Chapitre cent deux

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Point de vue de Jared.

Notre corps-à-corps me retourne le crâne encore plus fort que cette gifle qu'elle m'a assénée avant de me dire qu'elle n'avait prit que quinze kilos. Elle est toujours belle, lumineuse même avec des cernes et incroyablement sexy dans son tee-shirt trop moulant. J'ai envie de faire machine arrière, la prendre dans mes bras en lui promettant de ne plus jamais être un connard, mais je n'arrive pas à le faire. Je suis trop têtu, trop malheureux, trop en manque de cette femme qui m'a bousillée l'existence avec cette grossesse.

Je rentre à la maison silencieusement avant qu'elle ne revienne de sa promenade avec sa ringarde de frangine, mais la sonnette à la porte retentit lourdement. Je sursaute, respire un bon coup en constatant qu'un homme avec une casquette me sourit en mâchouillant son chewing-gum la bouche grande ouverte.

— Bonjour, il me faut une signature s'il vous plaît.

Je signe comme il me le demande en grimaçant de dégoût à la vue d'un bon nombre de cartons devant le perron.

— C'est quoi cette merde encore ? Je demande en le poussant légèrement sur le côté.

— Je dois vous faire la liste complète ? Il y en a au moins pour deux heures avec tout ça.

— Non pas la peine.

L'homme à la moustache collante m'aide à mettre les cartons dans le salon avant de prendre la fuite en me souhaitant bon courage. Je râle, lui rappelle à l'avenir de bien se faire foutre et m'empare d'un couteau de cuisine en regardant la montagne de petits clous et de vis se répandre contre le parquet.

— Bien joué, June..

Un lit a barreaux, une table qui ne sert certainement pas à grand chose et une baignoire en plastique dans une nuance de vieux gris qui me donne soudainement la gerbe. Après plus de trois heures à construire une chambre de nourrisson, je m'octroie une bière et une bonne douche chaude. Enfin faudrait-il déjà que j'arrive à me mettre dans la baignoire tant c'est douloureux de faire le moindre effort. Je retire mon tee-shirt en remarquant les nombreux bleus partant du bas de ma nuque jusqu'à mon ventre ainsi que le sang qui coule encore de certaines plaies. Est-ce que je suis en train de faire une hémorragie ? Ou c'est simplement l'incident de la veille qui me rappelle à l'ordre ?

Je te rappelle tout à l'heure.. oui, oui je vais bien.

La voix de June depuis le salon me fait froid dans le dos. Je ne veux juste pas qu'elle sache que suis dans le seul endroit où elle se sent en sécurité depuis mon départ. Je coupe instinctivement l'eau puis me rhabille en silence en croyant possible d'atteindre la porte d'entrée sans qu'elle me remarque. Je marche dans la pénombre de la maison et me cache comme un malade derrière une porte en l'entendant rejoindre la cuisine.

— Merde..

Je suis fait comme un rat, je n'ai plus d'autre échappatoire possible que de faire mon apparition soudaine dans cette maison chaleureuse où ma femme vit tous les jours seule comme une femme abandonnée. Je respire un bon coup et rentre dans la cuisine où elle danse sur une musique pourrie en croquant comme une affamée dans une part de cheesecake.

— Ahhhh !!

June me donne un coup de torchon en pleine figure en se cassant presque la tête contre la banque.

— Non mais ça va pas dans ta tête !

Elle se tient fermement la poitrine en me fusillant du regard comme elle le fait d'habitude quand quelque chose ne lui convient pas.

— Je te rappelle que je suis encore chez moi dans cette maison. Dis-je en la contournant pour prendre une autre bière dans le frigo. Je ne te dérange pas plus que ça, je me barre.

— Donc tu me rends visite juste pour prendre une bière ?

La colère monte doucement au sein de la pièce, je suis conscient qu'elle ne me supporte plus à cause de mon mauvais caractère mais c'est presque un automatisme, il faut que je me défende avant que je ne replonge dans cette spirale infernale du couple modèle.

— Oui c'est exactement ça.

Je marche rapidement jusqu'à la chambre en récupérant un petit tas de vêtement au hasard dans l'armoire. June me talonne en m'empoignant fermement l'avant-bras comme si elle ne savait pas que je n'ai pas besoin de ça pour faire ce que je veux quand ça me chante.

— Je ne peux plus vivre comme ça, arrête de faire ton enfant et parle moi au moins une fois honnêtement. Il y a beaucoup trop de tristesse dans sa voix. Je me suis trompée.. j'ai besoin de toi dans ma vie, pardonne-moi s'il te plaît.

Ses yeux me quittent une petite seconde en baissant la tête en direction du parquet. Elle se retient de fondre en larmes, j'ai appris à la connaître depuis le temps et je déteste me dire que je suis responsable de tout ça.

— Ne te remet pas en question à ma place..

Je flanche, ma voix se brise autant que mon cœur en la regardant perdre tous ses moyens. Nos corps s'emmêlent soudainement et je la laisse faire ce qu'elle veut de moi tant qu'elle ne me quitte pas une nouvelle fois.

— Tu m'as abandonné.

Les larmes chaudes de cette belle blonde coulent à pleine vitesse contre mon tee-shirt, mais je ne me recule pas, non je n'exprime rien en la laissant faire tant qu'elle en a besoin.

— Je suis tellement désolée.. je voulais prendre la bonne décision mais j'avais tout faux. Ce bébé est le fruit de notre relation, ne l'abandonne pas.

Je ne comprends ni ce que je ressens ni ce que je m'apprête à faire mais je replonge dans cette tourmente qui m'enveloppe de sentiments contradictoires. Je la veux plus que jamais en caressant ses cheveux emmêlés entre mes doigts.

— Je n'abandonne personne, je suis là June.

J'embrasse doucement ses lèvres en la poussant contre le lit. Je retire ensuite son tee-shirt qui lui comprime le ventre en reculant devant ce ballon de football qui me fait de l'œil.

— Je t'assure qu'elle ne mange pas.

Elle me sourit timidement en prenant ma main qu'elle dépose doucement contre son ventre. Je me pince la lèvre entre mes dents en sentant plus ou moins quelques coups de pieds.

— Elle veut déjà être au coin cette merdeuse ?

Putain, je crois que je suis encore plus amoureux de ce rire..

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