Chapitre 84

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Les étoiles dissimulées dans ses yeux refont surface à l'instant où elle entend ma décision. Ses lèvres s'entrouvrent, laissant montrer une stupeur qui ne pourrait être cachée.

- Tu... tu vas m'aider ? S'assure-t elle en fronçant légèrement les sourcils.

Ces quelques paroles me font réfléchir une autre fois à ce que je m'apprête à faire. Plonger dans un bain radioactif en espérant en sortir intact. Quelque chose de fou, de très fou. Mais cela reste infiniment mieux que regarder de pauvres innocents qui sont jetés dans ce bain chaque jour. Ma décision est prise, je ne retournerais plus en arrière.

Comme si dire ma décision à voix haute allait la valider en la marquant d'un sceau royal, je reprends un long souffle pour dire rapidement:

- Oui. Je vais tout faire pour t'aider à prouver la culpabilité de cet homme.

Ses lèvres forment un "o" au moment où elle ferme ses yeux pour expirer lentement. Elle reste quelques secondes dans cette position, la bouche entrouverte et les yeux fermés, visiblement en train de condamner les derniers soupçons et les dernière peurs, se lançant dans un chemin sans fin, guidant soit à la liberté soit à une mort certaine.

- Je pense que qui ne dit mot consent, affirmais-je en souriant. Si on voit le crime et qu'on ne dit rien, ça sera pris comme un consentement, nous ne serons donc pas meilleurs que ton père. Alors je ne pourrais pas le regarder faire du mal à des innocents sans rien faire.

Elle hoche sa tête rapidement et ravale sa salive.

- Je ne pense pas que je sentirais quoique ce soit quand mon père sera amené à la justice, me murmure-t elle. Déjà que maintenant je ne ressens plus rien de tendre envers lui...

Un sourire se forge sur mes lèvres alors que je passe mes doigts sur sa joue rosie. Le contact de sa peau douce et claire avec la mienne rugueuse et durcie crée une charge invisible, qui n'est aperçue que dans la lumière qui jaillie de nos deux regards qui se croisent.

- Si seulement c'était possible, murmurais-je à quelques centimètres d'elle. Mais ça reste ton père, et tu restes Samar. Tu ne pourras jamais voir ton modèle sous les barreaux sans que cela ne te pince le cœur.

Son regard s'éteint alors qu'elle baisse sa tête en se mordant la lèvre, pensive.

- Mais, continuais-je. Je serais là pour te rattraper, je l'ai toujours été et ce n'est pas au moment où tu as le plus besoin de toi que je vais te quitter... ça jamais.

Un petit rire étouffé se fait entendre quand elle approche ses lèvres des miennes, m'embrassant timidement. Nos lèvres se frôlent à peine, rendant ce long baiser hésitant doux et simple, mais ouvrant une grande panoplie de désirs déplacés.

Elle rouvre ses yeux à moitié, son front touchant lentement le mien.

- Je voudrais te redonner quelque chose, soufflais-je dans son oreille.

Son sourire resplendit, s'harmonisant avec son regard surpris comme deux instruments jouant la plus belle symphonie jamais écrite. Elle regarde le pendentif que je porte dans mes doigts et lâche un petit rire, un rire franc et gai, me regardant bien en face.

- Mais, je croyais l'avoir jeté, dit-elle d'une voix musicale en fixant le pendentif des yeux.

- Quand tu l'as jeté, tu avais jeté tous mes espoirs avec, avouais-je en me rasseyant près d'elle. Je ne pourrais jamais laisser notre amour couler dans les profondeurs du lac.

Elle ravale difficilement sa salive, fixant toujours le pendentif de ses yeux tristes et nostalgiques. Ses doigts s'approchent des miens et frôlent la petite lune qui avait faillie finir ensevelie sous la boue hideuse du lac, alors que sa place se trouve être près de la peau claire et parfumée de ma belle.

Enfin libre ?Where stories live. Discover now