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Nadejda a les yeux larmoyants en fixant l'avancée de l'avion sur l'écran de son siège

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Nadejda a les yeux larmoyants en fixant l'avancée de l'avion sur l'écran de son siège. Le vol fait un détour pour relier Pékin à la principauté, il ne passe pas au-dessus de l'espace aérien appartenant à l'Ukraine, si ce dernier l'est encore.

Nadejda ne décoche pas un mot à sa famille d'accueil malgré le fait que Christine et Marc soient venus la chercher jusqu'à Pékin. Elle ne fait que pleurer silencieusement face au paysage défilant à travers le hublot de l'avion.

En arrivant à Monaco, Nadejda n'a qu'une petite valise contenant ses affaires pour les jeux olympiques. Elle n'a rien, tout est à Korosten ou à Moscou. Elle n'a rien excepté cette médaille à laquelle se rattacher, elle la porte autour du cou.

Cette médaille ne verra pas le pays et elle ne reçoit que des félicitations atténuées par le contexte. Nadia ne ressent rien en l'observant, sa victoire n'a plus aucune valeur à ses yeux et aux yeux de sa famille. Elle ressent une pointe d'aigreur et elle s'en veut.

Nadejda ne décroche pas un mot du repas, elle perce un autre sachet de nutriments en se demandant à quoi cela sert de continuer de le faire si elle n'a plus rien à gagner, si elle n'a plus personne pour l'entraîner. Elle finit par s'excuser et rejoindre la chambre à l'étage pour dormir.

Pourtant, toute la nuit, Nadejda est restée les yeux rivés sur le plafond de cette chambre qu'elle vient de retrouver. La tête embrouillée par ce qu'il se passe à des milliers de kilomètres de la principauté.

Six heures.

Elle se lève n'en pouvant plus, elle revêtit un jogging et des baskets avant de sortir alors que la maison est encore silencieuse. Nadejda n'a pas encore revu la fille de sa famille d'accueil, Marc a dit qu'elle était sur Paris et qu'elle reviendrait aujourd'hui.

Elle sort de la maison et ses jambes traversent le port monégasque avec automatisme et sans surprise, Nadejda pousse la porte du stade nautique Rainier III. Il est tout juste sept heures et il vient seulement d'ouvrir, Nadejda passe dans les vestiaires.

Elle glisse ses chaussures à l'intérieur d'un casier et elle se laisse tomber sur un banc pour enfiler ses patins. Face à elle, une petite l'observe faire d'un regard stupéfait alors que sa mère resserre ses lacets et Nadejda déglutit en voyant déjà une petite s'entraîner aussi tôt.

Et peut-être qu'elle ne réussira jamais si ce n'est que sa mère qui la pousse à patiner.

C'était le cas pour Anna, ses parents étaient les premiers à critiquer ses réceptions hasardeuses, à soulever le moindre défaut de ses pirouettes et Nadejda n'a jamais connu la pression parentale.

Elle a toujours patiné pour elle, pour se libérer de souvenirs encombrants, sans ne jamais subir la pression de ses parents qui n'avaient pas assez d'argent pour la suivre dans les compétitions. Ils n'ont jamais pu payer ses premiers patins et son entraineuse aux coûts exorbitants, encore moins les tenues de compétition.

C'ÉTAIT ÉCRIT » Charles Leclerc ✓Where stories live. Discover now