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Nadejda perce un autre sachet en se demandant l'utilité de tout ça

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Nadejda perce un autre sachet en se demandant l'utilité de tout ça. Elle se force presque à boire son sachet, l'appétit toujours coupé mais ce dernier l'est encore plus que d'habitude.

Ses yeux sont perdus dans le vide durant tout le repas aux côtés des monégasques, ils entretiennent la discussion comme pour effacer cet air morose traînant sur son visage. Mais rien n'y fait, Nadejda ne sourit pas.

Comment y arriver ?

Son pays est en guerre et elle ne pense qu'à sa carrière.

Elle culpabilise de penser à l'absence de ses entraîneurs et elle ne peut s'empêcher de se trouver égoïste, elle est oubliée par le monde entier. Maxim et sa partenaire sont partis s'entraîner en Suisse avec leurs entraîneurs ukrainiens et Nadejda est bloquée ici, sans issues.

Elle se pince les lèvres, elle n'écoute plus vraiment les conversations autour d'elle. Eux, sont heureux qu'elle soit rentrée à bon port, en pleine forme mais Nadejda est incomprise.

Elle ne pense qu'à l'Ukraine.

Elle ne pense qu'aux championnats du monde approchant à grands pas.

Elle ne pense qu'au Donbass où se trouve Sacha.

Et sa tête va exploser sous toute cette pression. Elle pourrait rentrer à Moscou, elle le sait si seulement les politiques étaient de son côté, sauf qu'ils ont d'autres chats à fouetter. Ils doivent évacuer les villes, organiser la résistance et Nadejda sait que les athlètes comme elle seront oubliés durant tout ce temps.

Son téléphone l'arrache de ses pensées, elle bondit dessus attendant des nouvelles de son frère engagé à la guerre, elle se lève précipitamment de la table pour décrocher. Son interlocuteur n'est pas Sacha, Nadejda l'écoute se présenter les lèvres pincées :

- Nadejda Ivanova ?

- Oui, balbutie-t-elle.

- Je suis Vadym Gutzeit, le ministre de la jeunesse et des sports, se présente-t-il en ukrainien.

Nadejda acquiese suspendue à ses lèvres, bien sûr qu'elle sait qui il est. Il n'avait pas besoin de se présenter, son prénom suffisait et elle sent son cœur se réchauffer en entendant sa langue natale pour la première fois depuis deux jours.

- Vos homologues de patinage en couple se trouvent en Suisse, je viens de les contacter. Leurs entraîneurs seraient prêts à vous prendre mais...

- Mon entraîneuse est Diana Tchaïkovskaïa, le coupe l'athlète la gorge nouée.

- Ce n'est plus votre entraîneuse, Nadejda, déclare-t-il d'une voix sèche. L'état a donné une visioconférence sur le patriotisme et donné des recommandations sur la manière de se conduire. En aucun cas, un athlète ukrainien doit se tenir aux côtés de sportifs russes, surtout pas une championne olympique.

C'ÉTAIT ÉCRIT » Charles Leclerc ✓Où les histoires vivent. Découvrez maintenant