Vingt-neuf.

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Je sais pourquoi je déteste dormir ici ...

Elle n'a pas de volet.

Qui? Mais qui décide, que ce n'est pas nécessaire? Même enfoui sous la couette, la lumière céleste me trouve... franchement ça casse les couilles.

J'ai plus vingt piges moi, j'ai besoin de dormir après une grosse caisse ... Sortir du lit me demande toute ma motivation, et le reste de ma dignité. J'ai réparé des vieux tacos qui grincé moins que moi.

J'ai encore plus les boules quand je vois que Liv n'est pas là, elle est partie courir, comme me l'annonce le petit mot laissé sur la table. Courir ...

Je prends une balle perdue. Moi je suis là à essayer de me souvenir comment je marche, et elle, elle est partie cuver en courant. Heureusement que je l'aime, parce qu'une partie de moi pourrait vraiment la détester.

J'arrive pas à m'extirper de mon brouillard, rien ne m'y oblige dans le fond. Personne ne va bosser aujourd'hui.Darryn a pris sa journée. Douglas accompagne Sibylle à ses rendez-vous médicaux, elle approche de la fin de sa grossesse, ma filleule ne va pas tarder à montrer le bout de sa trogne.

J'ai hâte.

Je ne veux pas d'enfant, là-dessus je reste raccord. Les gens font souvent le raccourci entre ne pas en vouloir et ne pas les aimer. Ceux qui sont deux choses bien distinctes. J'aime les enfants, sincèrement. Et c'est justement pour ça, que je n'en veux pas.

Je n'ai pas les épaules pour ça, être honnête, c'est la base de la confiance en soi. Je ne suis pas fait pour le rôle du "papa" et je refuse d'être un "père".

Tu vois? Le chef de famille, distant, peut présent, juste là pour jouer le rôle de l'autorité suprême. Un mec qui n'existe que de temps en temps dans la vie de ses enfants, parce que c'est sa femme qui gère tout?

Mon père quoi. Et je refuse.

Mais aussi, et je dois bien l'avouer, être "papa" ne m'intéresse pas plus. Être responsable d'un être humain qui n'a rien demandé, à qui tu dois tout donner, sans savoir au préalable si tu en es réellement capable. Tu signes un CDI à vie, à l'aveugle, en croisant les doigts pour être à la hauteur.

L'angoisse.

L'odeur du café me chatouille les narines, et me sort de mes pensées. Je m'en serre une tasse avant même que la cafetière soit pleine. Une goutte tombe sur la plaque chaude et s'éclate dans un crépitement aigu, avant de disparaitre. 

J'admets que Liv a ouvert une brèche chez moi, avec elle je me dis que j'aurais pu imaginer la chose. Et même là, je n'ai pas de garanti ultime.

Je ne suis pas stable, elle non plus. Aucun enfant ne mérite d'être un stage de stabilité pour adultes en quête d'équilibre.

J'ai tiré un trait sur cette conversation il y a bien longtemps.

Mais à part le fait qu'elle n'est pas de volet, j'avoue que j'aime être ici. C'est calme, ça sent bon, c'est douillet. J'habite pas ici, et j'y ai passé que peu de temps, mais je sais ou se trouve chaque chose. Pas parce que j'ai une super-mémoire, non, c'est juste qu'elle range compulsivement tout à sa place.

Donc je n'ai aucune difficulté à mettre la main sur une coupe ongle, alors que même chez moi, je ne sais pas où il est. Ça me fait rire ...

J'ai encore de sévère reste d'hier soir ... mon tympan droit est partie en voyage et l'autre ne comprend plus que l'espagnol. Cette journée s'annonce particulièrement longue et pas productive. J'ai déjà la flemme.

#2 Ne vie pas trop fortOù les histoires vivent. Découvrez maintenant