quarante-et-un

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je ne mets pas de TW sur des extraits car l'ensemble du chapitre traite des chimiothérapies, comme les prochains chapitres

je ne mets pas de TW sur des extraits car l'ensemble du chapitre traite des chimiothérapies, comme les prochains chapitres

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Nadejda n'a rien d'autres que des écouteurs dans ses oreilles. Ses yeux sont fermés, elle reste appuyée sur le dossier de cette chaise. Seul le liquide de la chimiothérapie continue de s'infiltrer dans son corps, par l'intermédiaire du cathéter central au niveau du pli de son coude.

L'ukrainienne porte un casque réfrigérant, ayant pour but de retarder la perte de ses cheveux, mais Nadejda ne voit pas l'utilité de ce dernier. Elle continue de le mettre pour ne pas froisser l'infirmière, elle pouvait déjà s'arracher des poignées de cheveux avant même le début de la deuxième chimiothérapie.

Elle a les lèvres pincées, n'écoutant que d'une oreille distraite Carla parler. Elle raconte des péripéties de sa dernière randonnée avec Arthur où ce dernier s'est trompé sur le chemin du retour, leur faisant faire un détour dans les sentiers longeant le Rocher.

Nadejda se souvient de sa sœur dont le crâne était rasé. Elle ne portait que des turbans et Nadejda est prête à passer par cette case inéluctable, pourtant elle n'est pas rassurée à l'idée de perdre ses cheveux. Ils sont l'âme d'une patineuse, elle passait ses soirées à entrenir leur longueur, ses matinées à les coiffer dans des chignons impeccables pour ses représentations. Ses cheveux bruns lui arrivent jusqu'à la taille depuis toujours.

Quand l'ensemble du produit s'est écoulé, Nadejda est engloutie par une fatigue inégalable. Ses membres sont ankylosés à force de rester assise sur cette chaise et lorsqu'elle rejoint sa chambre d'hôpital pour y passer le reste de la journée et la nuit sous surveillance, Nadejda se sent soudainement moins bien.

Elle est nauséeuse et il y a cette désagréable sensation d'avoir la bouche pâteuse si bien qu'elle s'allonge sur le lit pour s'endormir aussitôt durant deux heures consécutives. Elle se réveille en entendant des voix dans le couloir dont une qu'elle reconnaît entre milles. Son accent slave est fort, il écorche tous les mots francophones comme à son habitude.

Nadejda sent son cœur s'arrêter lorsqu'elle observe la poignée s'abaisser, la porte s'ouvre et elle finit par apercevoir l'avant d'un fauteuil roulant s'immiscer dans la pièce, mais Nadejda ne voit que Sacha.

Elle ne l'a pas vu depuis dix-neuf mois, depuis le mois décembre deux-milles vingt-et-un. Avant la guerre, avant les jeux olympiques, avant son accident et une éternité semble s'être écoulée.

Alexandre semble métamorphosé et elle ne fait que le fixer.

Ses yeux sombres s'arrêtent sur son crâne rasé par l'armée, elle ne le reconnaît presque pas tandis qu'il avance son fauteuil avec difficulté, jusqu'à son lit, avec la seule force de ses bras. Elle s'attarde sur les rangers qu'il porte aux pieds, il semble tout à fait normal et Nadejda en viendrait à croire qu'il pourrait se lever sur ses deux jambes. Pourtant il n'en fait rien.

C'ÉTAIT ÉCRIT » Charles Leclerc ✓Where stories live. Discover now