20. Perte

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Des rues.

Des bâtiments immenses.

La pluie, partout, qui tambourine sur les chariots immobiles, sur les chariots en mouvement.

Fracas, le vent dans les branches des arbres isolés.

Pierre humide, glissante.

Prends tes repères, Arthur, tes repères.

La grisaille du sol aux cimes, où étincellent des lumières aveuglantes, du vert et du jaune, du bleu et du violet.

Tout ça ne signifie absolument rien.

Des moulins immenses plantés sur leurs colonnes de métal.

Les chariots qui filent dans des gerbes d'éclaboussures, ne s'arrêtent pour personne, puis se figent soudain, sans prévenir, imprévisibles.

Le flot des gens pressés, encore plus qu'auparavant, des ombrelles dressées au-dessus de leurs têtes. Ils s'engouffrent en flots sous la terre, ou dans des tours à la fonction inconnue.

Tout est étranger.

Ses poumons le brûlent, et son crâne, ses jambes.

Il ne sait plus s'il est passé par ici ou par là.

Est-ce que cette façade est familière ? Cette statue ?

Se souvient-il d'avoir admiré ce château ?

Pas sûr.

Pas sûr du tout.

Plus sûr de rien.

Courir.

Il se sent vivre et souffrir, ce qui n'est pas rien, quand tout est incompréhensible.

Les Héros de Rien (en cours)Where stories live. Discover now