Huit.

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Il s'est endormi... nu, transpirant, nos jambes entrelacées dans un dernier câlin. Je n'ai pas réussi à le suivre dans cette sieste, ce n'est pas faute qu'il soit sacrément confortable ...

Imagine, y'a un nombre max de personnes qui peuvent dormir en même temps sur terre, et quand t'arrive pas à dormir, c'est parce que ... t'es sur la liste d'attente !

ça se tient, non ?

J'ai le cerveau en roue libre ... Pour changer.

Il y a pas mal de choses qui déterminent ma vie.

Pendant longtemps je me suis conditionné dans ma peur, mes souvenirs, mes craintes ... le starter pack de la meuf traumatisée. Cette peur viscérale je l'ai trainée comme un boulet si longtemps... qu'elle s'est ancrée en moi, comme un organe supplémentaire.

Aujourd'hui, j'ai le sentiment d'être amputé.

Je n'ai plus peur. Je pense que j'ai vu la mort de trop près pour avoir réellement peur de quoi que ce soit encore. Ivar ne me terrorise plus. Et je crois, que cette réalité-là me fait bien plus flipper que le reste.

Je l'ai compris sur le bateau ... et c'est encore là. J'aurais pu juste avoir un moment de courage pour essayer de nous sauver. Mais la vérité est ailleurs. J'avais plus peur de perdre Magnus, que de lui.

Je pensais qu'il avait poussé ce sentiment-là au paroxysme chez moi, que rien ne me terroriserait plus que lui... J'avais tout faux. Mais alors à un point ...

Je laisse mes doigts survoler son abdomen, son tatouage est déformé par la cicatrice, ce qui rend le crâne à l'encre noir encore plus terrifiant. Mais en un sens ... ça le sublime presque.

C'est un bout de squelette après tout, on s'attend pas à un sourire colgate qui t'invite à regarder Princesse Sarah.

Mon cœur, ma hurler qu'il était mort quand il l'ont hissé sur le bateau, et aujourd'hui ... Il est là, transpirant de chaleur et de vie contre moi. La vie est une pute. Singulière et injuste.

Ma peau est fondue sur la sienne, et pourtant je me sens en manque de lui, comme une envie de le mordre pour en garder un morceau ... chelou.

Elle n'a pas dit qu'elle me filait un dosage plus soft? Ou alors je fais une réaction maniaque aux médocs ...Je dois m'inquiéter?

Je me sens comme le capitaine Barbossa dans pirate des caraïbes, couverte d'une malédiction, rassasiée de rien ...

Son téléphone sonne, il sursaute nerveusement, ce qui m'éjecte de lui. Je me rattrape à son biceps. Ses yeux sont grands ouverts et ne me quittent pas, la bouche entrouverte il respire par accoup. Deux secondes et il se laisse retomber dans son lit, passe une main rude sur son visage, et m'attire à lui;

- Putain ... Tu ressemble ... à une hallucination...

Je reprends ma position initiale, enlacent encore plus mes jambes, dans un Tetris insolvable. Laisse mes doigts jouer dans sa barbe avant de l'embrasser.

Il m'étreint si fort contre lui ... Ce sentiment de puissance qu'il dégage... c'est enivrant.

Son téléphone sonne une nouvelle fois, enfin, il se décide à décrocher.

- Mmh ?

J'entends la voie de Douglas, qui résonne en écho dans le combiné, mais aussi en bas.

- Toute la petite bande débarque dans une heure.

- Mmhh ok ...

- Interdiction de s'endormir, bouge ton cul!

Sans cérémonie il raccroche, le laisse tomber au sol. Cette fois-ci, il se tourne vers moi, aligne nos visages à quelques centimètres;

#2 Ne vie pas trop fortWhere stories live. Discover now