35. Averti

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NdA : désolée, je traîne, je suis un peu empêtrée dans cette partie du récit, mais... on en sort bientôt et ça devrait repartir ! 💪

***

Arthur s'éveilla en sursaut dans les ténèbres, le coeur battant. Sur sa droite, de petits chiffres scintillaient, indiquant l'heure tardive. Trop tôt pour se mettre en mouvement et affronter l'indicible. Pourtant, quelque chose l'avait arraché aux limbes.

Autour de lui, rien. Le silence. L'obscurité. Le chuintement de sa respiration.

Enfin trois coups secs frappés à la porte, le bruit d'une poignée qui tourne, un rai de lumière. L'intuition du brave qui a perçu la menace avant qu'elle ne survienne. Il s'en félicita.

— Arthur, c'est Leo, chuchota une voix étouffée. T'es réveillé ? Je peux entrer ? Je veux juste parler.

Il se redressa vaille que vaille sur son oreiller.

— Tu me promets sur ton honneur que tu ne tenteras rien contre moi ? articula-t-il d'une voix ensommeillée.

— Quoi ? lâcha-t-elle, avant de glousser doucement.

Sans doute se remémorait-elle le sortilège avec lequel elle l'avait terrassé dans l'appartement de Nina. Arthur, lui, ne pourrait jamais oublier cette sensation d'explosion interne. Qu'il y ait survécu indemne tenait toujours du miracle.

— Oui, je promets. J'ai rien pour me défendre, d'ailleurs, si tu voulais m'étrangler.

— C'est Hector, qui a voulu étrangler Nina, pas moi, protesta le jeune roi, avant de se sentir coupable de charger ainsi son ami.

Sa fureur était compréhensible, aussi barbare ait été sa réaction.

— C'est vrai.

Leo s'éclairait à l'aide d'une petite lueur qu'elle éteignit tout en grimpant sur le lit. Arthur s'inquiéta un instant de ses intentions, mortifié par son audace. Il se pencha pour allumer la lampe de chevet, révélant la fée verte, assise en tailleur sur la couverture. Dans sa tenue de nuit aux rayures cramoisies, elle semblait n'avoir aucune notion de bienséance. Arthur se garda bien de lui en faire la remarque : peut-être était-il banal, en ces lieux, qu'une femme s'introduise de nuit dans la chambre d'un homme et s'installe sur son lit pour bavarder. Un endroit confortable comme un autre, et davantage d'intimité.

Leo passa les mains sur son visage.

— Écoute... Je sais que tu disais la vérité, tout à l'heure, quand tu parlais de protéger Nina, commença-t-elle. Et je voudrais que ce soit possible, que tu puisses vraiment veiller sur elle, mais en réalité... Tu ne pourras pas. Dès qu'elle t'aura ramené dans ta chambre, vous serez séparés. Tu ne peux pas l'accompagner dans ses déplacements, au maquillage, à l'habillage, dans les salles de pause, le restaurant, en répétition, et même en studio, elle joue le rôle de ta pire ennemie...

— Je n'ai pas l'intention de retourner me battre, signala Arthur.

— Tu dis ça, mais quel est le plan, au juste ? Tu crois qu'une fois coincé dans ta chambre, tu auras beaucoup de marge de manoeuvre ? Ils reviendront papillonner autour de toi, te raconter leurs salades, te préparer pour le prochain combat, et tu feras quoi ? Tu diras non ? Je suis fatigué, je reste au lit, aux orties la violence ? 

— Je comptais me servir de mon écuyer, Girflet. Il entre et sort sans difficultés, or c'est un gamin impressionnable.

— Tu vas prendre un otage ? s'étonna Leo.

Arthur haussa les épaules. Dit comme ça, la démarche semblait scandaleuse, indigne, même, mais le jeune roi ne le voyait pas de la sorte. Il se montrerait persuasif, simplement. Autoritaire. Il était le roi.

Les Héros de Rien (en cours)Where stories live. Discover now