Twelve

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Elle

Ezequiel est un criminel. Il voulait ma mort, et j'en suis persuadée. Je ne sais même pas ce qu'il m'a pris d'accepter de monter avec lui. Je suis cruellement désespérée ce qui me conduit à faire n'importe quoi pour m'en sortir.

Je suis pitoyable.

Moi qui n'ai jamais rien fait, par moi même. J'ai été conditionné pour ne rien savoir faire sans l'aide de quelqu'un.  Mon père a toujours était celui qui orientait ma vie et mes choix. « Je fais ça pour te protéger »
« Le monde extérieur est dangereux »
« Tu n'as pas les épaules pour t'y aventurer sans moi »

Sa voix est comme une lente litanie qui rode dans ma tête, inlassablement, constamment. Il n'y a que lui et sa dictature dans ma boite crânienne. Il dirige tout : ma façon de m'habiller, de parler, mes lectures, mes prises de parole ( bien trop rare), mes sourires... la personne pour qui mon coeur doit battre.

Parlons en d'ailleurs, mon père maitrise aussi mes sentiments et sélectionne ceux pouvant faire partie de ma vie avec ou sans mon consentement. Soyons franche, mon consentement, il s'en moque.

C'est le dernier de ses soucis. Tant que ça reste dans ses plans, alors c'est parfait pour lui.

Plus pour moi. J'étouffe.

Jared en est l'exemple le plus concret. Papa l'a toujours laissé me graviter autour. Il a toujours était là. Depuis que je suis toute petite. Du plus loin que je me souvienne, Jared est là. Dans mon salon, dans mes jardins, dans ma chambre aussi... Il est le seul enfant qui me rendait visite pendant ces années ou l'insouciance aurait du être mon unique préoccupation.
Les années ont filé...Il était toujours là.

J'inspecte mon annulaire. Ma main me parait moins lourde sans cette anneau qui ne possède en réalité, aucune valeur à mes yeux. Depuis que je ne le porte plus, je me suis offert la vie, et qu'est-ce que c'est vivifiant, de vivre enfin.

— Tu t'appelles comment? m'interpelle le conducteur qui a la bonté de me prendre en Stop.

— Mia.

Il me sourit chaleureusement. Ça me change d'Ezequiel et de sa mauvaise humeur permanente. Je ne regrette pas d'avoir sauter de sa moto. Il n'avait clairement pas envie de me déposer. Et je n'en peux plus de quémander, surtout quand je sens que le coeur n'y est pas.

— C'est mignon comme prénom. Moi c'est John, se présente le quarantenaire.

Je l'inspecte quelques secondes, il porte un bonnet New York, mais ses épais sourcils me confirme qu'il est blond ou bien châtains clairs. Ses yeux sont un peu rougis. Il est tard, je pense qu'il doit être épuisé.

Comme tout le monde.

— Vous êtes certain de connaitre l'adresse d'Annabella Sanchez? Lui demandé-je pour confirmer.

Ma Nana. Je ne l'ai pas revu depuis seize ans. J'espère qu'elle se souvient de moi. En ce qui me concerne je n'ai rien oublié de nos moments. Elle est l'unique lumière qui éclairait mes jours.

— Oui. Fais moi confiance. J'ai été chauffeur de Taxi pendant plus de dix ans. Je connais toutes les adresses de la villes, affirme t-il en plongeant ses yeux marrons dans les miens.

One to oneWhere stories live. Discover now