Vingt-sept.

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Je m'en veux ...

C'était égoïste de ma part, de le confronter à ses peurs. Et en même temps, il passe son temps à me prêcher la bonne parole sous prétexte que c'est la meilleure façon de faire. Pour mettre fin à cette histoire. Et dans un même temps, je suis témoins des siennes.

Je voulais pas le brusquer, ni même lui faire de mal. Il ne risquait rien à si peu de distance du rivage.

Mais quand je l'ai entendu me rabâcher "la bonne conduite" ... Il y a un truc qui à vriller, j'ai soufflé sur la bougie, black-out des sentiments.

C'était risqué. Tellement.

Sa colère m'a à peine surprise. Je sais qu'il s'en veut d'avoir craqué. Mais ...

Depuis je constate deux choses.

Il est apaisé. J'en tire un réel sentiment de satisfaction ... Depuis nous allons à la plage tous les soirs. Profiter des derniers jours de chaleur avant l'automne. Je vois bien que ce n'est pas toujours acquis, par moments il reste assis sur sa planche, se perd dans les profondeurs en dessous de lui. Comme paralysé à l'idée de tomber, et la seconde d'après il revient à lui, plus confiant que jamais.

En deux ... aussi chelou que ça puisse paraître. Il a moins peur. Moins peur de me péter à la gueule, ou que j'en sois témoin. Il ne l'a pas verbalisé comme ça, mais ... En rentrant ce jour-là, il a passé tout son temps à guetter les marques de ses ongles sur ma mâchoire. Honteux et encore plus en colère. Puis une fois qu'elles se sont estompés, son sourire est revenu.

Je n'ai pas relevé le truc, je ne vais pas me formaliser d'un truc aussi con, vu les marques que je suis capable de lui laisser dans le dos ... Mais surtout, ce n'est rien.

J'ai ouvert chez lui bien plus de cicatrices, que de marque qu'il n'a laissée sur moi. Et je m'en fous.

Il sait excusait pendant des heures, forcément, c'est Magnus, il n'allait pas si facilement passer l'éponge là-dessus. Plus obnubilé par les petites lunes qui disparaissent sur mes joues. Que concernés par ce que je venais de l'obliger à faire.

Dans le fond, ce fustigé pour ça, l'empêcher de m'en vouloir, à moi.

Que les autres soit là ou non, la plage est devenue notre échappatoire de la journée. Lui comme moi, on a besoin de cette parenthèse-là. Je sens bien que la date accélère tout, alors que dans le fond, la seule chose dont j'ai besoin aujourd'hui, plus que jamais, c'est de prendre mon temps.

Même pour ne rien faire. J'ai besoin de prendre mon temps, pour rien.

Cette putain de date annonce trop de choses, la fin d'une longue histoire, la fin de l'été, la fin de l'ancienne Liv. Le début d'un inconnu.

Et si je suis un minimum honnête avec moi-même, ça me fait bien plus flippé que le reste.

Anders avait raison,

"l'expérience est une lanterne accrochée dans ton dos, mais elle n'éclaire que le chemin parcouru"

Malgré les souvenirs qu'elle illumine quand je regarde par-dessus mon épaule ... Parfois, ça m'effraies moins que l'inconnu auquel je dois faire face.

Je suis avec Viggo au salon de tatouage, ce soir c'est son anniversaire, nous sommes le 7 septembre ... Je coche les cases sur mon calendrier imaginaire. Une après l'autre. Une de moins avant celle que je vise.

Perso je préfère le calendrier de l'avant en décembre. Au moins chaque jour je bouffe un petit chocolat en forme de sapin à la con. C'est moins pathétique que ça n'en a l'air. Promis.

#2 Ne vie pas trop fortWhere stories live. Discover now