Fourteen

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Elle

Ezequiel m'a sauvé la vie. Il m'a sauvé, moi.

Je ne parviens toujours pas à réaliser ce qui s'est produit durant cette soirée. Mais une chose demeure certaine, s'il n'avait pas été là... Le serai-je encore seulement?

Dieu seul sait.

Je n'ai pas pris de douche depuis trois jours au moins. Depuis le soir ou Ezequiel m'a chassé de chez lui, une arme plaquée contre ma tempe. J'ai encore cette sensation glacée et mortifiante sur le haut de mon crâne. Combien je l'ai crains ce soir là.
Je ne saisis toujours pas comment la situation a pu prendre une telle tournure.

Il y a trois jours, il mettait presque fin à mon existence et voilà qu'aujourd'hui, il me permet de passer la nuit chez lui, en toute légalité cette fois. Il n'est clairement pas ce monstre impassible qu'il essaye de faire croire à tous. J'en ai la certitude désormais. Un mal doit le ronger. Cependant lequel? Ses iris sombres dévoilent une souffrance abyssale... C'est un homme meurtri, qui semble noyer sa peine dans une violence sans limite.

La douche me fait un bien fou, et même si les larmes coulent comme à chaque fois, cette fois ci je ne suis plus emprunt à la terreur.

La présence du ténébreux suffit à me rassurer. Et penser ainsi, me déstabilise un instant. Ne suis-je pas censée le craindre? Que compte t-il faire de moi? Nous n'en avons pas discuter.

En traversant le salon, les cheveux humides et gouttant sur mon T-shirt bleu ciel, j'ai immédiatement le réflex de chercher Ezequiel en balayant l'appartement de mes deux noisettes.

Il ne semble plus là.

Un rapide coup d'oeil sur l'horloge m'indique qu'il est minuit passé. J'ai faim. Mais je n'oserai jamais le faire savoir au propriétaire. Mon regard s'attarde sur le frigo.

Et si j'allais récupérer un truc à grignoter rapidement? Ça ne prendrait pas plus deux trente secondes. L'hésitation me fait perdre du temps, et très vite la porte de la chambre interdite s'ouvre. Ezequiel en ressort, la mine sévère.

Il m'inspecte de la tête au pied. Et s'attarde un instant sur mon T-shirt. Je baisse la tête pour me rendre compte que les gouttes d'eau l'ont humidifié au niveau de ma poitrine mais également dans mon dos.
Je croise les bras, instantanément, en accrochant mon regard vers la porte de la chambre blanche. Je m'apprête à foncer droit vers cette pièce quand la voix d'Ezequiel m'interpelle.

— T'as faim?

Sa voix est d'une dureté sans équivoque. Mais je pressens qu'il fait un effort pour ne pas être si désobligeant.

— Un peu.

Ezequiel expire lentement avant d'avancer vers la salle de bain.

— Il reste de la pizza dans le frigo, finit-il par répondre avant de disparaître.

Alors ça, je ne m'y étais pas attendue. Je fonce vers le frigo, y trouve une boite de pizza. En l'ouvrant je me rend compte qu'elle est au fromage. Parfait ! Je m'enfile deux parts sans les réchauffer, et ça me fait un bien fou. Puis je bois un grand verre d'eau avant de retourner dans ma chambre.

Tant pis pour le brossage de dents. J'ai failli perdre la vie ce soir, avoir une carie ou deux n'est pas le moindre de mes soucis.



One to oneWhere stories live. Discover now