Opération spéciale

Tout fini toujours par se savoir

Lorsque je découvrais son appartement, il mélangeait avec brio le style moderne et épuré.

-« Cela fait une éternité que je n'avais pas dormi ici. »

-« Je vais rester ici longtemps ? »

-« Oui certainement .Je voudrais peut-être faire aussi quelques travaux dans la villa. »

Il me fit visiter chaque pièce de la maison et demanda à une femme de ranger mes valises.

Quelque chose ne tournait pas rond mais je n'avais pas encore mis le doigt dessus.

Dès lundi matin, je retournais au bureau et rencontrais Juan et Rafael.

Rafael vint m'embrasser sur la joue et chuchota

-« Pas de surveillance rapprochée aujourd'hui ? »

-« Non. J'ai une accalmie. »

Juan vint me féliciter ensuite pour mon travail. Il faut dire que je m'ennuyais de plus en plus et que le travail était mon seul échappatoire pour ne pas penser à ma situation.

Juan repartit dans son bureau mais Rafael voulait apparemment me parler.

-« Suis-moi s'il te plait dans mon bureau. »

Apparemment, il ne voulait pas que les autres entendent notre discussion.

Lorsque la porte se referma, Rafael vint se poster devant moi

Il posa ses mains sur mes épaules.

-« Je ne pouvais pas trop parler devant mon père. Mais je voulais te dire que je suis désolé. »

Je ne comprenais plus rien

-« Désolé de quoi ? »

-« Tu n'es au courant de rien »

-« C'est quoi ces secrets ? »

-« Eh bien, je ne sais pas trop comment te l'annoncer mais tu as le droit de savoir. »

Comme si ma vie n'était pas suffisamment difficile en ce moment ?

Je posais mes mains sur mes hanches attendant qu'il crache le morceau.

-« Carlos va se fiancer. »

Alors là le choc !

-« Avec qui ? »

-« Je ne devrais pas te le dire mais tu es aussi mon amie. »

-« Rafael ! »

-« Nina. «

-« C'est qui ? »

C'est tout ce qui avait surgi dans mon esprit à cet instant-là.

-« Elle est une fille riche. Son père a de nombreuses sociétés. »

Et alors tout s'éclairci

-« Je crois l'avoir vu. Un monsieur imposant qui doit s'associer à Carlos. »

-« Tout à fait. Il a une fille unique et tout le monde parle déjà du mariage. »

Mon cœur se brisa en mille morceaux.

Tout devenait clair dès à présent.

Carlos m'éloignait de la maison car sa future belle-famille allait rencontrer ses parents et la conversation avec Pedro signifiait simplement de faire attention à moi, le temps que cette Nina vienne à la maison et qu'elle ne me croise pas.

Tout était donc bien planifié. Carlos allait se marier et moi, je serai la maîtresse attendant dans un coin que ce dernier vienne me voir. Carlos me mentait depuis des jours. Il avait organisé ses fiançailles sans m'en avertir et se servirait de moi comme un objet dont il disposerait à sa guise.

A cet instant, je le détestais de tout mon cœur. Dès le départ, je n'étais qu'un pion sur son échiquier.

Le piège se refermait de plus en plus sur moi.

Je ne pouvais rien faire, ni partir, ni fuir. Je ne pouvais que lui obéir.

Cependant, une idée germa dans mon esprit.

-« Rafael, quand auront lieu les fiançailles ? »

-« Dans une semaine. »

-« Parfait. Je crois que j'ai une petite idée. »

-« Ne fais pas de connerie Emma. »

-« Je ne peux pas faire grand-chose mais je peux quand même me venger avec mes armes. »

-« Tu peux expliquer ? »

-« Crois-moi, moins tu en seras, mieux ce sera ! »

-« Je n'aime pas trop ça. »

-« Ne t'inquiète pas. Je ne dirai rien à personne. Il faudra que tu gardes le silence. »

-« Promis. »

-« Encore une question ? »

-« Oui je t'écoute. »

-« Elsa, le savait n'est-ce pas ? »

-« Nina est une connaissance d'Elsa. Elles ont fréquenté le collège ensemble. Actuellement elle est chez nous. »

-« Merci pour ta franchise. »

Je sortais du bureau bien décidée à ne pas me laisser faire.

C'était peut-être une réaction impulsive mais au moins cela m'éviterait de m'effondrer face à cette nouvelle.

Je sortis un papier dans mon sac que j'avais gardé et le composais.

Mon interlocuteur décrocha

-« Allo ? »

Je m'éclaircis la voix et sourit.

-« C'est Emma, j'ai besoin d'un cavalier? »

La voix chaleureuse confirma ce que je pensais. A moi de jouer maintenant !