Six.

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Pendant les jours qui suivent tout se ressemble et m'emmerde.

Je suis heureux comme un con à chaque fois que je la vois, et pourtant j'arrive pas à en profiter pleinement.

Les raisons sont nombreuses, en tête de liste avec des grandes flèches jaunes qui clignotent, Ivar. Toujours en fuite, introuvable aucune trace ... Quedal ... Eula aussi d'ailleurs, mais ce n'est pas elle qui me fait suer.

J'ai encore appelé les flics ce matin pour avoir des news, mais rien de nouveau en enfer ... pour changer.

Liv n'en parle pas ... ou à demi-mot. Sans jamais aborder le sujet frontalement, et je ne la lancerai pas dessus. Qui pourrait le lui reprocher franchement ? Même moi ça me gave ...

En deux, le garage. Je charbonne comme un taré en journée pendant que les autres vont lui rendre visite à tour de rôle, c'est leurs orga, je ne m'en occupe pas. Mais le soir, c'est ma place. C'est comme si une routine se mettait en place depuis quelques semaines ... Eux le jour, moi la nuit, et elle ... tout le temps.

En trois, ma mère. Elle a le don de me monter en l'air autant que je l'aime... Je sais qu'elle ne pense pas à mal, mais merde je ne suis pas un de ses élèves qui paye une couille pour la voir en conférence. Je ne sais même plus à quel moment on a arrêté de se comprendre ... On n'arrive pas à se parler sans que ça parte en vrille ... Maja essaye de calmer le truc, mais c'est peine perdue.

En dernier ... Liv. Elle n'exprime pas grand-chose, elle est toujours contente de me voir, m'accueille avec tout son amour mais je ne suis pas aveugle, je vois. Je la vois elle, cacher son visage par honte, sursauter quand une porte claque dans le couloir, appréhender quand son téléphone sonne. Je la sens frissonner quand je la touche, avant de s'abandonner complètement dans mes bras.

Elle se fait violence, continuellement. Et moi je suis là comme un con à ne rien pouvoir faire de plus.

La police s'est déplacé pour prendre sa déposition, j'ai insisté pour être là. Ils ont refusé la première fois, puis voyant que ma tête de mule préférée leur disait que dalle, ils ont fini par "tolérer" ma présence.

Il en faudra bien plus pour m'empêcher de la soutenir dans toute cette merde.

L'enquête piétine, et Darryn est en roue libre, il refuse d'aller la voir sans avoir de bonne nouvelle à lui donner... Laura est repartie il y a deux semaines déjà, Douglas est impuissant ... tout comme moi, alors on se contente de canaliser le truc, fait en sorte qu'il n'y est pas de débordement. Ma mère elle est en mode chaperon, et nous reproche de ne pas plus "l'aider". Elle n'a peut-être pas complètement tort ... Mais la vérité, c'est qu'on ne peut rien faire à sa place. Dans le fond il tient le cap, il bosse à la fois avec nous et sur l'enquête, vient à la salle, sort au 89, sauf qu'il a dans le museau plus de poudre qu'escobar en pleine gloire.

Je suis tête la première sur ma V-rod, pas compliqué, je la connais par cœur, mais je suis courbaturé comme une vieille barbaque, et tenir la position commence à me foutre dans le mal.

Je suis allé me défouler sur le ring ce matin en sortant de l'hôpital, Anders et Douglas sont venus aussi. Tous les trois c'est le triangle des Bermudes... l'entreprise d'Anders tourne bien, mais il est toujours dans l'attente d'être naturalisé ... il tourne en rond en attendant le sésame ou pas. Douglas lui est inquiet, il dégouline de stresse, entre son frère et sa future femme y'a compet.

Mais on est là, on tape, évacue, continue.

Moi ... Je laisse le temps passer jusqu'à 19 h, tout est bon à prendre pour que ça passe plus vite, mais en vrai, le contenu même de mes journées m'importe peut.

#2 Ne vie pas trop fortWhere stories live. Discover now