Chapitre 25

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Ayden

Ces trois derniers jours ont été riches en rebondissements. Je n'arrive toujours pas à me faire à l'idée que les Trois Mousquetaires sont ici et qu'ils ne vont certainement pas me laisser vivre ma vie en paix. Je ne comprends toujours pas pourquoi, mais la seule raison plausible c'est qu'ils sont persuadés que ma famille est liée à cette arrestation. Pourquoi auraient-ils fait ça, sérieusement ? Qu'est-ce qu'ils y auraient gagné ? Ils n'ont pas vu à quel point j'ai souffert de devoir les quitter ? Et pourtant malgré tout, c'est contre moi qu'est dirigé leur colère, je ne sais pas s'ils font ça car ils n'ont aucun moyen de le faire payer à mes parents mais j'ai bien l'impression que cela restera un mystère.

Hier, après la salle de sport, j'étais tellement troublée de ce bref mais intense contact avec Mave, que je m'étais empressée de retourner à ma chambre. Je n'avais jamais ressenti une telle attraction. Avant tout était différent, j'étais jeune et je ne pensais à rien d'autre qu'à notre amitié et à mes notes. Mais aujourd'hui, ce que j'ai ressenti, ça n'avait rien à voir avec le fait d'être heureuse de retrouver un ami. La façon dont il m'a regardé, qu'il m'a touché et soigné, c'était nouveau. Même quand je me trouvais aussi proche de Jakes, il ne m'a jamais fait ressentir ce petit frisson que vous ressentez lorsque vous êtes réellement attiré par cette personne. C'est comme si elle pouvait vous faire oublier ce qui vous entourait, pour que vous gravitiez autour d'elle et seulement elle. J'essaye d'oublier mais c'est plus compliqué que ça en a l'air.

En rentrant, je me suis contentée d'un simple sandwich de notre frigo comme repas de midi. Je voulais éviter de retomber sur l'un d'entre eux. Je suis retournée en cours le plus discrètement possible, et dès que la sonnerie de fin des cours avait retentie, j'étais aussi vite repartie m'enfermer dans ma chambre. Ce n'est que le début de l'année, ridicule.

Aujourd'hui je suis motivée à ne rien laisser venir ternir ma journée. J'ai mon premier cours à neuf heures, alors que Sam commence plus tard et elle n'hésite pas à me le rappeler.

— Tu peux essayer d'être plus discrète qu'un éléphant dans un magasin de porcelaine, ça m'arrangerait, ronchonnait-elle en gardant sa tête enfoncée dans son coussin.

— Oh ça va, t'abuses. J'ai direct éteint mon réveil en plus. Pour réponse, elle décide de m'envoyer son coussin. Surprise, je n'ai pas le temps de me protéger et il m'arrive droit en pleine face. Je chuchote un juron dans ma barbe.

— Je t'ai entendu, je ne suis pas encore sénile. Je rigole face à sa répartie sans faille. Et je relance l'oreiller dans son lit.

— Tu pourrais m'accompagner prendre... un Macchiato, mais bon laisse tomber, si tu préfères dormir, ce n'est pas grave. Il n'en faut pas plus pour que j'aperçoive une tête se relever d'un seul coup, la couette suit le mouvement et s'échoue au sol. Ah ! Pour ça, tu ne restes pas au lit là ! Elle ignore ma moquerie.

— Laisse-moi mettre un pull et je suis toute à toi. On ne rigole pas avec la bouffe. Encore moins quand ça concerne un macchiato. Elle court vers la salle de bains et ressort en deux secondes à peine. On se mit en route et elle me laissa partir en cours une fois notre boisson engloutie.

Ce matin je me dirige vers ma salle de littérature appliquée. Il existe plusieurs cours de cette matière, mais de plusieurs niveaux, mais pour mon cas, je fais partie de la plus difficile. Il faut que je puisse maitriser le plus de choses possibles afin de rédiger le meilleur écrit possible pour le concours Fox. Je suis presque devant la salle alors que je m'apprête à y entrer, j'entends des gens rigoler plus loin. Ce n'est pas le genre de rire doux qu'on retrouve autour d'une conversation banale mais ce sont bien le genre de rire qu'on entend quand quelqu'un se moque de quelqu'un d'autre ou de quelque chose d'autre. Je suis intriguée donc je prends l'initiative et marche dans leur direction. Je retrouve un troupeau d'élèves amassés devant les casiers et j'ai un mauvais pressentiment. Je remarque que le mien se trouve derrière eux. Je m'attends au pire et lorsque je découvre la porte de mon casier, je peux y lire « menteuse » écrit en peinture rouge. Je ne suis même pas surprise de voir quelques mètres plus loin les trois garçons avec un sourire aux lèvres.

Je n'attends pas une seconde de plus pour aller vers eux, j'aimerais qu'ils prennent le temps de me parler, d'expliquer leur problème mais ce n'est pas l'heure à la communication.

Je les vois se mettre en marche dans le sens inverse et tourner dans un couloir. Je les suis tout de même et les voit rentrer dans une salle de classe. Je ne prends pas la peine de réfléchir avant d'agir. Quand j'entre, aucune lumière n'est allumée, et les volets sont clos, seule une légère lueur venant de l'écriteau Exit éclaire la pièce. Je n'ai pas le temps de faire marche arrière, que je m'écroule au sol après qu'on m'ait bousculé violemment. Je tâtonne de mes mains pour tenter de retrouver mon sac et tout son contenu échoué au sol, je n'y vois rien mais je sens, à la place, une chaussure passée sous ma main. Le mouvement et le son que produit son corps, me fait comprendre que l'un des trois s'est accroupi face à moi. La colère se fait ressentir et je serre les dents pour m'empêcher de crier de rage. J'ai l'impression d'être retournée à l'école primaire avec trois sales gosses capricieux. Il saisit mon menton, ma peau brûle sous ses doigts, il me chuchote d'une voix à peine audible :

— Ne pense pas que tu vas passer une année tranquille, ma belle. Ce surnom, cette voix, aussi douce parait-elle, reste tranchante et remplie de menaces. Sawer ne me lâche pas le menton lorsqu'il a fini de parler. Ça là, ce n'était rien, ce n'était que le début, et plus tu resteras ici, plus tu souffriras.

— C'est donc une menace ? je souffle aussi bas que lui.

— Non, une promesse. Je fis un mouvement en arrière pour me dégager de l'emprise de Sawer. Mais il reste statique et ne se relève pas encore.

— Je serais toi, je partirai tout de suite. L'année vient à peine de commencer. Tu as le temps de reprendre les cours dans une autre école.

Liam est aussi tranchant que Sawer dans ses paroles malgré qu'aucun des deux n'élève le ton. Sa voix est plus lointaine que celle de Sawer, mais j'ai l'impression qu'elle s'enroule autour de moi comme des ronces.

Ils pensent que je suis faible, mais ils ne me connaissent plus désormais. Je prends appui sur mes jambes et repousse Sawer de toute mes forces vers l'arrière, je l'entends s'écrouler au sol dans une grognement de douleur. J'en profite pour me relever et le chevauche, accroupi au-dessus de lui. Je répète le même mouvement que lui et lui attrape le menton.

— Vous n'avez même pas idée de ce je suis devenue. Ne vous méprenez pas, je ne suis plus la petite Ayden d'autrefois. Essayez de vous en prendre à moi, si vous le voulez, mais je ne compte pas abandonner et vous allez très vite le découvrir. Je lâche brusquement la tête de Sawer, qui se décale sur le côté avec l'élan.

J'entends un raclement de gorge, mais je ne sais pas d'où il provient. Ça sonne comme une musique à mes oreilles car ils sont en train de se rendre compte qu'ils ne peuvent pas m'intimider comme ils le feraient avec n'importe qui d'autre. Je les connais mieux que personne et c'est là, leur point faible face à moi.

Je me relève et une fois que je me souviens de la direction par laquelle je suis arrivée, je bouscule l'épaule de Liam en passant devant lui. Je reconnais le souffle de Mave qui se bloque instantanément lorsque je passe devant lui pour attraper la poignée, et l'enclenche pour sortir de la salle. Mave à l'air d'être le moins impliqué dans ces manigances, s'il peut se transformer en maillon faible de leur trio, cela pourrait peut-être m'être utile un jour ou l'autre.

Mais je ne m'avance pas car, lorsqu'on dit qu'un acteur est bon dans son rôle, c'est parce que justement il est capable de mettre un masque et changer de personnalité à la perfection.

Revenge of RavenNơi câu chuyện tồn tại. Hãy khám phá bây giờ