Chapitre 53

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- And I !!!!!! Will always love you !!!!

Mes amis répétaient la seule phrase qu'ils avaient pu retenir de cette chanson, bras dessus bras dessous.

Je prends la première chose qui me passe sous le bras - en l'occurrence une boîte de mouchoir - et la lance de toutes mes forces sur le premier que je vois.

- Aouch ! Alors comme ça Roméo est frustré, se moque Alex, une main sur son abdomen où j'ai lancé la boîte.

- C'est ma faute, dis-je en ouvrant mon armoire. Je ne devais pas vous le raconter.

Les deux autres hommes rirent.

- Tu vas porter quoi ? Lance Matt.

- Oh j'en sais rien, peu importe, mentais-je.

Et bien si, c'est super important. Je dois être parfait, parfait. Mais "j'en sais rien aidez moi les gars" n'est pas une phrase qui fait partie de mon vocabulaire...

- Oh mais si ça importe, tu sors avec une fille qui est juste à tomber, affirme Kyle en s'asseyant sur mon lit. Tu peux pas débarquer en short fleuri avec les tongs qui vont avec si ?

Je souffle et ferme la porte de mon armoire.

- Si mon rendez-vous était à Hawaï ça aurait pu marcher alors tais toi, souriais-je.

- Oula, le John a le traque dis donc, se moque Alex.

- Tu compte passer la journée à rigoler ? Il n'est même pas encore 10 heure du mat et tu commence déjà à gueuler, répondis-je.

Alex répond par un rire et passe son bras autour de mon épaule.

- Écoute vieux, j'te comprend, tu stress à mort. Mais faut que tu te calme mec.

Je souffle et passe ma main dans mes cheveux.

- Vous avez rien à faire d'autre que de rester là à me regarder ? Demandais-je en croisant les bras.

- Pas vraiment, le café n'ouvre pas avant midi le samedi, répond Matt en imitant ma posture.

- Alors va aider Kyle, il galère ses temps-ci à gérer son magasin, dis-je en jettant un coup d'oeil à Kyle.

- Ok ok on part, lance Kyle en se levant. Venez les mecs.

- Merci, me moquais je en me retournant vers l'armoire.

Les deux autres se lèvent et tapotent mon épaule amicalement avant de sortir.

***

Mes vêtements étaient éparpillés un peu partout sur mon lit, et moi, j'étais adossé à mon armoire, la tête en arrière.

Je galère.

C'est ma toute première fois où j'essaye plusieurs fois sans que je ne choisisse un vêtement. Je ne suis pas du genre à passer des heures devant le miroir, ou devant une penderie, mais je sais exactement ce que je veux mettre, et d'habitude ça marche toujours.
Mais pas aujourd'hui. Plusieurs dizaines de vêtements essayés, et je suis toujours assis là comme un con, sans savoir quoi mettre.

Je me lève, pour revoir les vêtements éparpillés sur tout mon lit.
Jeans, vestes, chemises, t-shirts... des dizaines de vêtements me paraissent complètement inutils.
Je m'assois sur le lit, et remarque mon téléphone portable sur mon oreiller.

Je le déverrouille, et mes doigts glissent mécaniquement pour ouvrir la photo de l'équipe du voyage au Liban.
Je zoom une fois de plus sur la femme avec laquelle je vais passé une grande partie de ma journée.

Je souris inconsciemment en caressant le visage virtuel de cette femme du bout des doigts.

Je retourne mon regard vers mon armoire ouverte, remarquant la nouvelle veste noire que m'avait acheté Alex la dernière fois que nous sommes allés m'acheter des habits, et à côté d'elle, un t-shirt en V blanc et un jean sombre. ( voir media c'est très important ! ).

... Je sais exactement ce que je vais porter...

***

Plus tard, je me regarde dans le miroir. Ces vêtements me vont vraiment bien, et je pense qu'il ne me reste pas grand chose à faire avant que je ne sois prêt. Je passe ma main dans mes cheveux pour les réarranger, puis vide une bonne portion de parfum.

Je regarde ma montre pour voir qu'il est à peine deux heure.

Je suis con. Je suis déjà prêt deux heures avant l'heure demandée. Quel con !

Je marche dans tout les coins de la maison, sans savoir exactement quoi faire. Peut être que je marches sans m'arrêter pour espérer qu'un objet dans la maison me donne une idée de comment faire passer le temps, qui semble interminable.

Je finis par me poser face à une petite fenêtre et regarde le "paysage" autour de moi.

Une ruelle grise, des vieux immeubles à pierres rouges semblables au mien. Des vielles voitures poussiéreuses qui ont l'air d'être stationnés ici depuis des années et laissés à l'abandon.
Les passants sont la plupart du temps des adultes dans la trentaine, habillés de jeans et de t-shirts délavés, quelques-uns pressés, d'autre qui prennent leur temps.
Vu leur apparence, aucun de ces passants n'est riche, même la plupart à l'air d'être bien pauvre. Mais aucun d'eux n'a l'air triste. Peut être stressé, peut être pressé, peut être ennuyé par son environnement qui laisse à désirer... mais heureux.

Cette contemplation me rappelle que beaucoup de choses se dressent devant moi et Samar.
Je déteste son père au plus haut point, et je détiens des informations sur lui qui pourraient la détruire.

Je vis dans un appartement médiocre où le sol grince, l'eau fuit, les murs laissent passer l'air et l'eau, et les plus petits recoins regorgent de montagnes de poussières cachés derrière le sofa qui menace de s'effondrer à n'importe quel instant.
Quant à elle, elle vit dans une villa, dans une magnifique chambre, avec des majordomes qui n'attendent qu'un claquement de doigt pour réaliser le plus farfelue et égocentrique des désirs.
J'ai passé toute ma jeunesse entre 4 murs dans une chambre noire alors qu'elle a passé sa jeunesse à voyager aux quatres coins du monde et à faire la fête accompagnée de ses copines.

Je devrais sûrement lui dire que le gérant de la concurrence de leur entreprise n'est pas riche, il est encore plus bas que la classe moyenne.
Il y a beaucoup de choses que je cache d'elle, je devrais au moins lui dire ça.

...Oui je sais... j'essaye de me convaincre que lui parler de ma situation financière m'innocentera de ne pas lui avoir parlé de son père, ou de lui cacher que je suis un ex-prisonnier accusé de meurtre. Mais ce n'est sûrement pas mes affaires de lui dire que son père pratique le trafic d'organe... et puis pour la prison et bien... ce n'est pas le temps, c'est trop tôt, n'est ce pas ?

Je chasse ses idées de ma tête et retourne à ma chambre où je jettes un rapide coup d'oeil vers le miroir pour m'assurer que rien ne manque.
Le résultat me plaît toujours autant.
Qui dirais que de nouveaux vêtements pourraient changer un homme ?
Je me vois en costume tous les jours, mais maintenant c'est différent.
Peut être que c'est la raison qui m'a poussé à bien me présenter fait la différence...

Je souris en ajustant ma veste noire repliée jusqu'au coude et regarde ma montre qui affiche 3 heures et demi.

Il me faut 10 minutes pour arriver jusqu'à l'adresse donnée par Samar, mais je ne peux vraiment plus attendre, je ralentirais la route pour ne pas arriver trop en avance.

Je passe une dernière fois la main dans mes cheveux et me dit "John... tu peux le faire".

Et c'est sur ses mots que je referme ma porte d'entrée et dévale les escaliers quatre à quatre en attendant la merveilleuse fin de journée que je vais vivre dans quelques minutes.

Enfin libre ?Where stories live. Discover now