Chapitre 83

1.9K 158 43
                                    

- Le voir chaque jour sans rien pouvoir dire est douloureux. On dirait que je suis dans une télé réalité, et que chaque faux-pas me coûtera cher, je ne peux plus vivre avec lui, confie-t-elle de sa voix fragile.

Elle est sur le point de pleurer, cela s'entend même quand elle me parle au téléphone. Sa voix aussi tremblante qu'une feuille morte volant au vent de l'automne, et son souffle qui n'est pas très discret.

C'est un des effets que je redoutais, et qui m'encourageait à continuer ce gros mensonge: Vivre avec un père "décevant" est un gros défi, et je suis un très bon connaisseur en la matière. Alors je n'imagine même pas pouvoir vivre avec mon père et travailler avec lui vingt quatre heures sur vingt quatre, sans pouvoir lui faire part de mes "sentiments" envers lui, ou sans lui lancer ne serait-ce qu'un seul regard de dégoût et de haine. Avoir tenu quatre jours sur ce rythme est quelque chose de pas facile, j'avoue qu'elle est coriace.

- Je pense aller vivre quelques jours chez Lou, histoire de décompresser, me raconte-t elle.

- J'allais te dire la même chose, si tu restes comme ça tu vas finir par avoir le morale à zéro, lui répondis-je en coinçant mon téléphone entre ma joue et mon épaule pour me préparer un café .

- Je lui ai demandé et elle m'a dit oui.

Encore une fois, la relation entre ces filles et Samar est vraiment superbe. Mais, hélas, je ne pense pas qu'elle pourrait leur dire que son père est un trafiquant d'organes et un tueur. Malgré leur effort pour essayer de garder le secret, un lapsus de la part de n'importe laquelle d'entre elles serait irréparable. Samar a donc préféré cacher toute cette histoire, à tout le monde. Personne ne sait que j'ai enfin pu récupérer ma princesse, et celle-ci à tout fait pour m'empêcher de le raconter: Allant des yeux de chiens battu jusqu'aux grandes menaces. Et bizarrement, ça ne me déplaît pas plus que ça...

- C'est dur hein ? Hasardais-je.

- Non pas tant que ça, commence-t elle d'une voix basse. Je viens de découvrir que mon modèle, mon père, vend les organes d'innocents pour se faire de l'argent, et a accusé un jeune homme innocent d'un meurtre qu'il n'a pas commis et l'a emprisonné sept ans... la routine, rit-elle nerveusement.

- C'était une question merdique désolé.

- Non, rit-elle légèrement, ça va... je devrais m'y habituer alors autant commencer maintenant.

- Je sais que c'est pas le moment mais, commençais-je. Tu me manques tu le sais ça ?

Je l'entends rire.

- Toi aussi mon cœur... je dois t'avouer que j'ai vraiment besoin de te voir.

Mes lèvres s'étirent instinctivement après avoir entendu sa demande.

- J-Je pourrais venir te voir chez toi ? Demande-t elle timidement.

Bientôt deux ans qu'on sort ensemble et elle n'est jamais venue chez moi. D'autres pourront trouver ça bizarre, mais je trouve ça logique: Nous nous croisons chaque jour à l'entreprise, nous avons un endroit magnifique où nous retrouver, et le plus important: Je ne pense pas que je sois assez bête pour inviter une jeune femme splendide et multi-milliardaire à ma petite niche misérable.

Je souris seul en pensant qu'on ressemble étonnamment à la belle et le clochard. Une femme chouchoutée et enviée par tous, et un bâtard comme moi qui finissent ensemble. Si le classique Disney comportait du trafique d'organes et un business illégal, la ressemblance aurait été flagrante.

 Si le classique Disney comportait du trafique d'organes et un business illégal, la ressemblance aurait été flagrante

К сожалению, это изображение не соответствует нашим правилам. Чтобы продолжить публикацию, пожалуйста, удалите изображение или загрузите другое.
Enfin libre ?Место, где живут истории. Откройте их для себя