(Gratuit le 3 Janvier) APTITUDE : Le Chaos Et La Couronne.

CHAPITRE 7 : Le Journal.

— J'avoue que cela s'est déroulé mieux que ce que je pensais, même si je ne m'attendais pas à ce que Diana s'en prenne à Devonne aussi explicitement, avouai-je en suivant Kian à la sortie du jardin.

— Cette altercation m'a aussi surpris, avoua le Prince en pressant le pas. Diana a toujours été une... suiveuse. Se contentant de tourner son regard du côté duquel le vent souffle le mieux. Mais je dois avouer que quelque chose cloche chez Devonne depuis une semaine ou deux, c'est comme si elle cachait quelque chose, et je suppose que ses amies le sentent aussi. À la différence que là où Avril se comporte toujours comme une amie loyale envers ma sœur, Diana profite de ses moindres faiblesses. J'ai toujours pensé que cela devait être dû aux nombreux complexes dont elle souffre, qui la poussent à chercher des défauts chez la princesse, son modèle absolu. Un peu comme si elle cherchait à se rassurer en prouvant que même les personnes considérées meilleures qu'elle peuvent avoir des failles.

Étonnée, je lui lançai un regard appuyé.

— J'aurais pourtant juré que Diana était tout l'opposé, le genre qui préfère uniquement jouer les larbins, tout en étant résignée face à ses propres insécurités, commentai-je. Les apparences doivent être bien trompeuses...

Kian lâcha un petit rire avant de répliquer :

— Non, Kylie, les apparences sont conformes à la réalité si tu es une fine observatrice.

— En réalité, Diana a mentionné une certaine Olivia, c'est d'ailleurs de là qu'a commencé la dispute, dis-je prudemment en croisant les doigts pour qu'il ne se braque pas.

Kian se tut quelques secondes. Assez longtemps pour que je m'inquiète d'avoir dit une bêtise. Je sentis mes joues chauffer. Pourtant, il finit par répondre, le regard sombre :

— Disons simplement qu'aux yeux de la Cour, Olivia incarne une sorte d'idéal.

— Mais pas aux tiens ? m'étonnai-je en me souvenant des paroles de Devonne.

— Mes pairs et moi n'avons pas le même concept de la perfection, railla le jeune homme. En fait, les ancêtres d'Olivia Némirovsky étaient les fondateurs de la Fédération Libre. Son nom de famille aurait pourtant dû te mettre la puce à l'oreille.
Sa famille s'est installée ici il y a près d'un siècle. Mais revenons à nos moutons, mon père pense que voir une reine d'origine russe sur le Trône apaiserait les tensions entre les deux nations, et mettrait fin à la guerre. C'est ce que tout le monde croit...

— Quelle horreur ! m'exclamai-je. On veut la voir monter sur le trône à des fins purement politiques.

L'héritier du Trône acquiesça, avant d'afficher un sourire cynique, et de me lancer un regard hésitant, comme s'il souhaitait ajouter quelque chose.

— Je ne devrais peut-être pas te dire ça, lâcha-t-il finalement. Mais j'ai surpris une étrange conversation entre le Capitaine Allen et le roi il y a quelque temps. Le genre capable de remettre en question des années de certitudes. Et je ne sais pas quoi en penser à vrai dire...

J'écarquillai les yeux, prête à entendre la suite. Mais à ma grande frustration, Kian s'interrompit brusquement, avant de secouer la tête et de se raviser :

— Laisse tomber, ce n'est sûrement rien. Je dois simplement me faire des idées.

J'aurais peut-être dû insister, sauf que le prince changea de sujet, sans me laisser le temps de réagir.

— Pour en revenir à ce que je t'ai dit hier, déclara-t-il d'un ton incertain. Je n'ai pas été honnête sur toute la ligne, et je m'en excuse, Kylie. Comme je te l'ai dit, nous faisons tous des sacrifices. Mais je ne vais pas te cacher qu'il y a des moments où je n'approuve pas forcément la façon qu'a mon père de gouverner. Le problème est que tout ce que je suis censé faire, c'est courber l'échine et de toujours lui obéir. Baisse la tête, ferme les yeux, et laisse-toi guider, c'est ce qu'on me répète depuis que j'ai l'âge de marcher. Et tu ne peux t'imaginer à quel point c'est épuisant !