Chapitre 27 - La dispute

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Julie entre, un sourire vissé aux lèvres, heureuse. Elle se dirige tout de suite vers Émilie. Ma fille l'adore, elle lui tend les bras et s'agite, impatiente.

— Coucou, ma jolie poupée, tu as changé ! La miniature de sa maman.

Émilie gazouille et je m'émerveille devant leur relation si mignonne. Julie vient nous voir dès qu'elle le peut et fait partie intégrante de nos vies.

— BONJOUR, Julie !

C'est Thalia qui fait mine d'être jalouse.

— Bonjour les filles !

Elle se recule et écarquille les yeux en me voyant :

— Eh bien, si je m'attendais à cette tenue ! Ça te change des joggings-baskets, tu es CANON !!! Dommage que tu sois hétéro !

Son rire si naturel est communicatif et nous entraîne dans une bonne humeur contagieuse.

— Tu me rends mon bébé que je lui dise au revoir.

Je récupère ma petite chérie et la serre fort, c'est la première fois que je la laisse et c'est un crève-cœur. Thalia tente de me la prendre gentiment des bras alors qu'elle se rend compte que je vais renoncer à sortir...

— Allez, ma belle, on lâche Emilie ! Je vais la chouchouter comme jamais. Je nous ai préparé un bon repas et après dodo ! Julie, tu l'emmènes maintenant et tu lui fais passer la meilleure soirée de sa vie.

Je lui donne ma fille à contrecœur et me laisse entraîner par une Julie euphorique.

— Allez ma belle, on va rejoindre les autres au bar et on décide où on finit la soirée !

Je suis sa cadence rapide et nous arrivons en à peine dix minutes dans un petit bar au fond d'une ruelle animée. Il fait si froid que rares sont les courageux qui fument encore dehors. La plupart des clients sont agglutinés au comptoir et sur les banquettes en cuir noir qui longent l'intérieur du bar. La chaleur fait un bien fou et je me débarrasse de mon manteau avec plaisir. La lumière est tamisée et la foule nous empêche de voir à plus d'un mètre devant nous. Je suis Julie qui se faufile comme elle peut. Ce monde m'oppresse et je me demande dans quoi je me suis embarquée. Je ne connais aucune des deux filles que l'on doit rejoindre, mais si elles sont à l'image de ma pétillante copine, ça promet ! 

Nous arrivons péniblement à la table des filles et je me fige quand j'aperçois un homme aux yeux bleus qui me fixe avec insistance. Il est là, assis nonchalamment sur la banquette. Le temps s'arrête, mon cœur fait des ratés. Quatre mois que je ne l'ai pas vu... depuis ce jour où les policiers m'ont retrouvée dans la maison de Thomas et m'ont transportée à l'hôpital. Je sais qu'il m'en a voulu d'être partie avec Thomas et qu'il m'en veut toujours. Je n'ai rien fait pour le revoir, j'avais tellement honte de ce que je lui ai fait. Nous nous sommes rencontrés au mauvais moment. 

Le voir là, en face de moi, collé à cette grande brune, il est tellement beau, tellement proche d'elle. Ses cheveux bruns ondulent sur son front et sa barbe naissante lui donne un côté si viril, si masculin. Son regard me détaille avec surprise et un brin de reproche, comme s'il ne s'attendait pas à me voir là, qu'il ne le souhaitait pas.

J'ai envie d'étriper Julie qui s'est encore moquée de moi. Est-ce que Thalia était dans le coup avec sa proposition de robe indécente ? Comment osent-elles me faire ça alors qu'il n'a même pas l'air d'être au courant de ma présence à leur petite soirée.

Art se lève et m'embrasse sur la joue, il s'attarde un peu trop et le contact de ses lèvres sur ma peau m'électrifie. Je sens son odeur boisée, les souvenirs me percutent de plein fouet. Il me manque tellement, c'est si cruel de le voir là alors que notre relation est impossible. Je tente de me composer un visage joyeux, mais je ne le dupe pas, il a toujours su lire en moi.

Tu m'appartiens (CONCOURS FYCTIA)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant