Vingt-deux.

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Viggo me passe devant, on se dévisage en silence, avant tomber à genoux devant elle. Il s'empare de sa tête, et la soulève. De sa main gauche il appuie sur le côté de sa mâchoire pour lui ouvrir la bouche, il regarde à l'intérieur, y passe deux doigts, sur le côté des joues, le dessous de sa langue. Retire au fur et à mesure l'excédent de nourriture qu'elle vient de vomir.

- Passe moi la bouteille d'eau...

Sans me regarder il me tend la main, et je m'exécute.

Son corps est inerte, mou de vie ... Je sais qu'elle n'est pas morte, sa poitrine inscrit un mouvement de vague respiratoire, mais elle en a l'aspect. Et dans mon cœur l'impact de la voir comme ça est le même, je repars loin dans mes souvenirs ... à l'hôpital ... la peur, le manque, une bile chaude me brule la gorge. J'ai les tripes qui se grippent.

J'ai le cœur en chute libre.

Je cherche autour de moi, une bouteille d'eau, une carafe, n'importe quoi ... je trouve, la prend et lui donne dans la foulée, je suis au bord de la crise d'hystérie

Immédiatement, tout en gardant son visage sur le côté, il lui rince le visage.

- C'est bon, elle n'a plus rien dans la bouche.

Il sait ce qu'il fait et ça me bute encore plus.

Il a à peine fini sa phrase, que je prends la suite, j'ai besoin de la sentir contre moi. Je l'éloigne de la marre de gerbe à nos pieds.

En équilibre dans mes bras, elle respire timidement. A quand remonte sa dernière crise? Le médoc n'a pas eu le temps de faire effet, je le voie flotter dans la flaque ...

Elle s'est évanoui de douleur ... je suis en miettes. J'ai mal aux dents à force de les garder serrer, dans l'immédiat, je ne sais pas si je vais chialer ou tout juste péter un câble.

Je dois me calmer ... le temps de m'occuper d'elle.

Je me relève en la gardant bien précieusement dans mes bras, je ne regarde personne, traverse le groupe comme Moïse, j'en ai rien à foutre de leur question, je ne les écoute pas, ne leur prête même pas un regard. Ma priorité c'est elle ...

Les deux seuls qui me suivent vers ma chambre son Viggo et Darryn, je vais m'occuper de leur cas plus tard. J'entends Viggo râler quand je lui ferme la porte au nez.

Rien à foutre. Lui aussi il va attendre.

Je l'allonge sur le lit, son pull est trempé d'eau et de vomi. Je ne peux pas la laisser dormir comme ça ... Je lui retire aussi doucement que je peux ... Quand sa tête passe enfin le cole de son pull, elle rebondit mollement contre le matelas ... Inerte.

Sous bien des aspects, elle paraît morte ...

Je passe ma main sur sa bouche, sans la toucher ... je retiens ma respiration jusqu'à sentir la sienne me chatouiller la peau.

Elle respire.

J'ai les oreilles qui résonne encore de ses cris ... les mains qui tremblent, et je peine à me contrôler. J'ose pas la toucher ...

Une marque rouge commence déjà à apparaitre sur son épaule, mais aussi quatre grosses zébrures en dessous du sein ... Je ne l'ai même pas vu se griffer.

Elle va avoir besoin de repos, et d'être à l'aise. Sans trop réfléchir, en guide automatique, je fouille dans ses fringues, j'en trouve des bien larges et confortables, comme elle apprécie.

Je commence par lui passer un de mes hoodies, elle tremble de froid ou de douleur ... j'en sais tellement rien que dans le doute je préfère y aller tout doucement ...

#2 Ne vie pas trop fortWhere stories live. Discover now