain c'est toujours comme ça chez vous ? Beugle-t-il en se pinçant l'arrête du nez. Allez le bébé ta mère la sorcière va te tuer.

Je ne le trouve pas drôle du tout, ce n'est pas Angelina qui doit me dire ce que je dois faire et encore moins avec qui je reste.

— Si j'en ai envie, je reste.

— Qui te dit que j'ai envie que tu restes ?

Putain, rentre chez toi June.. tu viens de te prendre la pire honte de toute ta vie là.

— J'ai dis si j'en ai envie et ce n'est pas le cas, allez salut.

Un faux sourire en coin de cette manière insolente dont il a le secret, je marche en terrain conquis devant une porte prête à rendre l'âme. Je l'ouvre brutalement trop fière pour admettre qu'Angelina risque à tout moment de me refaire le portrait.

— Faut qu'on parle, June.

Rouge de colère, je fais sens inverse en me cachant derrière la silhouette imposante de mon camarade d'emmerde. Pourquoi est-ce que je sens que je ne vais pas ressortir indemne de cette connerie ?

— Impressionnante la guerrière. Me chuchote-t-il en barrant le passage à Angelina.

My only one Où les histoires vivent. Découvrez maintenant