Vingt-trois.

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J'ai mal ...

Le bruit autour de moi est assourdissant, pas plus que l'acouphène qui me vrille les tympans ... Une douleur électrique me paralyse la main et l'avant-bras ... J'ai du mal à respirer, la nausée m'assaille ... Mes craintes, elles, se confirment et m'épouvante.

J'ai dû me péter un truc.

Non, lui.

Lui ... il l'a fait.

Je voulais juste partir, en finir avec tout ça ... On ne s'aime plus, depuis si longtemps ... Des semaines que je prépare le truc, que je peaufine les détails, la façon de faire ...

J'ai été suffisamment conne pour croire, que je connaissais ses limites ... je ne le pensais pas capable de ça... J'aurais dû fermer ma gueule ... Tout est de ma faute.

J'ai du mal à comprendre ce qui se passe, me relever et impossible, une douleur névralgique me cloue au sol, m'écrase sous mon poids, je retombe face contre terre. La fine peau sur mon arcade éclate, je vois en bicolore.

Il m'a fallu, tout mon courage pour lui dire ... j'ai aussi pris ma meilleure dose de blanche, histoire de foutre en berne mes red flag ... J'aurais dû le savoir ... J'aurais du le deviner.

Je l'ai attendu à la sortie de son cours de sciences, au bord du malaise tellement mon rythme cardiaque est erratique, j'ai chaud, froid ... mon sac est un poids mort sur mon dos, petit, le strict nécessaire. Je ne possède pas grand-chose dans le fond.

Il sort mort de rire accompagné de ses potes de classe, comme à chaque fois il donne le change, m'enlace, m'embrasse amoureusement... Il est si convaincant que même moi je pourrais m'y m'éprendre. Quand le groupe s'éparpille je traine la pâte, j'attends que tout le monde s'éloigne... Faire en sorte qu'ils emmènent avec eux mes doutes, c'est un autre délire.

- Pourquoi tu traines?

Sa voix est autoritaire, tranchante. Il n'a de la tendresse pour moi, que quand son public en est témoin.

Red flag ... chut ... Je resserre mentalement les liens... Je vais nous libérer ... Me libérer ... Je dois le faire... Faire taire ma trouille, c'est elle qui me garde prisonnière dans cette merde ... je dois le faire, oui, je dois le faire!

- On peut... parler?

Il se fige, net. Tourne sur ses talons, en équilibre avec ses bras, il en danse presque. Dans un regard circulaire, il cherche autour de lui ... j'en fais de même, par mimétisme, et par sécurité, le couloir se vide de monde ...

Red flag ... Il hausse les sourcils, un rictus sévère au coin des lèvres.

- J'espère chérie ... que c'est important.

Il sait jouer de sa taille, et de sa carrure pour m'impressionner, quand il n'y a pas de public, il redevient mon Ivar ...

Respire ... tu sais quoi lui dire, j'ai tout un texte en tête, le cracher le plus vite possible... je nous rends service ... dis-lui ... Liv putain dit lui!

- Pourquoi tu as ton sac à dos?

Merde ...

Nerveusement, je resserre la hanse autour de mes épaules, à la limite de m'en couper la circulation sanguine. Il grince des dents, au rythme des pas qui le rapproche de moi. Mais reste à deux pas.

Je connais la taille de ses enjambées, ça m'aide à calculer mes reculs.

Il souffle lui-même dans mon Red flag ...

#2 Ne vie pas trop fortWhere stories live. Discover now