vingt-huit

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Le regard sombre de Nadejda se perd sur le monégasque, il est appuyé contre un rebord, au fin fond de ce garage rouge

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Le regard sombre de Nadejda se perd sur le monégasque, il est appuyé contre un rebord, au fin fond de ce garage rouge. Ses yeux clairs parcourent un petit carnet qu'il tient dans ses mains jonchées de chevalières.

Ses traits sont tirés montrant toute la concentration qu'il fournit pour relire des notes inscrites à la main, sans aucun doute des indications sur les points de freinage et les points de cordes de ce circuit italien. Et Nadejda ne cesse de l'observer lorsqu'il titille sa lèvre inférieure en étant plongée dans une profonde réflexion.

Elle ne peut le lâcher du regard depuis le début de ce week-end. Ses yeux sont irrémédiablement attirés par sa combinaison qui la plonge dans une nostalgie profonde, dans une vie antérieure que Nadejda avait oubliée. Elle avait oublié cette époque sombre où tout n'était que peur et attente.

L'attente irrévocable de voir partir Katia, l'attente interminable de la venue de la faucheuse dans sa chambre d'hôpital. Cette même attente qui s'est suivie d'un soulagement inconsidérable lorsqu'elle a enfin fermé les yeux. Nadejda a enfin pu terminer son deuil qu'elle avait commencé de longs mois avant, lorsque Katia était rentrée à l'hôpital, pour ne jamais en sentir.

Charles est habillé de jaune, un jaune unique en son genre dont Nadejda connaît la nuance par cœur. La couleur de son pays, la couleur ancrée dans ses veines et la couleur préférée de sa sœur. Il s'agit de la couleur des pissenlits que Nadejda ramassait pendant qu'elle était à l'hôpital, c'est désormais la couleur de son étoile.

Elle a si mal.

Et paradoxalement, elle sourit lorsque son regard clair croise le sien. Elle ne saurait dire par quel coup du destin mais quelqu'un l'a mis sur son chemin. Ses fossettes se creusent, il offre un sourire dans sa direction en déposant son carnet sur un rebord où se trouvent toutes ses affaires.

Nadejda reste admirative devant lui, il dégage une prestance qu'elle n'a rarement vu. Il dégage une sérénité extérieure qu'elle aimerait acquérir, même si elle sait que la tempête frappe dans sa tête, et que son cerveau est au bord de l'implosion ces derniers jours, à cause de toute cette pression qu'il subit jour et nuit.

Pourtant dès lors que son casque se pose sur sa tête, son regard clair semble s'apaiser et Nadejda aperçoit réellement l'accalmie qui saisit ses pupilles dilatées. Il n'y a qu'au volant de cette monoplace qu'elle peut l'observer se déployer et venir détendre les traits de son visage dès que ses mains gantées frôlent les boutons de son volant pour s'élancer sur ce circuit.

Elle réalise à quel point ce sport est rapide et à quel point il est dangereux. Le respect qu'elle a pour Charles ne fait que s'accroître, encore plus lorsqu'il arrache la pole position sur ce circuit italien. Et le sourire étirant ses lèvres est la plus belle chose que Nadejda peut observer.

Il le garde tout le reste de la journée, durant les interviews qu'il effectue, durant les vidéos qu'il tourne avec son équipe de communication. Nadejda ne fait que l'attendre, assise sur une chaise du garage, elle trouve le temps infiniment long. Elle n'a plus Charles à observer depuis qu'il a disparu pour se confronter à la presse, il ne reste que ses pensées et ces dernières sont en ébullition.

C'ÉTAIT ÉCRIT » Charles Leclerc ✓Where stories live. Discover now