Chapitre 8 - Nouveau départ

194 38 83
                                    


Assise aux côtés d'Art, je rouvre doucement les yeux et fixe les vagues. L'océan me rappelle toujours mes parents. Ils me manquent dans ces moments de ma vie. Ma mère aurait voulu avoir toute une tribu, mais elle ne m'a eu que tardivement, après des années d'essais infructueux. À ma naissance, mamie m'a dit qu'elle était tellement heureuse qu'elle ne voulait plus quitter la maison, elle avait installé mon petit berceau dans sa chambre et je faisais ma sieste dans ses bras. C'était une vraie mère poule, je ne me souviens pas une seule fois où elle a élevé la voix pour me gronder. J'ai peu de souvenirs, mais tous heureux. Elle rayonnait de bonheur, toujours positive. Mon père, lui, était très amoureux de ma mère. Peut-être est-ce pour ça que j'ai tant voulu y croire avec Thomas. C'était pourtant son opposé, papa faisait tout pour nous, j'étais sa petite princesse. Chaque dimanche, nous partions pêcher en famille... jusqu'à ce jour où mamie m'a gardé parce que j'avais de la fièvre. Maman ne voulait pas me laisser, mais ma grand-mère a insisté pour qu'ils profitent d'un peu de temps à deux. Ils n'en sont jamais revenus.

Je laisse les souvenirs rejaillir et me demande s'ils me voient de là où ils sont. Ils aimaient tellement cet océan qui les a engloutis. Cet océan que j'aime autant que je le hais... c'est l'histoire de ma vie. Il est dangereux, imprévisible, indomptable, meurtrier, mais tellement beau, hypnotisant.

Artémis me sort de mes pensées :

—  Tu as l'air triste, tu veux en parler ?

J'élude sa question, je détourne la tête et cache mes mains tremblantes. Mon passé restera enfoui en moi pour toujours, je le dois à mon enfant et ressasser me mettra non seulement en danger, mais m'empêchera aussi d'avancer.

—  C'est gentil, je suis juste fatiguée et je n'aime pas trop les bateaux. Je vais essayer de me reposer un peu.

Je ferme les yeux, j'essaie d'apaiser ce tourbillon émotionnel qui m'envahit. Je n'ai pas la force d'entretenir une conversation.

Je réfléchis à mon futur, tout ce qu'il me reste à faire pour laisser le moins de chance à Thomas de me retrouver.

Le temps passe vite et finalement, je vois que l'on se rapproche de la terre ferme. C'est joli, entouré d'eau comme une barrière de plus dressée entre lui et moi. Je pose une main sur mon ventre et savoure l'instant. On arrive sur un grand port, Artémis m'explique que c'est le plus grand port de l'île, en face de la cité de Vauban. Le décor est très gai, des façades sont colorées de rose, jaune, rehaussées par des volets aux couleurs vives. C'est magnifique et je mesure la chance d'avoir une amie comme Thalia. Je suis heureuse quand on met le pied à terre, après plus d'une heure de traversée.

Artémis n'essaie pas de m'aider à descendre, je crois qu'il a compris que son contact est compliqué à gérer. Un énorme berger allemand se jette sur lui et lui lèche le visage, manquant de le renverser. Il arrive à le maîtriser avec un simple « assis ! ».

J'ai toujours adoré les animaux, je m'avance vers le chien sans penser à mal, mais Artémis m'arrête d'un signe de la main.

—  C'est Walou mon chien, mais il peut se montrer agressif quand il ne connaît pas.

Je recule d'un pas et attends. Il tient son chien par le collier et s'avance vers une femme aux cheveux courts parsemés de mèches violettes, un sourire illuminant son visage. Il lui donne une accolade chaleureuse de son bras libre et je comprends à la manière très intime dont il la regarde que c'est Julie. Elle est belle, très différente de l'image que je m'en faisais. Plutôt petite, elle a des tatouages sur les bras et un piercing à l'arcade. Elle porte une petite veste en cuir, un jean troué et des boots noires. C'est très étrange de les voir tous les deux, lui très classique avec son pull marinière et un jean foncé et elle avec ce look si rock !

Tu m'appartiens (CONCOURS FYCTIA)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant