Two

5.8K 327 49
                                    


« What's coming is better than what is gone »

Elle

Cette journée me marquera pour toujours. Je n'ai jamais ressenti une peur aussi forte que durant ce jour.

J'ai passé la majorité du temps à traverser le même genre de ruelles. La pauvreté et l'insécurité sont l'essence même de cet endroit. Je ne compte plus le nombre de fois, ou on m'a interpelé pour m'attirer vers un coin sordide.

« Approche toi ma jolie .»
«  Viens voir, j'ai quelque chose pour toi »

Sans citer les rires de diables qui raisonnent un peu partout autour de moi. Les larmes n'ont pas quitté mes yeux une seule fois depuis que je tente de me fondre parmi les ombres qui rasent les murs.

Je ne me suis jamais arrêtée de marcher, le cou rétracté et la tête baissée vers ma poitrine. Je prie pour atteindre très bientôt un coin de New York ou un visage chaleureux se montrera devant moi.

A part la vieille dame du bus, je n'ai trouvé aucune forme de sympathie ici. Ça pue le joint partout. Ça sent l'alcool, la drogue et tout les autres formes d'addiction que l'être humain consomme pour oublier qu'il est vivant.

Mes doigts sont lacérés à force de tenir mes sacs qui me paraissent bien plus lourds qu'à mon départ. Je suis à deux doigts d'en abandonner un sur la route. Je n'ai plus la force de les porter. Et je ne trouve aucun banc pour me poser un peu.

Je suis épuisée, j'ai faim, j'ai froid.

N'y a t-il pas une place pour moi quelque part?

Plus je marche, plus je m'enfonce dans cet enfer qui semble en permanence plongé dans l'obscurité.
Comme si les rayons du soleil évitaient intentionnellement d'offrir un peu de lumière et de chaleur à cette partie du monde.

Parfois, mon regard balaie les immeubles qui m'entourent, espérant y trouver un lieu accueillant.

Peine perdue, je ne trouve rien à part des tours en béton condamnées ou délabrées.
Puis il y a ces motels miteux, la clientèle qui s'y rend est clairement présente pour le plaisir charnel monnayé.
Je vois des femmes négligées, aux perruques bancales et aux faux cils imposants suivre des hommes au regard effrayant. J'ai un pincement au coeur en m'imaginant les causes qui ont du conduire ces femmes à vendre leur service à des êtres aussi répugnant que ceux que je croise.

Et puis par désespoir je m'aventure dans l'un d'entre eux. La façade du motel est prête à s'effondrer d'une minute à l'autre, le spot lumineux rose clignote à m'en faire convulser.

Il doit être pas loin de dix-sept heure. Ça y'est je ne tiens plus. Il faut que je dorme avant de me renverser sur le sol. Et je ne donne pas chère de ma peau si cela survient.

Et puis à l'extérieur, il fait presque nuit noir. Et je n'aimerai pas me retrouver dehors durant l'instabilité du crépuscule.
La journée a déjà été suffisamment éprouvante.

Je m'avance jusqu'à un comptoir positionné à l'extrémité du hall d'entrée. J'appelle ça un hall mais l'endroit est semblable à une cave malfamée. Le sol est crade. Les murs sont crades. Et je ne parles pas du mobilier, ni de l'unique fenêtre qui ne permet plus à la moindre luminosité de réchauffer l'endroit. 

One to oneWhere stories live. Discover now