Partie dix-neuf

12.6K 683 58
                                    

N'oublies jamais ce que tu es, car le monde ne l'oubliera pas. Puise là ta force, ou tu t'en repentiras comme d'une faiblesse.

~~~ Point de vue de Jared. ~~~

Marvin s'accoude contre la chambranle de la porte en me souriant comme un idiot. Je sais ce qu'il pense à la seconde où je le regarde. Il va sûrement me dire que j'ai une touche, que je vais certainement me faire cette femme tout ça parce que j'aime son caractère. Il se trompe, c'est sa fille qui m'intrigue.

— J'appelle ça un râteau. Me dit-il en mimant une bourrasque de vent. Tu crois pas qu'elle est trop vielle ?

— Je ne me la tape pas, si ça te rassure.

Je rentre dans le salon en rappelant a un type qui joue à construire une piscine dans ma cuisine que je vais refaire gentiment son portrait s'il ne se calme pas dans les deux secondes qui suivent.

— Allez raconte, c'est qui cette femme ?

Je balance mon portable dans le divan en remarquant un message de June. Un coeur rouge qui date de plus de quatre heure. Je ne veux pas qu'elle s'imagine que j'aime ce genre de discussion niaise comme pas possible.

— Je rêve ou elle t'envoie des coeurs maintenant ? Hurle-t-il en sautant sur mon portable. Tu as chopé quoi comme maladie ?

— Va te faire foutre, c'est sa fille du con.

Discussion close, il commence à me mettre la tête en vrac avec ses questions.

— Bah dis donc, elle a quoi de mieux qu'une autre ? Une queue de licorne sur la tronche, c'est ça ?

— Une belle âme.

Marvin arrête soudainement de rire en me regardant perplexe. Oui, c'est bizarre de dire ça surtout venant de moi mais c'est ce que je pense. Je ne connais encore personne aussi sincère et surtout avec autant d'honnêteté.

— Moi pas bien comprendre, je suis bourré c'est ça ?

Il me connaît tellement bien que j'imagine que c'est la raison de son silence. Long, beaucoup trop long à mon goût même.

— Elle s'appelle June. Dis-je soudainement en attrapant deux bières dans le frigo. Du calme mon pote, c'est pas ce que tu crois. Il n'y a rien entre nous, c'est juste que je me sens mieux que jamais en ce moment.

— La vache, je comprends rien à ton histoire. Elle sort d'où cette June ?

Le coup de coude qu'il se reçoit dans le ventre est totalement mérité mais ce qui est plus surprenant encore reste cette nouvelle sonnerie qui retentit faiblement derrière la musique. Mon ami de toujours lâche mon portable qui s'explose avec fracas contre le parquet, bouche grande ouverte.

— Tu peux lui dire que le harcèlement c'est pas bien ? Allez putain de prince charmant fait ton boulot.

Il est tomber la tête la première dans une barrique de vin ou quoi ?

Les sonneries retentissent dans le vide jusqu'à ce que prenne mon courage à deux mains. Rien de difficile, juste lui dire qu'elle commence à être flippante et que je ne veux plus jamais qu'on se parle parce que ça commence à être bizarre.

— Tu veux quoi ?

Marvin appuie sur la touche du haut-parleur en croisant les jambes comme si cette discussion devenait amusante.

— Salut déjà c'est bien, non ?

Sa voix douce mais légèrement autoritaire m'a directement remis à ma place. Allez Jared, tu respires et lui parle gentiment.

— Oh salut capricieuse, ça va depuis ce matin ?

Son rire presque trop mignon, bon dieu c'est de la torture.

— Tu avais raison, je suis vraiment une sangsue depuis que je te connais..

— J'ai toujours raison.

Le garçon à mes côtés fait semblant d'être sur le point de vomir en mimant un haut-le-cœur. Pourquoi est-ce que je suis niais comme ça maintenant ?

— Je devais quand même te dire que ma mère est sûrement en route pour te remercier.. oui je sais, c'est de la folie.

— De la folie, ouais c'est le cas de le dire.. j'ai pas trop le temps tout de suite mais tu veux qu'on se voit demain ?

La bile me remonte dans la gorge en sortant cette phrase machinalement. Marvin fait les yeux ronds depuis le bout du divan alors que le silence dans le combiné me rappelle que je ne suis tout bonnement pas fait pour tout ses trucs.

— Pourquoi pas.. tu passes me prendre après le boulot ?

— Ouais pas de soucis, à demain. Dis-je automatiquement comme un putain de robot.

— A demain.

Je raccroche en balançant une nouvelle fois mon portable contre le tapis du salon. Les yeux de mes amis qui font toujours la fête passent de moi à cette foutue machine de technologie avant de reprendre leur activités.

— J'ai paniqué.

— Ouais effectivement ça marche dans les deux sens.. c'est du genre improbable ! Tu veux vraiment que je chie dans mon pantalon mec ?

Il faut que je me repose avant de savoir ce que je vais dire à June demain matin. Grosse connerie, désolé on reporte à une prochaine fois ok ? Ou alors je ne dis rien du tout, ça ira plus vite.

My only one Where stories live. Discover now