Compte à rebours

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Monsieur Cicatrice se nommait Pedro et c'était un tueur sans merci. C'était un peu le bras droit de Carlos. Il était impressionnant de taille mais surtout ce qui le rendait si détestable c'était son regard noir et son cou de bœuf qui le rendait si imposant.

Ce soir-là, l'équipe de Carlos arriva vers dix heures. Je savais que Pedro me cherchait du regard.

Je le voyais dans les caméras, ses sens en alerte et il jouissait d'avance du mal qu'il allait me faire.

Pedro avait appris que j'étais responsable de cet établissement. Désormais, il semblait faire comme chez lui.

Un de ses compères appela Eddy pour lui parler.

-« Nous voulons du champagne. Nous avons un évènement à fêter. »

J'avais déjà entendu ça.

-« Où est la fille ? »

-« Elle sera là le temps venu. »

-« Le plus tôt sera le mieux, Pedro l'attend. »

En attendant, il prit dans ses bras une jeune danseuse que nous avions récemment embauchée. Elle était jeune et encore vulnérable.

Sa peur l'excitait tel un taureau à la vue du sang.

Elle partit rapidement vers les toilettes pour se réfugier mais il la suivit de près.

Il ne la lâcherait pas. S'il raisonnait comme Pedro, il la brutaliserait et même il la violerait.

Je sortis de mon bureau et me dirigea vers le lieu du drame.

Elle criait, je l'entendais à l'autre bout du couloir. J'avais omis de vous dire que j'avais pris une batte de base ball. Certes, c'est un peu cliché mais au moins c'était radical.

Quand je rentrais dans l'espace souhaité, il lui avait mis sa main sur sa bouche pour éviter les hurlements, il la collait et se frottait contre elle. Elle pleurait et son regard était affolé. Pourtant en me voyant, elle eue un peu d'espoir. Je lui fis signe de ne pas signaler ma présence.

Je m'approchais doucement et ensuite quand je me plaçais suffisamment près, je lui tapais sur l'épaule et comme il ne s'attendait pas à me voir, je lui mis un coup de batte violent.

Sa tête heurta le sol dans un bruit fracassant.

Il semblait encore assommé mais peut-être pas pour longtemps.

Je pris une grande serviette et lui attachait les mains le mieux que je le pus. Ca le retarderait un peu.

La jeune fille me remercia et partit rapidement. Je pense que je ne la reverrai pas.

J'arrangeai ma tenue et me dirigeait vers l'échafaud.

Je pris de l'assurance et une bonne dose de courage avant de foncer tête baisser vers mon tyran.

Je restais aux aguets.

Les hommes de Pedro buvaient et riaient.

Pedro, s'aperçut de la disparition un peu trop longue de son acolyte.

-« Sais –tu où se trouve Juan ? » demanda-t-il à un autre de ses hommes.

C'est là que j'intervins.

-« Moi, je sais. A mon avis, il va se réveiller avec une migraine. Peut-être même quelques points de suture. »

Au son de ma voix, il rit.

-« Enfin, te voilà ! »

-« Tu trouveras la serpillère dans les toilettes des femmes. »

Les autres hommes se levèrent pour me faire face mais Pedro les calma d'un seul geste de la main.

-« Toujours aussi insolente. »

-« Tu vois, rien ne change. »

-« Carlos t'attend. Il est temps de partir. »

-« Dis-lui que je ne peux pas. J'ai d'autres priorités. »

-« Il n'aimera pas entendre ça. Tu refuses de comprendre, qu'il ne te laissera pas partir. Si tu restes ici, il éliminera tout ce qui te retient. »

-« Je ne suis pas la jeune fille innocente de vingt- deux ans. J'ai changé. »

-« Laisse Carlos en juger. »

-« Quand pars –tu ? »

-« Maintenant. »

-« Je te rejoins, donne-moi l'adresse. »

-« Je ne suis pas stupide Emma, je ne pars pas sans toi ! »

-« Je pouvais toujours rêver. Laisse-moi prendre mes affaires»

-« Inutile, Carlos a encore tes affaires. »

-« Tu ne me laisses pas le choix, n'est- ce pas ? Je te suis. »

Je n'attendais pas pour partir. Je pris les devants et saluait Eddy qui avait regagné le bureau.

Je savais qu'il me regardait dans la caméra. Il enrageait de ne rien pouvoir faire mais il m'avait donné sa parole pour ne pas intervenir.

La voiture était devant la discothèque. Je voulus ouvrir la porte mais le chauffeur me devança et me salua.

Je rentrais dans la Mercedes grand luxe et Pedro prit place près de moi. Les autres prirent le 4x4.

Le trajet se fit dans le silence.

La voiture s'arrêta devant un grand palace.

Décidément, peu de chose avait changé. Il était tellement prévisible.

Je descendis de la voiture avant cette fois-ci, que le chauffeur ne puisse ouvrir la porte.

Je me dirigeais vers la réception et demandais la chambre de Mr Carlos Lopez.

Pedro me prit par le bras et me dirigea de force vers l'ascenseur.

-« Tu es toujours aussi stupide. »

-« T'embêter reste pour moi un plaisir. »

-« Sale garce. »

-« Oui, je sais. »

Et c'est ainsi qu'apparut la suite au dernier étage du palace.

La porte était encore fermée mais après que les gardes du corps virent Pedro arriver, ils le saluèrent et le laissèrent entrer seul d'abord.

Quelle incorrection de fermer la porte à une femme.

Si cela ne tenait qu'à moi, je ne serai pas ici.

J'ignorais comment Carlos était devenu après ces années. Mais je savais que l'argent et le pouvoir comptait plus que tout pour lui.

Il attirait beaucoup les femmes car il avait un charisme fou .De plus, il avait la beauté d'un latin lover, donc les belles paroles et les promesses sans lendemain, c'était sa spécialité.

Ça me rappelait une chanson de Dalida d'ailleurs « Paroles, les paroles...encore des mots, toujours des mots.... », je me demandais si cette chanson n'avait pas écrite pour lui.

Aujourd'hui, il devait avoir une trentaine d'année et je sais que le physique compte énormément pour lui .C'est pour cette raison qu'il ne pouvait pas rester fidèle à une seule femme.

D'ailleurs, notre histoire avait commencé comme dans un conte de fée mais c'était terminé comme un cauchemar.

La porte s'ouvrit enfin et Pedro se décala pour me laisser entrer dans la pièce.

La première vision que j'eus, c'était cet intérieur chic et très raffiné. Près de la cheminée se tenait un homme que je reconnaitrais parmi tous, Carlos. Il se leva et tourna la tête vers moi.

A son regard, je vis que j'étais dans de sale drap. Je m'étais enfuie la dernière fois et je voyais qu'il ne m'avait pas pardonné.


Opération spécialeWhere stories live. Discover now