Charles et Nadia se ressemblent bien plus qu'ils ne veulent bien l'admettre, tous deux subissent la pression d'être des athlètes.
Nadia Ivanova X Charles Leclerc
Ops! Esta imagem não segue nossas diretrizes de conteúdo. Para continuar a publicação, tente removê-la ou carregar outra.
Kyiv ou Kiev, cœur de l'Ukraine, qui bat à cent à l'heure. La Statue de la Mère-Patrie surplombe la ville pour rappeler la puissance soviétique d'antan. Les voyageurs se pressent dans l'allée centrale comme pour quitter l'avion au plus vite. Il y a des enfants revenant sans doute de chez leurs grands-parents russes, des travailleurs rentrant pour le week-end. Et il y a Nadejda dans toute cette ferveur.
Sur chaque pancarte dans cet aéroport, la ville est indiquée sous deux langues. Ici, les langues se confondent, elles se mélangent à travers des mots communs et paradoxalement les langues se distinguent à travers des prononciations différentes.
Comme les deux peuples soviétiques.
Les ukrainiens sont courageux.
Les russes sont fiers.
Leur seul point commun est qu'ils sont patriotiques.
Nadejda se souvient de son grand-père, il racontait la guerre en Afghanistan de l'armée rouge. Les soviétiques ne se posaient pas de questions, il fallait asseoir le communisme en préservant le régime en place. La force du bloc de l'est face à celui de l'ouest, les soviétiques face au monde entier alors que les USA soutenaient les résistants afghans.
Son grand-père disait qu'au sein de l'armée rouge, les soldats ne se posaient pas de questions. Ils obéissaient, ils servaient la Patrie avec bravoure. Ils portaient haut les drapeaux rouges, représentent le sang des défenseurs de la révolution populaire, sans jamais flancher. Des sacrifices par génération, il fallait que ça soit fait.
Son grand-père a survécu à la guerre en Afghanistan.
Il a survécu à Tchernobyl en ayant travaillé comme liquidateur.
Il a survécu.
C'est ce que le gouvernement a dit en ne le comptant pas dans les chiffres.
Tchernobyl est un tombeau.
Celui de milliers de soviétiques qui ont collecté des débris radioactifs, du granite, dans une courte fenêtre de quatre-vingt dix secondes, comme si cela allait suffire à limiter leur exposition aux radiations.
Tchernobyl est un tombeau.
Celui d'une vingtaine de pompiers qui ont tenté d'éteindre un incendie, le genre d'incendie nucléaire qui ne s'éteint pas avec de l'eau.
Tchernobyl est un tombeau.
Celui où même les robots télécommandés européens sont enterrés, parce qu'ils tombaient comme des mouches sous les radiations.
Mais le gouvernement disait que les hommes ne tombaient pas.
Tchernobyl est un tombeau.
Pourtant, le nombre officiel de victimes donné par l'Union Soviétique reste inchangé depuis 1987.
Il est de trente-et-un.
Nadia devrait rajouter deux personnes à la liste. Elle devrait y rajouter son grand-père décédé des suites d'un cancer de la thyroïde dix années après la catastrophe et elle devrait également y ajouté sa sœur, Katia.
