Sept.

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J'en crois pas mes oreilles, et en même temps j'espère qu'elle ne se fout pas de ma gueule ... je ne vais pas trouver ça drôle ... Je bafouille ;

- Vous ... êtes sérieuse ?

Le docteur Rousseau s'esclaffe, s'installe au pied du lit, remet en place ses bracelets et lisse sa blouse blanche, avant d'ajouter.

- Tout à fait sérieuse, mais seulement à certaines conditions.

Elle est interrompue par son téléphone qui sonne, regarde l'écran, raccroche illico et le range dans sa poche.

- Excusez-moi, je disais... Oui, je vous laisse sortir, mais comme vous vous en douter, vous allez avoir un suivi médical pendant un certain temps, qui reste à définir en fonction des résultats.

Elle ne blague pas, je vais enfin quitter cette chambre, qui pue le Dakin à plein nez et dans laquelle on rentre comme dans un bar ... Alléluia !

J'attrape les documents qu'elle me tend;

- Voici l'ordonnance pour vos nouveaux anxiolytiques, et somnifères, j'opte pour une prescription légère, dans l'idée de finir sur un sevrage d'ici à la fin de l'année, ensuite je vous prescris également de la kiné, pour continuer la mobilité de vos cicatrices, et en dernier le protocole médical, avec les rendez-vous à respecter.

Le protocole ? Attend ... je te le sors dans le mille, et dans l'ordre. Pas d'alcool, ni de drogue, huit heures de sommeil, pas d'effort physique intense ... bref, je lui fais oui de la tête histoire qu'elle ne change pas d'avis, mais dans l'idée je suis déjà en train de fumer un pétard, une bière dans ma main droite et Magnus dans la gauche...

Je suis privée de tout depuis des mois, si elle compte sur moi pour continuer ... J'essaie de ne pas me monter trop impatiente ... Garde une mine impassible.

- Je peux partir quand ?

- Quand vous voulez, si vous vous en sentez prête.

- Aujourd'hui ?

Mon cœur bat la chamade, rien qu'à l'idée de me barrer maintenant me donne envie de courir ... ça sort spontanément, le pire c'est qu'elle en semble même pas surprise, elle laisse tomber ses deux mains simultanément sur ses cuisses, remplissant la chambre de petits cliquetis métalliques, elle me lance un clin d'oeil.

- Je vous sais bien entourer, je n'y vois pas d'inconvénient.

Je trépigne dans mon lit en attrapant mon téléphone, je commence déjà à chercher le numéro de Magnus alors qu'elle n'a pas encore quitté les lieux, elle s'arrête, et ajoute gentiment.

- J'ai en ma possession les résultats de votre examen gynécologique, je sais que vous ne souhaitez pas les connaitre, mais je le garde dans votre dossier si vous changez d'avis.

J'allais appuyer sur appeler ... au lieu de quoi je croise son regard, son expression inquiète, et en soi ... c'est déjà une réponse. Je n'ai pas envie de savoir, j'ai accepté de le faire car dans la procédure je devais le faire. Sinon de moi-même je n'aurais rien fait.

- Merci Docteur ...

Sort ... sort s'il te plaît, je n'ai pas envie de parler, j'ai envie de me casser d'ici, et temps qu'elle m'observe je me sens sous son courroux ... elle peut changer d'avis et me garder là jusqu'à ... la fin de l'enquête ?

- Je vous en prie a dans deux semaines Mademoiselle Noren, prenez bien soin de vous.

Et elle sort, enfin. Je reprends mon téléphone et appuie sur le petit logo vert. Ça ne sonne pas longtemps, comme à chaque fois, à croire qu'il s'est greffer son téléphone sur le crâne.

#2 Ne vie pas trop fortWhere stories live. Discover now