Chapitre 4

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Quelques semaines plus tard

Liam

Ce fut les jours les plus longs de ma vie, je voyais ma mère tourner en rond durant toute la journée, en attendant un appel téléphonique. Je ne pourrai pas dire lequel elle attend le plus, entre celui du procureur ou celui de mon père. Il essayé d'appeler le plus souvent qu'il lui était autorisé. C'est la première fois que mes parents sont séparés aussi longtemps et ma mère est déjà à cran, je préférais éviter de penser au calvaire que ce serait, si le procès ne se termine pas aussi bien qu'on l'espérait. Ça faisait maintenant huit semaines que j'avais vu mon père partir dans cette voiture, les mains liées mais la tête haute. Depuis ce jour, nous attendions les nouvelles du jour.

Ma mère et les autres parents s'étaient rendus au poste de police dès le lendemain pour faire leur déposition, ainsi que les interrogatoires de routine dans cette situation. Evidemment, on a tous dit la même chose, comme de sages robots, programmés au mot près pour que nos versions corroborent. Nos parents avaient l'habitude de toujours se sortir des situations compliquées simplement avec une liasse de billets bien fournie et de bons contacts. Mais j'ai bien l'impression que dans ce cas, cela ne sera pas suffisant. Jusqu'ici, les nouvelles n'ont pas été rassurantes et les avocats ont du mal à trouver des arguments valables pour les sortir de ce pétrin. A un moment, je commençai à chopper le tournis en observant ma mère donc je me levai en m'adressant à elle :

— Maman, je sors voir les garçons. Je reviens dans quelques heures. Appelle-moi s'il y a des nouvelles entre temps. Je l'embrasse sur le sommet de son crâne et me dirige vers la porte.

— Je t'appellerai, ne rentre pas trop tard mon chéri. J'acquiesçait et n'attends pas plus longtemps pour claquer la porte derrière moi. Je me rendis chez Sawer et sur le chemin, j'appelai Mave qui m'apprend qu'il y était déjà chez lui aussi, depuis quelques minutes. Les garçons et moi n'habitions qu'à seulement quelques minutes de marche les uns des autres, ce qui était assez pratique, sachant qu'on passait la majorité de notre temps ensemble. Notre quartier était l'un des plus sécurisés de la ville et seul les plus riche pouvaient se permettre de venir s'installer ici. En plus de nous quatre, seulement deux maisons s'étaient rajoutées depuis que nous étions là. J'arrivais donc chez Sawer assez rapidement, ne pris pas la peine de sonner et entra directement, comme à mon habitude.

— Yo ! Je rejoignis les gars sur le canapé et je pose mes bras sur mes genoux. Il faut que je vous parle de quelque chose d'important. J'y ai beaucoup pensé et depuis quelques semaines ça me hante, leur dis-je sans détour en restant sérieux. Eux qui étaient jusqu'ici le nez plongé sur leur écran de téléphone, relevèrent la tête à l'unisson. Mon intervention a eu le don d'attirer leur curiosité.

— Dans ce cas on devrait appeler Ayd...

— Non, justement. Ma réponse aussi simple était-elle, resta tranchante et coupa Sawer dans son élan. Je les vis me lancer des regards interrogateurs. Je repris. J'ai beaucoup réfléchi depuis l'arrestation, j'ai essayé de retourner chacun des éléments à ma disposition, dans ma tête jusqu'à trouver les personnes qui pourraient tenter de nous nuire. Ma mère et moi avions beaucoup parler de ce qui avait été dit durant les interrogatoires, elle-même n'avait aucune idée de qui pourrait se cacher derrière l'inconnu de la lettre. Mais je savais une chose, c'est qu'elle en voulait à Oxana, et Lewis de ne rien avoir fait pour eux.

Ces dernières semaines, nous n'avions plus eu aucunes nouvelles d'eux, c'est comme s'ils avaient vendus notre amitié pour prouver leur innocence et je n'en étais même pas surpris. Je m'étais également retenu de répondre aux nombreux messages reçus provenant tous de Ayden, elle ne devait rien comprendre de ce qu'il se passait. Je ne savais pas si elle était au courant de choses dont j'ignorais, mais je lui en voulais. Et pas qu'un peu. A partir d'un certain moment, elle avait donc cessé d'espérer de mes nouvelles.

— Je pense que c'est elle. Quand je vois qu'ils ne comprennent pas de quoi je parle, j'insiste. C'est Ayden. Si avant il se posaient des questions sur mon comportement étrange, dès lors que ces mots sortirent de ma bouche, ils écarquillèrent les yeux de stupéfaction.

— Pardon ? Sawer et Mave me répondirent à l'unisson avec une voix tremblante.

— Mais de quoi tu parles au juste ? Mave semble encore plus perdu qu'au début.

— Ecoutez. Je l'ai observée. Elle était si calme ce jour-là, et elle est resté en retrait, comme si elle s'attendait à ce qu'il allait se passer. Peut-être que je me trompe et que j'ai mal interprété les choses, mais je me dis que c'est la seule qui avait un mobile contre nos pères. Ils l'ont tous refoulés, et qu'elle n'a jamais réussi à les faire changer d'avis. Combien de fois l'avons-nous vu, de plus en plus vaciller sur la la corde raide, à chaque refus supplémentaire. Qui plus est Ayden passe ces journées à écrire, des manuscrits, des lettres ou je ne sais quoi d'autres. Elle aurait très bien pu être déterminée à reprendre le flambeau après les examens de fin d'année, et surtout comme par hasard c'est une lettre qui a été écrite anonymement. Désolé, mais il y a trop d'éléments qui coïncident.

— De plus, le fait que son père n'a pas été arrêté avec les nôtres, vous ne trouvez pas que ça fait vraiment pas mal de chose là ? Pour moi c'est le clou qui vient sceller le cercueil.

— Merde, mais comment tu peux penser ça ? Ça pourrait être n'importe qui qui pourrait être jaloux de leur réussite, enchaina Mave d'une voix grave.

Avant d'avoir pu continuer ma propagande, Athéna, la mère de Sawer, fit irruption dans la pièce et demanda :

— Les garçons, vous n'avez pas encore reçu de coup de téléphone ? Sans attendre nos réponses, elle enchaina. Il y a du nouveau dans l'affaire. Ta mère, Mave, s'est rendue au poste. Figurez-vous que mors d'un énième rendez-vous, l'agent Osborn lui a confié qu'en visionnant plusieurs fois les vidéos de surveillance du poste, ils se sont aperçus que la silhouette déposant la lettre sur son bureau était celle d'une fille.

Après cette annonce, j'entendis un son rauque s'échapper de la gorge de Sawer. Ces paroles me tombent comme une masse dans le ventre et la même sensation que je ressentais le soir de l'arrestation décide de refaire surface. Me retournant vers les garçons, je surpris Mave passer ses mains sur son visage. Quant à Sawer, sa mine se fit plus sombre. Sans s'attarder davantage, sa mère s'en alla aussi vite qu'elle était arrivée.

Nous nous regardions et hochions la tête. Nous savions. C'était elle. Elle nous avait donc bien planté un couteau dans le dos. Et elle allait le regretter.

Revenge of RavenWhere stories live. Discover now