Partie soixante quinze

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Toutes les chansons ont une fin. Est-ce une raison pour ne pas en apprécier la musique ?

~~~ Point de vue de Jared. ~~~

Ma seule motivation est de vivre confortablement loin des regards indiscrets. Une semaine de repos exactement et j'oublie la charge de travail importante à Massey's Industrie surtout dans cette saison et mon frère qui m'appelle sans cesse en me rappelant qu'il a besoin de mon aide parce que Marvin ne sert strictement à rien. Nous avons rejoins Chicago la veille, dansaient comme deux cons et surtout des slows, boire des bières devant des matchs de base-ball en terrasse et même faire du skateboard à s'en faire des bleus partout.

— Je rêve ou tu ne touches plus à ton portable ?

— Je suis en vacance Marvin, tu te souviens ?

Je repousse mon portable en attendant qu'il cesse de rire trop fort puis le récupère en faisant mine de rien.

— Avec toi c'est tous les jours les vacances mon pote. Tu reviens vite ? Ton frère commence à être surbooké.

Je distingue June qui court derrière le chien comme une enfant et j'aime ce que je regarde depuis mon banc. Ça me paraît impensable d'être aussi belle même avec ses cheveux emmêlés et les joues rouges tant Holly la malmène.

— On est à Chicago, j'ai pas du tout envie de vous rejoindre.

Là il ne rigole plus du tout, Marvin est conscient que je n'aime pas les pieds-à-terre.

— Comment tu te sens ? Soupire-t-il finalement en dissimulant notre discussion derrière une nouvelle.

— Bien.

En réalité, la nuit tout devient plus difficile. Je ressens le besoin d'un dose mais j'ai promis à June de ne plus reprendre cette mauvaise habitude. Souvent je vais prendre une douche froide, me gratte tellement fort que je m'arrache la peau du bras puis compense ce manque avec du whisky.

— Je suis ton pote, tu peux tout me dire..

Ma gorge se serre davantage à ses mots. J'ai envie de dire à Marvin que j'ai besoin d'aide que le manque me semble être un poison violent mais il me semble être déjà bien assez inquiet comme ça.

— Je te donne ma place en attendant que je revienne, pas de connerie surtout où je te coupe les..

— On connaît la chanson, je te laisse la secrétaire à oublier de mettre du sucre dans mon café ! Râle-t-il derrière le téléphone. Est-ce que je la renvoie ?

Je me frotte le visage en comprenant que mon meilleur ami va me mettre rapidement sur la paille si son amusement est de mettre à la porte nos employés.

— Elle s'appelle comment ?

Le silence me semble être une petite éternité.

— Charlotte.

— Elle est bonne ?

Je comprends très facilement qu'il mate la marchandise.

— Non pas bandante du tout.

Je ne suis pas gay, seulement amoureux de mon deuxième frère de cœur depuis la primaire. Entre nous, c'est un caractère pour deux corps. Nous pensons de la même façon et nos priorités ne sont clairement pas celles des autres mais on s'en fiche.

— Trouve mieux, il y a des curriculum vitae dans les placards.

— A vos ordres, chef Collins.

Je raccroche soudainement avec un putain de sourire aux lèvres en rejoignant June et son chihuahua bizarre dans l'herbe. Essoufflée, je replace une mèche de ses cheveux derrière son oreille en me moquant.

— Cap ou pas cap de rendre visite à une personne exceptionnelle ?

June cligne des yeux en me regardant comme un fantôme. D'habitude je ne joue pas dans les sentiments mais aujourd'hui une personne manque dans ma vie et elle se trouve à Chicago.

— Qui est-ce ? Me demande-t-elle en me suivant en trottinant. Je la connais ?

— Non, elle ne sort presque pas de chez elle.

~~~

La sonnette retentit à une petite dizaine de reprise. Idiotement, nous restons silencieux devant la porte en attendant qu'elle comprenne qu'elle a de la visite. Grammy n'aime pas vraiment ça, elle est plutôt solitaire mais je sens qu'elle va être heureuse après tout ce temps.

— Qui m'emmerde à cette heure encore ? Râle-t-elle de derrière le battant de la porte. Si c'est encore des livreurs de babioles je jure que..

Ses yeux brillent soudainement en me regardant. Grand-mère est exactement comme il y a un an en arrière avec peut-être une ride ou deux en plus. Ses cheveux noirs corbeaux où une vilaine racine grise apparaît dansent dans sa nuque.

— Est-ce que c'est déjà mon anniversaire ?

— Je crois pas, tu fêtes tes quatre-vingt-dix ans aujourd'hui Grammy ?

Elle m'assigne un revers de la paume de la main derrière le crâne avant de me prendre dans ses bras. Je me raidis instinctivement à ce contact mais me rappelle qu'il n'y a que cette femme qui a le droit de me faire ça depuis que je suis enfant.

— Petit con, qu'est-ce que tu fais à Chicago ?

— J'avais besoin de prendre une semaine de vacance. Dis-je en faisant signe à June de nous rejoindre dans le divan. Je devais te rendre visite, ça fait un bail.

Finalement, je crois que Grammy vient de se rendre compte que je suis en compagnie d'une personne qui elle ne le sait pas encore tient une place importante dans ma vie. Elle sourit à June qui timidement renvoie la balle en restant à bonne distance.

— Je t'en prie ne me dit pas qu'elle vient d'un club de strip-tease comme la dernière.. Chuchote-t-elle avec aucune discrétion.

June avale de travers son verre de limonade en me fusillant de ses grands yeux noisette.

— J'avais dix-huit ans, mamie. Râlai-je en chassant ses mauvais souvenirs. June est ma..

Les mots ne me viennent pas, c'est la première fois que je dis cette phrase à haute voix.

— Nous sommes en Avril ?

— Non pourquoi ?

— Alors ce n'est pas une blague ? Me demande-t-elle suspicieuse en regardant June qui se fait toute petite dans le canapé. Mon garçon est en couple ?

Ma brune aux yeux rieurs d'habitude relâche doucement la pression en reposant son verre sur la table basse pleine de papiers en tout genre.

— Les miracles arrivent de temps en temps, ravie de faire votre connaissance, Grammy.

My only one Where stories live. Discover now