25 - La venue

14 4 20
                                    

TW 13, 14.

***

Charlotte vérifie son livre de comptes pour la cinquième fois. Elle se gratte le front avec son crayon. La clochette retentit et elle n'a pas le temps de lever la tête qu'une ombre se dresse au-dessus d'elle.

La libraire ne peut pas s'empêcher de sursauter en voyant l'être qui la surplombe. Sous son chapeau, un œil en moins, la bouche déformée, une manche de pardessus retroussée marquant un bras manquant, et son seul globe oculaire fixé sur elle.

Elle n'a pas le temps de se remettre de sa surprise que la fausse cloison pète et Gabriel bondit en feulant hors de sa cachette. Ni une ni deux, il est interposé entre Charlotte et le nouveau venu. La libraire a le cœur qui s'emballe.

— C'est comme ça que tu traites les vieux amis ? énonce l'homme d'une voix sombre.

Gabriel semble alors réaliser ce qu'il vient de faire. Il est agenouillé sur le comptoir, toutes griffes dehors. En un clin d'œil, il saute par-dessus le meuble et prend Stanislas dans ses bras.

De sa seule main, l’autre vampire rend l'étreinte.

Charlotte pousse un soupir, pas tant parce qu'elle est soulagée que parce qu'elle aimerait être soulagée.

— C'est elle ? demande simplement Stanislas en la fixant de nouveau.

— N-non, répond Gabriel en repassant derrière le comptoir.

Le vieux vampire fixe son ami. Puis Charlotte. Il s'approche un peu d'elle et la regarde dans les yeux. Un peu par réflexe, la libraire se rapproche de Gabriel.

— Elle... Elle n'est pas sous ton emprise ? bredouille Stanislas en se tournant enfin vraiment vers le jeune vampire.

— Non, répète Gabriel avec une petite voix.

Stanislas se frotte l'arête du nez.

— Tu ne penses pas que cette histoire irait un peu plus vite ? s'énerve le vampire en soupirant.

— Oui... Enfin, non. C'est compliqué, tente Gabriel en attrapant la main de Charlotte par manque de ressources.

— Quoi, c'est compliqué ? grince Stanislas en secouant les mains dans tous les sens. Tu es encore tombé amoureux, crétin ?

Gabriel ne répond pas. Charlotte glousse. Stanislas la toise. Elle avale sa salive douloureusement.

— Peut-être, admet Gabriel.

— Je suis certain que le Maître sera ravi de l'apprendre, rugit Stanislas.

— Tu as bien fait de choisir Gabriel, commente Nicholas, celui-là est moche.

Stanislas sursaute. Charlotte hésite sur la bonne marche à suivre. Le gamin et le vampire se toisent.

— Mon chéri, dit très doucement la libraire. On ne dit pas aux gens qu'ils sont moches. Et j'ai choisi Gabriel parce que je l'aimais bien, pas parce que c'est un vampire.

Stanislas se décompose. Il regarde tour à tour les trois personnes présentes. Gabriel essaye de sourire pour donner le change, mais ça fait plutôt un rictus stressé. Il est dans la merde.

— Ces gens savent que tu es un vampire... ? balbutie-t-il. Mais tu es vraiment complètement demeuré, ma parole...

— Alors tu les considères peut-être comme des témoins gênants, mais je te déconseille vraiment de tuer ce gamin parce que son père est chass-

— Mais ça va pas, la tête ? s'écrie Nicholas. Vous parlez de beaucoup trop de choses publiquement ! Tout le monde au QG.

Stanislas arrête à nouveau de gesticuler pour considérer le misérable petit bonhomme qui vient de lui donner des ordres.

Battement 📚🩸Where stories live. Discover now