Cinq.

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La notion du temps. C'est comme quand tu es petite, et qu'ont t'apprend à compter. On t'explique que le « deux » vient après le « un » et avant le « trois » et ainsi de suite.

C'est incompréhensible, mais fixe et tout le monde suit la même règle. Ça rend la chose tangible.

Le temps autour de moi s'écoule de la même façon, je suis le mouvement, je ne comprends pas ce qu'on m'explique, mais j'entends.

On me raconte ... et j'ai plus envie d'entendre ... j'ai envie que les gens se taisent.

Le docteur Rousseau me visite tous les matins, vérifie mes résultats de la veille, donne de nouvelle directive aux infirmières, des consignes, examens et exercices.

Elle est grande, dans les uns mètre quatre vingt, à la louche. Brune, les cheveux au carré bouclés, de grands lunettes lui mange la moitié des joues. Une peau chocolat lindt. Elle aime les bijoux ... oh putain que oui, j'entends toujours ses innombrables bracelets glingue diguer du bout du couloir.

Oh moins ça me laisse le temps de m'installer confortablement pour l'accueillir. Mon plan est simple, sortir d'ici le plus vite possible, et j'ai bien compris que c'est elle qui en détient la signature.

Sept semaines, sept putains de semaines ... Perdue.

Plus une depuis mon réveille ... genre « réveille ». J'ai même pas le souvenir de mettre endormi.

Ça y est j'ai plus envie de savoir compter.

Tous les soirs Magnus me rejoint et dors ici, avec moi. Et c'est le moment que j'attends le plus, je me fais pas aux infirmiers qui rentrent comme ça au milieu de rien, vérifie une constante, un bip bip de travers, ça me choppe la tension à m'en faire péter les veines ... la bouffe n'est pas aussi dégueu qu'ont le dit, mais si on me propose encore un risotto au poulet je vais dégueuler.

Ça fait réellement trois jours que je suis consciente, j'accepte que ce calcul là, mon calendrier est ma trame de temps, à moi.

Aujourd'hui j'ai le droit à ma première visite en après-midi, et je sais déjà qui va passer cette porte d'une minute à l'autre.

J'ai tellement envie et besoin de le voir. Je ne vais pas y mettre mes mains à couper, j'ai déjà suffisamment de cicatrice comme ça.

Celle sur l'épaule que m'a faite Eula n'est pas « vilaine » elle est visible, mais camouflable.

L'autre en revanche ... je détache mes cheveux, les passe à l'arrière de ma nuque, laisse la masse tomber au-dessus de mon épaule, je tire une poignée de mèche sur le côté de mon visage, je suppose qu'ainsi, celle d'Ivar se verras moins.

Parce que c'est ça ... la cicatrice d'Ivar...

Un toc à la porte, mon cœur s'emballe, avec l'aide de mes mains, je me mets en position assise.

Mais ce n'est pas lui qui passe l'ouverture. C'est un homme, et une femme de la Police, l'uniforme ne ment pas. Et la déception que j'ai dans le ventre non plus.

Je me laisse tomber en arrière. Le lit d'hôpital est en position assise, alors je retombe de peu. Je me demande si ça serait si mal poli que ça que de me rallonger?

Je m'imagine bien prendre la zapette, appuyer dessus, longtemps, et les voir disparaître petite à petit de mon champ de vision, finir allonger et regarder le plafond comme une folle.

Je sais pas ce qui coule dans ma perf ... mais putain.

Elle s'avance vers moi, un sourire chaleureux sur les lèvres.

#2 Ne vie pas trop fortOù les histoires vivent. Découvrez maintenant