Dix-huit.

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La voix dans ma tête ne me lâche pas.

Je suis fatiguée.

Fatiguée d'avoir le sentiment que rien n'est jamais fini. Que tout peut encore partir en live.

Fatiguée de ne jamais avoir de réels répits.

Mais, je ne suis qu'une conne ... je savais que ce n'était pas terminé, c'était certain qu'un jour ou l'autre ils allaient les arrêter.

Vu la gueule des fuyards, on est loin de Mesrine ... Ce n'était qu'une question de temps.

Je le savais, et pourtant ...

J'ai eu beaucoup d'envie ses derniers temps, mais de les revoir n'en fait absolument pas parti !

J'en suis rendu à un point ou je ne sais plus à quoi aurait pu ressembler ma vie, si je ne l'avais pas rencontré. Si j'avais refusé ses avances ... Aujourd'hui ... je serai qui?

J'arrive même pas à être réellement en colère, ni triste, ni impatiente de les confronter ... j'aurais préféré qu'ils crèvent, tous les deux éclatés contre un rocher dans leur fuite, et qu'ont nous disent juste qu'ils ont découvert un crâne dans le sable, après qu'un chien est reniflé une boîte de conserve de 1972 charrié par les eaux.

Franchement je m'en serais contenté. Je ne suis pas chiante comme meuf.

Dans le hall du commissariat, la lumière est trop vive, il est tôt et pourtant c'est déjà l'effervescence ici.

L'agent Leroy nous accueille immédiatement.

- Merci d'être venu, je vous en prie, suivez-moi.

Gentiment elle nous indique le chemin, et nous entrainent loin de l'agitassions. J'apprécie.

Magnus est tendu, il ne pipe pas un mot depuis que nous sommes descendu de la voiture, il se tient droit, de toute sa hauteur. Comme un chien de combat prêt à partir dans le tas. Je jure que, parfois son changement de comportement me fait suer.

Je n'ai pas peur de lui, j'ai compris depuis longtemps que je ne risquait rien. Mais ... j'ai appris aussi, qu'il ne fallait jamais dire "Jamais" ...

Parfois je redoute cette version de lui qu'il refuse de me montrer par principe, mais tout le monde à l'exception de Viggo, en a été témoin au moins une fois ...

La mâchoire contractée, le regard droit, perçant, il tient fermement ma main, mais discrètement, son pouce glisse doucement sur ma paume, à l'abri des regards il me donne le peu d'affection qu'il est capable de m'offrir.

Je n'ai pas besoin de plus.

Un bureau de police, c'est fait pour vous mettre dans le bain direct, rien n'est fait pour que tu t'y sentes à l'aise, l'idée étant plutôt de rendre ta visite la moins confortable possible. Et ça fonctionne.

Tout est froid, droit, gris, blanc et beige. les néons illuminent l'espace, les sièges ne sont pas confortables, fait d'un plastique lisse, tu passe ton temps à glisser dessus comme une carpe, je n'ai jamais fait autant de gainage qu'en étant assise ici.

Magnus lui, dépasse de partout, à tout moment il éclate la chaise, et finit le cul par terre.

- Je vous en prie, installez-vous.

Trop aimable ...

- Je ne vais pas y aller par quatre chemins, la nuit a été relativement courte...

Elle prend une longue gorgée de café, s'avachit légèrement dans son fauteuil, et ajoute;

- Ils ont été interpellé dans une ville dans le sud de la France, à la frontière Espagnole. D'après les informations que nous avons réussi à obtenir, Ils étaient chez un ami de la famille de Monsieur Erikson. Tous les deux nient les faits qui leur sont reprochés.

#2 Ne vie pas trop fortWhere stories live. Discover now