4. Une nuit riche en mystères

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Arthur émergea au coeur de la nuit obscure. La bouche pâteuse, le regard troublé, il mit plusieurs secondes à réaliser que quelqu'un était penché sur lui. Le visage lui apparaissait en ombres, nimbées d'une lumière discrète mais blanche.

— Votre Majesté, réveillez-vous...

L'intrus parlait à voix basse, comme s'il cherchait à ne pas être entendu. Arthur recula dans ses couvertures, se frotta les yeux d'une main engourdie. Son corps lui paraissait ankylosé comme s'il avait guerroyé plusieurs jours sans s'arrêter.

Satisfaite de son éveil, la silhouette s'écarta.

— Je vous ai préparé des vêtements. Il faut nous dépêcher.

Arthur resta adossé à la tête de lit, peinant à reprendre ses esprits. La femme – car c'était une femme, il le voyait désormais clairement, malgré la cape qui la couvrait – s'éclairait d'une curieuse lanterne, imbue d'un feu magique.

— Que se passe-t-il ? souffla le roi, décontenancé.

— Nous devons faire vite, répondit l'étrangère.

Dans la faible lumière, Arthur vit qu'elle avait le visage masqué sous son capuchon, seuls ses yeux clairs lui apparaissaient.

— Qui êtes-vous ?

Il regretta de ne pas avoir son épée à portée de main, mais elle était conservée à l'armurerie où Girflet l'entretenait avec soin entre deux combats.

— Je suis envoyée par Merlin. Vous devez me faire confiance. Votre Majesté.

Bien sûr, qu'aurait-elle pu dire d'autre ?

Elle lui tendit la pile de vêtements, la posa sur le lit.

— Prouvez-le !

Les épaules de l'intruse s'affaissèrent. Arthur se signa.

— Arthur.

Sa voix demeurait basse mais s'était teintée d'une lassitude perceptible.

— Des gens, ici, à Camelot, te veulent du mal. Un grand mal. Nous devons leur échapper si tu veux... accomplir ton destin. Je pourrais te raconter comment tu as grandi, dans ce château en Cornouailles, puis chez Hector, avec Kay, je pourrais te raconter comment tu as arraché l'épée à la pierre, comment ton règne a commencé, les chevaliers, vos aventures... Mais cela suffira-t-il ? Tout cela... fait déjà partie de ta légende, n'est-ce pas ?

— Certaines choses sont connues de Merlin seul.

En prononçant ces paroles, le jeune roi réalisa que l'enchanteur ne les aurait sûrement pas confiées à une acolyte au hasard.

— La fois où il t'a transformé en poisson ? proposa-t-elle.

Arthur en demeura bouche bée. Il s'agissait d'un secret honteux, il lui semblait acquis que jamais – jamais ! – le magicien ne colporterait cette sinistre aventure. Sans y réfléchir, il glissa hors du lit. Aussitôt, la tête lui tourna. L'inconnue se porta à son secours, glissant une main secourable sous son bras. Malgré sa stature menue, elle ne manquait pas de force car elle parvint à le stabiliser.

— Ils t'ont drogué, murmura-t-elle. Bien sûr.

De qui parlait-elle, au juste ?

Arthur n'eut pas la possibilité de poser la question car elle entreprit de l'aider à s'habiller. Une veste au-dessus de la tunique de nuit, des chausses, une paire de bottes, et, bien sûr, un manteau semblable au sien, informe, sombre, pourvu d'un capuchon.

— Tu tiens sur tes jambes ? lui demanda-t-elle ensuite.

Arthur réalisa qu'elle le tutoyait. Personne ne se permettait ce genre de choses, sauf Merlin.

Les Héros de Rien (en cours)Where stories live. Discover now