Partie soixante neuf

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Ce ne sont pas les rêves brisés qui nous démolissent, ce sont ceux qu'on a pas le courage de rêver.

~~~ Point de vue de June. ~~~

Exactement six jours qu'il ne me donne plus signe de vie depuis notre dernière dispute à Massey's Industrie. Je pleure toutes les nuits quand des souvenirs minimes me reviennent en tête. Des flashs qui ne durent pas bien longtemps mais dont je me souviens constamment en ouvrant les yeux. Depuis, je note tout dans un petit carnet même ce qui me semble incohérent.

— Leçon un : Petite cuillère dans le frigo.

Je ne suis pas certaine que cette histoire de remède grand-mère m'aide dans mon chagrin.

— Il est trop con ce fendu du crâne, boit plutôt un petit remontant.

Marvin porte une bouteille de whisky à mes lèvres en me forçant à boire au goulot même. Le liquide me brûle si bien que un haut-le-cœur me vient soudainement.

— Fait pas le con, elle va te refaire la tapisserie avec tes conneries !

— Marre de faire du baby-sitting, putain mais tu as quel âge ? Râle soudainement Marvin en m'apportant une bassine. Il va revenir ton prince charmant, t'affole pas gamine.

Andrew revient avec cette fameuse petite cuillère fraîchement sortie du frigo qu'il porte directement à mon œil droit encore gonflé de mes pleurs.

— Habille-toi, on a une surprise. Me rappelle le frère de famille en sortant une dizaine de vêtement de ma valise.

— J'aime pas les surprises.

— Mais ta gueule June, tu vas être contente !

Monsieur Marvin et sa délicatesse absolue me donnent une claque en haut du crâne avant de me faire sortir de force du divan. Je coopère et récupère ronchon un jean et un tee-shirt le plus basique qui soit. Certainement pas envie de faire un effort vestimentaire maintenant ni jamais.

— Il te faut du machin sur les cils là, peut-être que ça te rendra un peu plus..

— En forme !

Je vois Andrew qui dissimule un petit coup de coude pas discret à Marvin en rectifiant toute de suite les propos de son ami. Ils me font doucement rire, deux idiots sous le même toit qui bataille pour me redonner le sourire.

— Potable, oui le mot c'est potable..

Après des insultes et un bon règlement de compte, je me retrouve finalement assise au milieu dans une voiture en compagnie de mes deux nouveaux gardes du corps. Le mascara me brule de plus en plus les yeux mais je ne dis rien, en ce moment le silence est les pleurs font partie intégrante de ma vie.

— On mange au restaurant ? Demandai-je en constatant que la voiture s'arrête devant une terrasse totalement vide.

— Bingo..

Marvin m'accompagne en silence dans le restaurant en indiquant à une serveuse notre arrivée.
Elle vient aussitôt à notre rencontre en nous proposant une table en terrasse. J'ai faim, je ne refuserai jamais quelque chose qui ne ressemble pas à des pâtes blanches. Le lieu est chic mais décontracté. Des guirlandes survolent nos têtes d'arbres en arbres en formant une sorte de chapiteau de mille couleurs. Les fleurs pâles dansent dans des vases au centre de notre table et l'endroit est totalement vide. Pas un chat à l'horizon.

— Si tu veux mettre du poison dans mon verre, c'est inutile Marvin.

— Pas besoin ton vrai poison ne se trouve pas encore là.

Il m'embrasse la tempe et s'éclipse de la terrasse en me faisant un clin d'œil. Un pincement dans la poitrine vient me faire reposer mon verre de vin. Je comprends bêtement qu'il ne s'agit pas d'un repas avec mes deux meilleurs amis mais plutôt d'un règlement de compte. Je me relève directement en prenant mon sac à main mais on me repousse doucement en arrière. Je retombe à plat sur ma chaise en fixant celui qui m'a blessée.

— Il faut qu'on discute.

— Pas avec moi en tout cas, bye.

Il me regarde fixement de ses grands yeux et j'aime le contraste qu'ils ont avec les lumières au-dessus de nos têtes. En revanche, même avec le fait qu'il m'a manqué et qu'a ce moment là j'ai seulement envie qu'il me prenne dans ses bras, je n'oublie pas son silence, ses mots atroces et tout ce que j'ai pleurer dernièrement a cause de lui.

— J'avais besoin de temps, ça ne veut pas dire que je n'avais pas envie de te parler tous les jours.

Je relève la tête à ses mots mais aucun son ne me vient. Je suis en colère, il faudra bien plus que ça pour que je pardonne son absence.

— Ah oui ? Sifflai-je entre mes dents en retenant difficilement mes larmes. Je vais te dire un truc tout bête, on abandonne pas quand on aime vraiment.

Cette fois-ci mon coeur est en train de se perdre avec ce que lui dit mon cerveau de faire. Ils ne s'écoutent plus, pourquoi est-ce que j'ai dis cette connerie moi ?

— Justement c'est quand on aime vraiment que ça blesse autant..

Il repose sa main à plat contre la table mais je ne la saisis pas.

— Tu as besoin d'aide, j'espère que tu es au courant. Dis-je simplement en contrôlant difficilement ma respiration.

— Non, je règle ça de mon côté.

— Alors on a pas besoin de discuter, bonne soirée avec ton ami la seringue.

Je ne savais pas avant de lâcher ma bombe que dire cette simple phrase pouvait être aussi mesquine. Je me sens honteuse vu la façon dont il me regarde et d'un autre côté, je suis tellement en colère qu'il ne veuille pas que je l'aide. J'ai compris mes sentiments dans cette semaine d'abstinence, je crois qu'il y a quelque chose de fort entre nous, une attraction physique incontrôlable et une envie pour ma part de réparer tout ce qu'il est en train lui même de casser.

— Reste là, June.

Je sors du restaurant en trombe devant un Marvin qui drague une serveuse et qui ne remarque clairement pas le drame qui est en train de se produire sous ses yeux. Tant mieux, pas envie qu'on nous remarque même si je peux entendre les semelles de mon tortionnaire à mes arrières. Je cours encore plus rapidement une fois être sortie et rejoins à toute vitesse la plage.

— Laisse-moi tranquille ! Hurlai-je a plein poumon en contournant des transats.

— Va te faire, je t'ai déjà perdu une fois, je ne compte pas refaire cette connerie !

My only one Where stories live. Discover now