Vampire Suprême

Chapitre 20

Je suis déçue. Je suis en colère. Je sais qu'ils ont encore leurs parents et qu'ils ne veulent pas mourir, qu'ils ne veulent pas qu'un membre de leur famille soit blessé. Mais je me sens seule dans mon combat alors que nous sommes plusieurs à subir la domination des vampires. Je décide d'aller manger dehors, loin de tous le monde. J'entends deux autres chaises bouger. Lucie et Antoine me suivent. Je trouve un banc vide dans la cour et je m'installe.

-Ana...elle n'a pas si tort que ça. Tu te mets en danger commence Antoine en s'asseyant à son tour.

Je lui lance un regard noir. Lucie lui donne un coup à l'épaule pour qu'il se taise. Ce n'est pas le moment de me dire qu'ils ne sont pas d'accord avec mes agissements.

-Ils n'ont pas vécu ce que tu as vécu. Ils ont encore leurs parents. Ils ne comprennent pas. Ils n'ont pas la même colère que tu as. Ils tiennent à leur vie parce qu'ils ont des gens qui les aiment. Nous on t'aime mais je vois bien que ce n'est pas ça qui t'accroche à la vie me dit mon amie, les larmes aux yeux.

Je lui souris et je la prends dans mes bras. Je sais qu'ils m'aiment énormément. Nous avons tout vécu ensemble. Et puis la domination des vampires nous a obligé à serrer des liens forts entre nous pour survivre.

-Si je reste c'est seulement pour vous. Mais mes parents me manquent et rien ne peut contrer ça. Je ne veux pas qu'il vous arrive des ennuis. Si demain je vous perdais, j'irai tuer un vampire pour qu'il finisse par m'achever je réponds, les larmes aux yeux.

Je vois qu'ils sont touchés par mes propos.

Après ces aveux, nous finissons de manger en silence. Une fois le repas terminé, nous retournons au self pour déposer les plateaux. Je regarde devant moi sans faire attention à personne. Je ne veux pas qu'il m'arrive la même chose. J'en ai marre de me battre. J'ai bien compris que j'avais perdu et que j'étais toute seule. Malgré ça, je ne peux pas baisser les bras. Mes parents ne l'ont jamais fait. Ils se sont battus jusqu'au bout. Ils savaient qu'ils risquaient l'exécution pour leurs agissements. Ce sont les personnes les plus courageuses que je connaisse. Et j'ai envi qu'ils soient fiers de moi. Je dois moi aussi me battre. Mais pour le moment je ne peux rien faire.

Je ressors du self rapidement. Lucie et Antoine n'ont pas encore posé leur plateau. Je préfère être toute seule. J'attrape plusieurs bouts de pain afin de pouvoir manger ce soir. Je me dépêche de sortir. J'ai encore une fois répondu à un vampire et j'ai peur que le vampire suprême s'en prenne à eux. Il faut qu'ils s'éloignent de moi. Je ne pourrais jamais me taire face aux injustices.

Je décide d'aller me rasseoir à un banc au fond de la cour. Peu de personnes viennent ici. C'est assez isolé. Parfois des humains viennent pour se cacher de vampires. Je mets des écouteurs. Je ferme les yeux et je me laisser bercer par la musique. J'ai besoin d'être dans mon monde. De sortir du monde actuel. C'est Let her go de Passenger. C'était la musique préférée de ma mère. Elle l'écoutait toujours, en hommage à sa mère qui était morte peu de temps après ma naissance. Elle me racontait que sa mère était une femme formidable. Elle était morte de vieillesse. Elle avait toujours eu du mal à se remettre de sa mort. Des larmes coulent sur mes joues. A présent j'écoute cette musique en pensant à ma mère. Une femme formidable.

J'ai beau tenter de jouer la solide devant les autres, je ne suis qu'une petite humaine qui n'a pas fait son deuil de ses parents. Je veux les venger. Je veux les retrouver et qu'ils me disent qu'ils sont fiers de moi. Je ne suis pas solide. Je me trouve fragile. Je n'ai pas le courage de mes parents. Ils étaient tellement braves et fiers. Mais ils sont morts à cause du vampire suprême. A son évocation, je me touche le poignet mais je remarque que je n'ai plus mal. C'est la même chose pour ma joue. Je repense à son sang qu'il m'a donné dans les toilettes la première fois où on s'est rencontré. C'est son sang qui me guérit. Je ne sais pas combien de temps il va faire effet dans ma corps. Mais j'ai beaucoup de chance. Je n'aurais pas eu les moyens de me soigner et l'état de mon poignet aurait empiré.

Je sens des présences en face de moi. Un groupe de personne vient de s'asseoir sur le banc d'en face. Je préfère ne pas regarder. Je n'ai pas envi d'ouvrir les yeux. Je ne veux pas croiser le regard d'un vampire ou même d'un humain. Je continue d'écouter ma musique et je profite de cet instant de liberté.