Chapitre 5

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Ayden

Ça faisait plusieurs semaines que j'avais regardé les parents des garçons partir en direction du poste de police. C'est une sensation étrange qui m'envahit lorsque je me dirigeais vers la Cour Suprême de Californie, pour un jour qui s'annonçait horrible. Le temps, quant à lui, était ensoleillé et sans nuages pour venir assombrir le ciel. Ce contraste me ferait presque rire. Le temps était clairement en train de nous narguer. M'approchant du bâtiment, j'étais obligé de lever la tête vers le ciel pour voir le bout de la bâtisse, bâti sur de grand mur d'un gris clair éclatant, constitué de tellement de fenêtres qu'il est impossible d'en déterminer le nombre total.

Je m'évertuais à dénicher n'importe quoi, qui pourrait me distraire, même un court instant.

Etrangement, depuis cette fameuse soirée, je n'ai eu que peu de nouvelles de Mave et Sawer même si je voyais qu'ils essayaient de faire de leur mieux pour me tenir informer de la situation. Quant à Liam, il était le plus distant. Ce fut un silence radio des plus long à supporter, mes messages sont restés sans réponses pour la plupart d'entre eux. Je ne suis pas habituée à rester aussi longtemps éloigner des mousquetaires, mais ma mère avait insisté sur le fait, qu'ils avaient besoin de temps avec leur mère et qu'ils devaient être très occupés avec la justice.

J'étais sur le point d'envoyer un énième message dans notre conversation de groupe, mais celui-ci resta en suspens quand je les vis débarquer depuis des taxis privés, arrivant tous les uns derrière les autres accompagnés de leur mère.

Ils étaient tous habillés de costumes trois pièces très chic pour faire bonne impression et les femmes dont ma mère et ma sœur et moi, étions toutes en noir, comme si l'on s'apprêtait à enterrer quelqu'un.

C'est tout comme, j'ai envie de dire, en tout cas, tout aussi barbant mais peut-être que c'était nos relations que nous allions enterrer.

On se tenait derrière nos parents, mon père était tendu à souhait, je le voyais serrer ses poings et estomper son front à l'aide d'un mouchoir de tissu. Ma mère était accrochée à son bras comme pour prouver qu'elle ne le laisserait pas tomber. Parfois, Il m'arrive de penser que ma mère reste avec mon père juste pour son argent mais ce n'est pas moi la concernée.

Lorsque les garçons gravirent les marches devant moi, j'arrive à capter le regard de Liam quelques secondes lorsqu'il passe à côté de nous, mais ce dernier me déstabilisa et me fit reculer d'un pas, tant il était violent. Il était remonté comme une pendule. Je n'avais jamais eu l'occasion de voir Liam vraiment énervé mais si c'est à ça que ça ressemble, c'était une chance pour moi. Aucun des trois ne nous adressa un mot et ils continuèrent leur chemin comme si je n'existais pas. Oxana, Caroline et Athena passèrent devant nous de la même façon et mes parents se raclèrent la gorge pour essayer de se reprendre. Il était prévisible d'anticiper leur réaction en sachant que mes parents n'ont pas essayer de les joindre dans la période où elles avaient eu le plus besoin d'eux. Je ne comprends toujours pas pourquoi, ils ont agi comme ça. Ils étaient pourtant tous amis mais il semble que cela ait dû changer en l'espace de ces huit semaines.

L'amitié est quelque chose de très fragile et peut se briser à n'importe quel moment.

Une boule se forma dans ma gorge et mon ventre se tordit. Ce n'est rien, c'est la situation qui les rend comme ça, donne-leur du temps. Ils doivent avoir peur pour leurs familles, tentais-je de me rassurer comme je le pouvais. Après c'est aujourd'hui que leur vie qui était mise en jeu. Tout dépendra de la décision du jury.

— Tu viens ? entendis-je ma sœur dire à voix basse tout en me poussant doucement vers le haut des escaliers pour m'encourager à monter.

— Une seconde, j'arrive, j'ai besoin de passer aux toilettes, dis-je avant de me détacher de ma famille et de me diriger par la grande porte d'entrée pour aller vers les sanitaires. C'est un vrai labyrinthe et je déambulais pendant plusieurs minutes avant de trouver la bonne porte. C'était faux. C'était seulement une excuse minable. Je n'avais pas réellement besoin de venir ici. Je ne me pressais pas une seule seconde, repoussant le plus possible le moment d'entrer dans la salle d'audience. Je souhaitais juste quelques minutes de répit avant d'entendre le verdict du juge. Après avoir soufflé un bon coup, je décidais de m'y rendre mais avant même de faire un pas en dehors de mon refuge, je fus bousculé par Mave qui passa devant moi, sans un mot ni un geste ; C'est quoi ce bordel ? C'est quoi leur problème ? Il ne m'a même pas vu, il était focalisé sur ses pieds qui se mouvaient, tellement déconnecté du monde qui lui faisait face. Je ne me posais pas plus de questions au risque d'être en retard. Je me remis à marcher et m'assis à côté de ma sœur dans le fond, sur l'un des bancs de la salle. Nous étions si loin de nos amis que j'avais du mal à apercevoir le sommet du crâne des garçons.

Pendant une heure, je suis restée assise sans bouger d'un pouce par peur de déranger les témoins qui passent à la barre ou les explications des avocats qui menèrent une lutte acharnée pour faire remporter leur côté. Je commençais à ressentir une douleur dans le bas de mon dos. Mais ce n'est pas pire que le supplice que me faisait vivre mon estomac, qui me torturait sans relâche. Ça s'appelle le stress, ma chérie. Tu sais, le truc que tu n'as jamais eu à ressentir dans ta cage dorée, entendis-je mon subconscient me narguer, d'un ton sarcastique. Deux heures après le début de l'audience, l'heure du verdict arriva plus rapidement que ce à quoi je m'attendais :

— Messieurs Sworth, Brown et Mills, après le déroulement de la séance et du jugement des jurés, le verdict est tombé. Un silence pesant retentit. Ils sont obligés de créer un suspens pareil, on n'est pas dans un film d'horreur ! Quoique, peut être que si en fin de compte. Ces derniers temps, j'avais l'impression que beaucoup trop d'occasions se présentaient pour que mon corps me coupe toute source d'oxygène. Le juge continuait de déblatérer nombre de choses insignifiantes avant d'enfin en venir au fait. Vous êtes reconnus coupables. Un coup de maillet plus tard, et le désespoir s'abattait sur les familles des jugés. Des voix commencent à s'élever et les chuchotements se transformèrent en contestation.

— Vous êtes condamnés à cinq ans de prison dont deux avec sursis, avec possibilité de relâchement prématuré si, mention de bonne conduite. J'avais prévenu que l'argent ne les aiderait pas ce coup-ci.

Les condamnés furent emmenés en dehors de la pièce, menottes aux poignets, et accompagnés d'officiers et d'un surveillant pénitencier. Ils n'ont pas eu l'autorisation, ni le temps de dire au revoir à leur famille. Ils allaient directement être conduits dans un fourgon, qui les transporteraient dans la prison d'Etat de Folsom. Ils allaient devoir vivre trois ans au minimum avec des gens banals, dépouillés de tout leur confort quotidien. Bon courage, ça va être difficile pour eux. Je pense qu'en ressortant, les garçons ne retrouveront plus les parents avec lesquels ils ont grandi. J'arrivai seulement à les voir de loin entre les personnes qui commencèrent à se lever des bancs et les jurys qui s'éclipsèrent. Je vis des mères pleurer, des personnes qui continuaient à chuchoter, mais le pire c'était leur réaction à eux, je vis de la colère, ou plutôt une haine viscérale émaner d'eux. Je ne savais pas contre qui allait-elle être dirigée en sachant que nous ne saurions peut-être jamais qui était derrière cette histoire. Mais je ne m'attendais pas non plus à la suite des événements, et encore moins au bordel que la décision du juge allait foutre dans nos vies.

Revenge of RavenWhere stories live. Discover now