Nineteen

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Lui

Je retiens toujours la squatteuse près de moi. Je sais pas ce qui me prend. Quand elle a changé de ton pour me tutoyer j'ai ressentis une décharge dans ma poitrine.

Pas quelque chose de douloureux. Bien au contraire. Une sensation que j'ai pas connu depuis...

Je peux même pas dire depuis quand. J'en sais rien.

Je revois la scène, Romario, il lui caressait la joue. Elle le repoussait pas. Elle a beau le nier, il aurait finit par se la taper sur mon canapé. Cette idée renforce la colère que j'essaye de tempérer. Je fixe ce petit bout de femme. Elle crispe tout son visage. Ses lèvres charnues naturellement sont entrouvertes, comme si elle s'apprêtaient à rétorquer quelque chose.

Vas-y, parle moi encore...

Le grain de beauté disposé aux dessus de sa bouche m'obsède à nouveau. Je scrute son visage avec une telle implication que je parviens plus à saisir la réelle raison qui me pousse à la garder auprès de moi.

— Tu ne saisis pas qui est Romario, idiote. Tu ne sais pas qui il est et de quoi il est capable.

Elle m'observe en crispant ses putains de yeux noisettes étirés comme deux amandes.

— Je ne cherche pas à connaitre Romario. Comme je ne cherche à connaître personne ici. Ton cousin m'a juste tenu informé de qui c'était passé à cause de moi, ces derniers jours. Il m'en a plus appris en une heure que toi, en bientôt dix jours.

— Parce qu'il n'y a rien à savoir , déblatéré-je froidement.

Ça me rend dingue qu'elle puisse espérer un instant que je lui confie quoi que ce soit sur les affaires du CS. La squatteuse esquisse un sourire signifiant de l'exaspération. Bordel ! C'est moi qui suit censé agir comme ça.

— Écoute Ezequiel...

Sa voix est douce, putain !

L'entendre prononcé mon prénom est beaucoup trop agréable pour que je tolère qu'elle le fasse une nouvelle fois. Je l'ai évité pendant cinq jours, parce qu'elle commence à faire de moi un homme que je ne dois pas être.

— Je suis sincèrement reconnaissante de l'aide que tu m'apportes. Tu m'as sauvé la vie, tu me laisses vivre sous ton toit et Romario m'a expliqué que tu avais du te confronter à un certain Cortez...

Ce mec parle trop !

— La situation ici, devient pesante alors, si ma présence ici te coûte trop, je préfère que...

— Que je te livre à Cortez, c'est ça? C'est ce que tu veux depuis le début? m'emporté-je en serrant plus fort sur son poignet, l'obligeant à s'approcher davantage.

Elle ne répond rien. Son corps fin est quasiment contre le mien. Et si je le voulais là tout de suite, je pourrais la briser d'une seule étreinte.
Ses yeux se remplissent de larmes, et je sens qu'elle lutte pour ne pas que je la vois pleurer.

J'étais présent ce soir là, quand le cousin de Cortez l'emportait avec lui, cette nuit ou la terreur l'avait consumé, littéralement. Une peur lisible dans ses yeux noisettes, identifiable aussi dans ses cries de désespoir

Respire petit chaton ! Je te livrerai jamais à Cortez.

J'en serai incapable. Je la livrerai à personne d'autre d'ailleurs. Même pas à son père. Que les choses soient claires. Je la déteste pas. Elle m'énerve c'est une vérité, mais je ne la haïs pas. C'est une conne inconsciente qui vient semer la merde dans ma vie, mais malgré tout, je sais pertinemment quel genre de femme elle est.

One to oneWhere stories live. Discover now