Four

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« ...believe in what you prayed for. »

Elle

Il doit être au moins trois heures du matin quand Julio referme les portes du bar. Les derniers clients, c'est lui qui les a foutu dehors. Et ce, sans sourciller.

Et je dois reconnaitre que sa force m'a impressionné. Il en a chopé un par le col et l'a balancé dans la rue sans craindre la moindre représailles. Je n'ai aucune idée de qui il est, ni de l'endroit ou il m'emmène. Je me contente de marcher, et de lui faire confiance.

Est-ce une bonne chose?

Lino marche a coté de moi. J'ai l'impression qu'il m'aime bien. J'espère que c'est réellement le cas.
En tout cas, je ne le crains pas. Son apparence de chien d'attaque peut faire peur à premier abords, mais je sens qu'il n'est pas si brute qu'il en a l'air.

Et puis, je crains les hommes, c'est tout.

Pendant tout le trajet, je ne prononce aucun mot. Julio a eu la gentillesse ou l'intelligence de porter deux de mes sacs. Je l'aurai certainement retardé en marchant à une vitesse trop molle. Cette sensation de légèreté n'a pas de prix. Mais surtout ce sentiment de sécurité me redonne de l'espoir.

Auprès de Julio et Lino, je reconnais que je n'ai plus peur. Et que c'est bon de ne pas craindre pour sa vie.

La silhouette du grand brun est haute et robuste. Il doit faire un mètre quatre-vingt. Le temps du trajet, je pense aux hommes qui avaient l'habitude de m'accompagner à chacun de mes déplacements. Il me semble loin ce temps, ou on payait des gens pour ma sécurité.

Nous arrivons enfin devant un immeuble. Un peu mieux entretenu que les autres.

— C'est ici. Suis moi. Me guide Julio.

Nous poursuivons notre route en traversant le hall de l'immeuble. Ici, ça ne sent pas l'urine et c'est plutôt propre.
Un homme est cependant posté près de l'ascenseur. Il porte une arme au niveau de sa ceinture et je ne parviens pas à décoller mon regard dans revolver.

Les gens ici sont-ils tous armés? 

L'homme que j'identifie comme un gardien, jette immédiatement un regard circonspect sur moi. Il m'inspecte de la tête au pied. N'omet aucun détail.

Julio s'arrête à son niveau, je reste à deux pas derrière lui. Je ne sais pas exactement ce qu'il m'attend. Ni ou Julio planifie de me loger.

— C'est qui elle? Demande t-il froidement en parlant de moi.

— Mia. Elle est avec moi.

L'homme m'examine avec plus d'attention.

— Elle vient d'ou?

— De... Baltimore. Invente Julio pour nous donner de la crédibilité.

— Ezequiel est au courant?

Encore cet « Ezequiel »? Tout le monde semble le craindre ici. Et j'ai la forte impression que je le dois moi aussi.

— Pour qui tu me prends Lopez? Je ne ferai jamais rien sans l'annoncer à Ezequiel.

Lopez le fixe un long moment. Il semble septique.
Coïncidence ou pas, Lino se met à aboyer subitement sur le gardien l'obligeant à reculer de deux pas en arrière.

— C'est bon ! C'est bon ! Montez ! Et tâche de museler ce cabot. Abdique t-il enfin en appuyant sur le bouton de l'ascenseur.

Je calme Lino en plaçant une main au niveau de son collier.

— Calme toi Lino. Tout va bien.

One to oneWhere stories live. Discover now