Chapitre 8

28 0 0
                                    


Mave

C'est une douleur aiguë qui fit pulser mon cœur, je me retins de me lever pour aller ouvrir la porte à Ayden. On est tous les trois derrière la porte à l'écouter pleurnicher sur son sort alors que c'est nous qui subissons. Comment elle peut mentir aussi bien ? Elle nous a trahit, mais pourtant je me refusais encore à le croire, je ne peux pas. Je ne voulais pas devoir faire le deuil de la seule meilleure amie que je n'ai jamais eu. J'ai toujours eu une relation avec elle. C'est la seule qui arrivait à me voir moi, pour ce que j'étais, je n'avais pas eu à jouer de rôle ou cacher quoi ce soit derrière un masque avec elle. J'eu des larmes qui perlèrent au coin de mes yeux mais je me refusais à les laisser couler. Je luttais, pour moi, pour mes amis. Collé à la porte, j'entendis un souffle me parvenir aux oreilles : Vous m'aviez promis... Il n'en fallut pas plus pour que je craque, je me suis levé et que je courus jusqu'au toilettes pour déverser mon repas de midi. Je n'ai jamais ressenti une telle douleur. Celle qui vous fait tellement souffrir, qu'elle vous retire tout envie de continuer à vivre. Celle qui n'a pas besoin d'être physique pour vous faire tomber de haut. J'ai l'impression qu'une partie de moi est arrachée avec elle, avec ses paroles. Mais les garçons ont raison. Elle nous a trahit et il faut tourner la page. Pour la justice de nos parents.

— Mave, ressaisis-toi, nous n'avons pas le droit de flancher, pour nos parents, me dis Liam avec un regard perdu vers la porte. Il avait le don pour lire dans mes pensées. Même si nous étions dans le même état, mais que lui était le plus doué pour cacher ses émotions, il me frotta le dos, pour essayer de me réconforter. Ce qui à ce moment me révulsa de dégout. Je ne pouvais supporter le contact de personne. Le seul dont j'avais envie, le seul dont j'aurais eu besoin, c'était le sien, à elle et à personne d'autre. Et avec cette réflexion, je me laissais aller, je m'en fichais de paraître pour un faible. Je laisse un flot de larmes tomber au sol. Pendant ce temps, Sawer, quant à lui, s'essuie si vite le visage, que j'aurai presque pu passer à côté des larmes qui s'échouaient sur ses joues. Je ne le connais que trop bien, il n'aime pas montrer ses faiblesses mais il ne reste pas moins sensible et je sais qu'il tient à Ayden autant que moi. A la seconde où les poings de Ayden cessèrent de frapper la porte, on se rendit enfin compte de tout ce qu'elle venait de dire. Partir ? Australie ? Putain de merde, ce n'est pas possible, c'est trop soudain comme décision. Déjà que je n'arrivais pas à avaler la pilule sur sa trahison, je suis censé le faire pour son déménagement.

On se regardait, ne sachant pas comment digérer ces paroles. Je ne savais pas si j'étais dévasté par cette nouvelle ou soulagé de pouvoir l'oublier. Non, c'est impossible d'oublier une fille comme elle. Je préfère me rassurer en me disant que moins je la verrais et plus ce sera facile de passer à autre chose.

— Et maintenant, qu'est-ce qu'on fait ? Je pose cette question en passant de Liam à Sawer en espérant que l'un d'eux pourrait prendre une décision, là ou moi j'en était incapable. Mais ils baissèrent la tête, sans aucune réponse à me donner.

Dans quelques heures, elle quittera définitivement les Etats-Unis et c'était la dernière fois qu'on entendait sa voix. Enfin c'est ce que nous pensions.

Aéroport de LA,

Ayden

Tout s'est enchainé tellement vite, que je ne réalisais même pas que j'étais en train de me faire fouiller pour pouvoir passer les portiques de sécurité de l'aéroport. Même en aillant pris un nombre incalculable de fois l'avion, je suis angoissée à l'idée de monter dans celui-ci, mais je ne suis pas sûr que le trajet en soit la cause cette fois.

Quand je suis rentrée de chez Liam, je ne voyais même plus devant moi, tant mes yeux étaient rouges et bouffis. Je ressemblais à un panda démoniaque. J'étais encore dans l'incompréhension totale, je ne pouvais pas croire que c'était réellement ce qui s'était passé. Je n'aurais jamais pensé qu'un jour, une chose réussirait à se mettre entre nous et à faire imploser notre petit monde. Mais je me trompais et je n'aurais jamais d'explications.

J'ai préféré taire ce qu'il venait de se passer et mes parents ont respecté mon choix en me laissant l'espace dont j'avais besoin. Ils ont donc été relativement doux avec moi en voyant mon état. Au moins, je n'ai pas subi son « je te l'avais dit » c'est déjà ça.

Lorsqu'ils m'ont vu monter sans un mot, ils m'ont suivi et aidé pour finir de remplir ma valise. Je me suis assise dans la voiture dans un été de transe totale. Même lorsque ma sœur a essayé de venir me réconforter, je l'ai repoussé, m'enfermant ainsi dans cette bulle de solitude qu'ils m'ont poussé à créer. J'agissais comme une automate, c'est comme si mon corps se mouvait tout seul et que mon cerveau était en total désaccord.

J'étais sur le point de rentrer dans le couloir menant vers mon avion, lorsque je ressentis une gêne dans mon dos. Cette sensation, était loin de m'être inconnu, sachant qu'au lycée, je passais mon temps à être épiée et juger à chaque faits et gestes. Chaque jour était comparable à une lutte pour ne pas tomber dans un nid de vipères. Je me détournai du couloir devant moi, pour venir scanner le reste de l'aéroport, jusqu'à ce que mon regard sur pose sur eux. Stoppés à quelques mètres de moi, si peu de distance entre nous et pourtant si loin que j'avais l'impression qu'un continent se dressait déjà entre nous. J'avais une seule envie, celle de courir me blottir dans leur bras et de ne jamais les quitter. Mais tout chez eux, m'en défendait. Ce qui émanait d'eux à cet instant était terrifiant. Aucun d'entre eux n'effectuaient un seul mouvement dans ma direction, Ils étaient immobiles et se contentaient de me fixer durement. On aurait pu les prendre pour des statues, ce qui confirma mes appréhensions : ils n'étaient ni là pour des adieux chaleureux ni pour verser une quelconque larme pour mon départ. Ils sont seulement venus me voir monter dans cet avion afin d'être sûr d'être véritablement débarrassés de moi. Je ne sais toujours pas ce qui les a faits changer à mon propos, ni pourquoi ils se sont mis à me détester d'un seul coup, mais je n'aurais plus le temps de chercher une explication. Malgré toute la colère que je voyais passer dans leurs yeux, je pouvais aussi y lire une légère lueur de tristesse, si infime que j'ai eu peur de l'imaginer. Mais je ne peux plus m'en soucier, ils m'ont reniée, et m'ont abandonnée lorsque j'avais autant besoin d'eux, qu'eux de moi.

Mais je ne leur donnerai pas la satisfaction de laisser couler ne serait-ce qu'une seule larme de plus pour eux. Je devais me protéger. Pour montrer que je pouvais être plus forte qu'eux, je plaquais un sourire factice sur mon visage, jusqu'à voir leur expression changer en quelque chose, de plus sombre encore. Alors que mon cœur était déjà mort une première fois, il arrive à en mourir une seconde fois.

Je me retournai puis partis en direction de mon avion sans un regard en arrière pour eux. Et c'est avec le cœur lourd que je traçais un trait, sur ceux qui jadis, avait été mes meilleurs amis.

Revenge of RavenWhere stories live. Discover now