Epilogue

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Belle île, trois ans plus tard.

— Walou, au panier !

— Valou, panier ! Tousuite !

Art est hilare pendant que je fulmine, ce chien obéit à une fillette de trois ans et demi, mais pas à moi, qui le nourris et le sors tous les jours !

— Ingrat !

— Gos mot !

Elle se couche sur le panier de Walou pour lui boucher les oreilles.

Ces deux-là sont inséparables, Walou ne la quitte pas d'une semelle. Il la protège des inconnus, me prévient s'il y a le moindre danger. C'est un chien d'une loyauté sans égale. Émilie ne peut pas s'endormir sans lui.

Elle le prend pour un gros nounours et en fait ce qu'elle veut.

— Dis papa, ze veux Valou.

Inutile de préciser qu'elle mène aussi Art par le bout du nez ! Ils ont très vite tissé des liens et quand Émilie a dit ses premiers mots, elle l'a appelée papa, comme une évidence. J'ai eu peur qu'il prenne ses jambes à son cou, mais l'émotion sur son visage n'a fait que confirmer son engagement vis-à-vis d'elle. Il la considère comme sa fille et, même si elle a été reconnue par son géniteur, Art est celui qui a été là à chaque moment important de sa vie. Même dans mes rêves les plus fous, je n'imaginais pas qu'il puisse l'aimer de cette manière inconditionnelle. Peu importe l'avenir, il sera toujours là pour elle.

— Je vous vois venir tous les deux, c'est non ! Ton Walou finit toujours par sauter dans le bain et je passe des heures à éponger les dégâts. Sans compter que tu dois te laver, pas ressortir pleine de poils de chien !

Émilie se cache dans le cou d'Art et sanglote. Il me regarde comme si j'étais une mère horrible.

— Si tu dis oui, tu assumes, je descends et vous vous débrouillez tous les trois. Quand je remonterai, tout devra être propre et SEC : l'enfant, le chien et la salle de bain. Et ne traînez pas, Thalia doit venir d'une minute à l'autre.

— Peu plaît Papa chéri que z'aime à la folie !

On ne cache pas à Emilie ses origines, elle a un papa qui a mis la petite graine, parti au ciel et un papa de cœur qui sera toujours là pour elle. Je me demande si l'absence totale d'autorité d'Art ne vient pas de sa crainte de la perdre un jour, car il n'est rien pour elle aux yeux de la loi.

J'abandonne, je préfère aller préparer le dîner en attendant Thalia. Quand je suis revenue au manoir, pour quelques jours d'abord, j'ai vite repris mes vieilles habitudes. Art et Julie n'arrivaient pas à gérer les repas et je pouvais exercer ma passion. Après une semaine à vivre avec Art, je n'ai pas réussi à repartir. Tout s'est fait très vite. Il a endormi mes démons, il a atténué mes cauchemars. Mon bonheur a fait celui de ma fille qui s'est épanouie comme une fleur. Nous avons créé des structures de jeux et nous accueillons des familles qui tombent toutes sous le charme de cette petite boule d'énergie.

Julie n'a pas partagé notre bonheur longtemps. Elle a décidé de rejoindre sa petite-amie sur le continent et de monter un centre de recueil pour animaux abandonnés, sa première passion. Elle rayonne dans sa nouvelle vie et déborde d'idées pour faire perdurer son projet. Elle m'a même demandé d'inventer des gâteaux pour chien qu'elle puisse revendre aux visiteurs. D'abord dubitative, je me suis laissée entraîner par son enthousiasme et la gourmandise de mon Walou. Aujourd'hui, les recettes validées par les toutous du chenil font un carton et représentent une rentrée d'argent non négligeable pour elles.

Thalia quant à elle, a eu beaucoup de mal à accepter la séparation avec Émilie, et inversement. Elle a tenu deux mois avant de nous rejoindre, laissant sa relation avec Théo en suspend. Elle s'est installée en plein centre de Belle Ile, à dix minutes du manoir et garde Émilie et Walou tous les vendredis soir, jours de fermeture de celui-ci. Nous pouvons ainsi partager des moments à deux.

En parlant du loup, quelques coups sur la grande porte en bois résonnent et Thalia entre, tout sourire.

— Coucou, ma belle, où est ma petite princesse ?

— Elle se prépare...

Ma phrase reste en suspend quand j'entends les chaussures d'Art couiner dans l'escalier suivi de Walou qui s'ébroue, répandant des gouttes d'eau sur toute la tapisserie neuve de l'escalier. Thalia part dans un fou rire alors qu'Art hausse les épaules.

— Je vois qu'Émilie n'est pas la seule à avoir pris une douche.

Art grogne :

— Ce n'est pas drôle, elle était si impatiente de te voir que je n'ai même pas eu le temps de les sécher.

Emilie descend des bras de son père et se précipite dans ceux de mon amie :

— TATA, on y va !! ze veux manzer des popconns et regader la télé ! Valou vient !

— Allez-vous sécher d'abord, rétorqué-je, il fait un froid polaire dehors.

Une fois prêts, Thalia emmène les deux inséparables et nous nous retrouvons seuls.

— Je crois que monsieur Art devrait aller prendre un bon bain avant d'attraper froid !

— Je crois bien que madame Cassie devrait accompagner Monsieur Art pour ne pas rester seule dans cette immense demeure !

Il m'a fallu du temps, mais j'ai su apprivoiser ce manoir et ne plus avoir peur la nuit des craquements et bruits bizarres. Cela ne m'empêche pas de suivre Art.

Alors que nous nous faisons face dans un bain moussant brûlant, une coupe de champagne à la main, Art attrape une petite boite de son pantalon échoué sur le sol mouillé.

— Cassie, depuis que tu es rentrée dans ma vie, tu m'as fait vivre des montagnes russes. J'ai cru plusieurs fois te perdre, mais c'était pour mieux te retrouver. J'aime tout de toi. Ta moue boudeuse quand je te contrarie, tes fragilités, mais aussi ta détermination. J'aime tes yeux verts si expressifs et ton rire qui résonne quand tu joues avec notre fille. J'aime la place que tu m'as laissé auprès d'elle et que je chéris chaque jour un peu plus. Je sais à quel point tu tiens à ta liberté, mais je t'aime Cassie et j'aimerais que tu deviennes ma femme, officiellement ?

Il me dévoile une bague en or blanc surmontée d'une émeraude.

— Comme tes yeux.

Elle est simple, comme notre histoire, simple et tellement belle.

— Oui, bien sûr que oui, je t'aime, je t'aimerai toujours. Je ne me suis jamais sentie aussi libre qu'à tes côtés. Tu m'as rendu MA LIBERTÉ. Merci mon amour d'être toi, bienveillant, profondément honnête et un papa merveilleux. 

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Un immense merci à celles et ceux qui ont participé et qui participent encore à ce beau projet d'écriture. J'espère que vous avez passé un bon moment :)

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CONCOURS FYCTIA

Je me lance dans le prochain concours Fyctia qui commencera le 25 avril 2024. Si vous avez aimé cette histoire, n'hésitez pas à me soutenir https://www.fyctia.com/author/298616 .

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